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« So what ?! »

Strasbourg
Palais de la Musique
11/16/2017 -  et 17 novembre 2017
Ludwig van Beethoven : Marche militaire n° 1 en fa majeur « York’scher Marsch », WoO 18 – Symphonie n° 6 en fa majeur « Pastorale », opus 68
Friedrich Gulda : Concerto pour violoncelle et vents

Giovanni Sollima (violoncelle)
Orchestre philharmonique de Strasbourg, Marko Letonja


G. Sollima (© Roberto Aymerich)


On a un peu de mal à imaginer le très brahmsien d’allure Heinrich Schiff, silhouette massive et sérieux inébranlable, créer le Concerto pour violoncelle de Friedrich Gulda... Le regretté violoncelliste allemand devait bien dissimuler un potentiel d’humour insoupçonné derrière sa barbe pour assumer une pareille pochade. Aujourd’hui c’est l’Italien Giovanni Sollima qui prend le relais, et tant la dégaine en scène voire la sonorité de ce soliste très atypique sont bien différents. Beaucoup d’électricité (au sens figuré mais au sens propre aussi, puisque le violoncelle est discrètement amplifié, un micro sur l’instrument et deux petites enceintes de part et d’autre de l’instrument), un dynamisme étourdissant voire une tendance assumée à transformer ce concerto en un moment de Tanztheater joyeusement délirant.


Facéties clownesques, soubresauts du corps qui semblent suspendus aux zébrures rythmiques, archet tenu dans tous les sens possibles... On s’amuse beaucoup, au point peut-être de relativiser l’importance de ce concerto, qui certes juxtapose tous les styles, du jazz-rock aux clichés de l’écriture romantique allemande en passant par la kermesse autrichienne, mais n’en reste pas moins écrit avec une diabolique intelligence. Friedrich Gulda savait rester fin musicien, même dans ses provocations dignes parfois d’un spectacle des Branquignols. Le dispositif, numériquement réduit, est assez particulier (un alignement de vents derrière le soliste, et une section rythmique à sa gauche) et on peut se demander si l’amplification (qui entoure la sonorité du violoncelle d’un halo peu agréable) était vraiment utile. Vraisemblablement oui, ne serait-ce que pour que tout le monde dans la salle puisse bénéficier des moindres détails d’un jeu soliste particulièrement mouvementé. Mais dans l’absolu c’est quand même dommage.


Mobiliser les seuls vents de l’orchestre pour cette première partie a donné l’idée de commencer la soirée avec une Marche militaire de Beethoven. On connaît très peu, ou du moins plus très bien, ces aspects belliqueux du compositeur de Fidelio, reflets aussi d’une époque passablement troublée. L’ambiance est typée, anticipant de façon caractéristique d’autres marches viennoises, dont les plus célèbres écrites par les membres de la famille Strauss. Une façon particulière d’ouvrir un concert, musicalement entraînante mais aussi historiquement édifiante.


Seconde partie plus conventionnelle avec la Sixième Symphonie dite « Pastorale », suite de l’intégrale Beethoven programmée par Marko Letonja cette saison à Strasbourg. Comme pour la Cinquième Symphonie donnée un mois auparavant, l’effectif est sinon pléthorique du moins conforme à une tradition séculaire encore respectée aujourd’hui par les grandes phalanges symphoniques en tournée. Pour cette symphonie-là on peut cependant préférer aujourd’hui un certain allégement, qui passait pour très novateur quand par exemple un Michael Tilson Thomas s’y essayait il y a presque 40 ans déjà, et qui s’est ensuite progressivement imposé comme une alternative des plus agréables. En effet, pour des randonnées dans la campagne et des pauses agrestes au bord du ruisseau, il n’est peut-être pas nécessaire de déplacer des camions entiers. L’Orchestre philharmonique de Strasbourg se trouve indéniablement sécurisé par cette représentation en force, mais la transparence générale n’est pas toujours optimale et on apprécierait parfois que les élans soient moins lourds. Une belle et très professionnelle lecture, cela dit, qui fait totalement oublier le souvenir catastrophique laissé par Carlo Rizzi ici-même en 2015, mais aujourd’hui nos oreilles sont peut-être devenues plus affûtées, ou du moins en quête d’autre chose.



Laurent Barthel

 

 

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