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Brecht et Weill font rire Zurich

Zurich
Opernhaus
11/05/2017 -  et 9, 12*, 14, 17, 19, 22, 24 novembre 2017
Kurt Weill : Aufstieg und Fall der Stadt Mahagonny
Karita Mattila (Leokadja Begbick), Michael Laurenz (Willy), Christopher Purves (Dreieinigkeitsmoses), Annette Dasch (Jenny Hill), Christopher Ventris (Paul Ackermann), Iain Milne (Jakob Schmidt), Cheyne Davidson (Heinrich), Ruben Drole (Josef), Jonathan Abernethy (Tobby Higgins)
Chor der Oper Zürich, Janko Kastelic (préparation), Philharmonia Zürich, Fabio Luisi (direction musicale)
Sebastian Baumgarten (mise en scène), Barbara Ehnes (décors), Joki Tewes, Jana Findeklee (costumes), Elfried Roller (lumières), Chris Kondek (vidéos), Kinsun Chan (chorégraphie), Claus Spahn (dramaturgie)


(© T + T Fotografie - Tanja Dorendorf)


Dans la ville paradisiaque de Mahagonny, imaginée par Kurt Weill et Bertolt Brecht à la fin des années 1920, tout, absolument tout est permis, tous les excès sont tolérés, la quête du plaisir n’ayant apparemment aucune limite. A une seule condition : pouvoir payer. Le manque d’argent est ici le crime majeur. C’est ce qu’apprend à ses dépens le héros, condamné à mort pour n’avoir pas été en mesure de régler ses bouteilles de whisky. Et la ville de Mahagonny, construite en un tournemain en plein milieu du désert par trois pieds nickelés, sombre tout aussi rapidement dans le chaos et sera détruite par un gigantesque incendie. Critique sociale particulièrement caustique, qui n’a rien perdu de son actualité 80 ans plus tard, en ce début de XXIe siècle marqué par les crises financières et où l’argent est roi, Grandeur et décadence de la ville de Mahagonny a causé l’un des scandales les plus retentissants de l’histoire de l’opéra, à sa création en 1930, un an après le krach de Wall Street.


C’est le directeur musical de l’Opernhaus de Zurich, Fabio Luisi, qui a expressément tenu à mettre l’ouvrage à l’affiche, dans une distribution composée de chanteurs lyriques. Son attirance pour la musique de Weill est manifeste, avec une direction nerveuse et coupante, énergique et dynamique, ne ménageant aucun temps mort et exaltant la tension dramatique. La partie scénique du spectacle a été confiée à Sebastian Baumgarten, considéré comme un spécialiste de Brecht, avec déjà à son actif plus d’une dizaine de ses titres. Dans Mahagonny, l’homme de théâtre allemand met clairement l’accent sur la recherche anarchique du plaisir, qu’il s’agisse de nourriture, de sexe, de boisson ou encore de jeu, sans toutefois jamais donner l’impression de vouloir faire la leçon. Le spectacle est parfaitement réglé, les différentes scènes s’enchaînent avec une précision époustouflante, à l’image des nombreuses vidéos qui ponctuent la soirée, calquées à la seconde près sur la musique. La production se veut divertissante sans être moralisatrice, et effectivement on rit énormément dans la salle.


Pour ses débuts scéniques à Zurich, Karita Mattila fait sensation à son entrée en scène dans un costume rose, avec un grand chapeau de cowboy, femme décidée et autoritaire, faisant partie du trio ayant fondé Mahagonny. Vocalement cependant, son incarnation manque d’éclat et sa voix est souvent couverte par celle de ses collègues dans les ensembles. Chantant, elle aussi, pour la première fois à Zurich, Annette Dasch est beaucoup plus convaincante, d’abord en Cubaine caricaturale puis en Jenny Hill de l’Oklahoma, jeune fille naïve, touchante et déjantée à la fois, qui se fend du célèbre « Alabama Song », l’air le plus connu de l’opéra. Christopher Ventris met son ténor wagnérien bien projeté et aux aigus percutants au service de Paul Ackermann, dont la destinée est parallèle à celle de la ville de Mahagonny. Tous les personnages secondaires sont excellents. On n’oubliera pas non plus la prestation du chœur, confondant de précision et de cohésion. Une soirée à marquer d’une pierre blanche.



Claudio Poloni

 

 

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