About us / Contact

The Classical Music Network

Paris

Europe : Paris, Londn, Zurich, Geneva, Strasbourg, Bruxelles, Gent
America : New York, San Francisco, Montreal                       WORLD


Newsletter
Your email :

 

Back

Sans conviction

Paris
Théâtre des Champs-Elysées
10/09/2017 -  et 5 (Poitiers), 6 (Niort) octobre 2017
Hugo Wolf : Mörike-Lieder (extraits): «Er ist’s», «Neue Liebe», «Schlafendes Jesuskind», «Denk’es, o Seele!», «Wo find’ ich Trost?» et «An den Schlaf»
Gustav Mahler : Lieder eines fahrenden Gesellen
Johannes Brahms : Symphonie n° 1 en ut mineur, opus 68

Dietrich Henschel (baryton)
Orchestre des Champs-Elysées, Philippe Herreweghe (direction)


P. Herreweghe (© Michiel Hendryckx)


Voilà presqu’un an, jour pour jour, Philippe Herreweghe nous donnait en ce même Théâtre des Champs-Elysées une fort belle version du Requiem allemand de Brahms; ce soir, place à la Première Symphonie, monument de la symphonie postromantique. Mais, alors que le chef flamand avait jusqu’ici été plutôt convaincant chez ce compositeur, on ressort de cette interprétation avec plus de frustration que de contentement. Dans les détails, on aura tout de même remarqué un beau pupitre de cors et souvent de séduisantes couleurs chez les bois (notamment dans les premier et troisième mouvements, même si la clarinette de Nicola Boud nous aura paru moins avenante que bien souvent), mais c’est surtout la conception d’ensemble qui fut décevante. Herreweghe aborde cette symphonie avec beaucoup de muscle mais finalement peu de chair: l’œuvre manque de plénitude sonore et s’avère trop rapide. Si le Poco sostenuto. Allegro inaugural se caractérise par un certain manque de relief et une rapidité excessive, le deuxième mouvement s’avère au contraire plein de lyrisme (excellent Alessandro Moccia au violon solo) et nous réconforte pour la suite. Et, effectivement, le troisième mouvement baigne dans un beau foisonnement orchestral avant que, malheureusement, le dernier mouvement ne retombe dans une sécheresse précipitée, souffrant au surplus d’une articulation peu claire et de quelques imperfections chez les cuivres.


Même si l’on ressort de cette symphonie avec une indéniable déception, force est de constater que c’est surtout la première partie, consacrée à des lieder avec orchestre, qui nous aura frustré. Les Mörike-Lieder de Wolf sont rarement donnés en concert, surtout avec orchestre puisque, lorsqu’ils sont programmés, on les entend plutôt accompagnés d’un piano (comme avec Anne Schwanewilms ou Christine Schäfer). Parmi les cinquante-trois lieder de ce cycle, Philippe Herreweghe et le baryton Dietrich Henschel en donnèrent six avec une réelle délicatesse. Les couleurs font fréquemment penser aux Quatre derniers lieder de Richard Strauss, certains passages renvoyant même à Wagner comme le choral de cuivres concluant «Neue Liebe», parfaitement introduit par une clarinette des plus suaves. Malheureusement, Henschel fut fréquemment couvert par l’orchestre et, en dépit d’une prononciation idéale et d’une intention sans faille, le mariage entre l’orchestre et la voix ne fut pas des plus heureux. Il en alla de même dans les fameux Chants d’un compagnon errant de Mahler, où Henschel trahissait une vraie fragilité vocale, surtout perceptible dans les attaques et le registre aigu, la voix s’avérant plutôt blanche dans le medium... Alors, finalement, le plus beau, ne fut-il pas ce bis, le célèbre lied «Ich bin der Welt abhanden gekommen», tiré des Rückert-Lieder du même Mahler où, épaulé par l’excellent Gildas Prado au cor anglais, Dietrich Henschel fit enfin montre de ses talents? Peut-être mais, en fin de compte, cela ne suffisait pas à rattraper la tonalité générale d’un concert inhabituellement décevant, joué qui plus est dans un théâtre étonnamment peu rempli.

Le site de Dietrich Henschel
Le site de l’Orchestre des Champs-Elysées



Sébastien Gauthier

 

 

Copyright ©ConcertoNet.com