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L’automne du patriarche

Paris
Philharmonie
10/09/2017 -  
Robert Schumann : Arabesque, opus 18 – Kreisleriana, opus 16
Frédéric Chopin : Nocturnes, opus 55 – Sonate pour piano n° 3, opus 58

Maurizio Pollini (piano)


M. Pollini (© Steven S. Sherman)


Quand parut la Première Sonate, dans les années 1970, ce fut un peu une révolution: Schumann pouvait donc être lumineux, forme pure, tissu de voix, lui qu’on ne voyait souvent qu’à travers la cyclothymie des états d’âme, l’écartèlement névrotique entre Eusebius et Florestan. Toute une tradition d’interprétation se trouvait questionnée. Ceux qui ne juraient que par Nat ou Cortot ne s’en remettaient pas.


Quatre décennies après, Maurizio Pollini a-t-il changé? Pas vraiment: la folie, le fantastique n’habitent toujours pas son Schumann. L’Arabesque a même quelque chose de contraint, comme si elle peinait à respirer. La lumière s’est tamisée, avec de superbes teintes automnales, parfois crépusculaires. Les Kreisleriana se refusent au délire, d’abord construits et pensés, qui s’enchaînent naturellement, sans rien de démonstratif dans cette vision assez intériorisée. Mais les lignes peuvent se brouiller, la main gauche, surtout, accuse quelques faiblesses, comme si le pianiste n’avait plus tout à fait les moyens de ses ambitions: il faut, pour légitimer une telle conception, une perfection polyphonique qui a un peu disparu. Heureusement, des moments de grâce nous sont encore réservés, par la beauté du jeu et du toucher, les trois derniers volets, où resurgit vraiment Pollini, avec un Sehr langsam superbement suspendu, un Sehr rasch emporté et un Schnell und spielend sur les pointes.


Les deux Nocturnes de Chopin, en revanche, sont pure merveille, par la pureté belcantiste du chant – l’Italien les fait sonner comme du Bellini, surtout dans le second, où main droite et main gauche semblent interpréter un duo d’amour d’opéra imaginaire. C’est ce qui fait aussi le prix du Largo de la Troisième Sonate, dont le finale, plus qu’un Allegro maestoso initial à la fois souple et charpenté, trahit les mêmes défauts que Schumann, alors que le Scherzo a des légèretés d’elfe. Les bis sont généreux: Troisième Scherzo et Première Ballade. Mais les doigts fatiguent. C’est l’automne du patriarche. Triomphe et standing ovation en tout cas. Pour quel Pollini?



Didier van Moere

 

 

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