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Fresque roborative

Paris
Théâtre des Champs-Elysées
10/03/2017 -  et 4, 6, 7*, 8 octobre 2017
Nijinsky
John Neumeier (chorégraphie, décors, costumes), Frédéric Chopin, Robert Schumann, Nikolaï Rimski-Korsakov, Dimitri Chostakovitch (musique)
Laurent Verney (alto), Andrei Streliaev (piano), Orchestre Prométhée, David Briskin (direction musicale)
Guillaume Côté*/Skylar Campbell/Francesco Gabriele Frola (Vaslav Nijinsky), Heather Ogden*/Sonia Rodriguez/Svetlana Lunkina (Romola Nijinsky), Evan McKie*/Piotr Stanczyk (Diaghilev), Naoya Ebe (Nijinsky danseur), Ballet national du Canada


G. Côté (© Aleksandar Antonijevic)


Nijinsky de John Neumeier, plutôt fresque chorégraphique que ballet, vient de revenir à Paris après quatorze ans d’absence, magistralement interprétée par le Ballet national du Canada, que l’on n’avait pas vu dans la capitale depuis quarante-cinq ans.


Créé en 1999 pour sa compagnie le Ballet de Hambourg, Nijinsky est l’œuvre d’un spécialiste du danseur des Ballets russes: il est le plus riche collectionneur au monde d’archives sur cette personnalité unique, une partie de la collection ayant été présentée au musée d’Orsay. Avec Vaslav (1979) et Le Pavillon d’Armide (2009), c’est tout un pan de l’œuvre de cet immense chorégraphe qui lui est consacré. Nijinsky, en deux parties de plus d’une heure chacune, constitue une soirée roborative qui pourrait faire la matière de deux, mais qui se plaindrait d’assister à un tel déferlement d’idées chorégraphiques et devant une telle richesse de références à ce danseur unique?


La première partie est sous forme d’un flash-back de toute la carrière du danseur, qui commence en 1919 au fiasco de sa dernière représentation publique en Suisse alors qu’il était déjà atteint de schizophrénie. Il faut une sérieuse culture de la danse du début du XXe siècle pour suivre toutes les pistes proposées par Neumeier mais l’ensemble est fascinant même s’il n’est pas exempt de longueurs. La seconde partie nous mène pendant la Grande Guerre aux portes de la folie qui allait l’emporter. Les personnages de la vie de Nijinsky sont présents dans cet enchevêtrement magistralement tricoté. Il se déroule sur la Onzième Symphonie «L’Année 1905» de Chostakovitch, dont l’Allegro qui évoque le Dimanche rouge est la partie la plus virtuose de cette chorégraphie, avec une tension jamais relâchée et un véritable tour de force pour le corps de ballet. La fin évoque les pires moments de folie du danseur et sa mort dans un accès de démence avec quelques trouvailles théâtrales spectaculaires.


Le Ballet national du Canada de Toronto – à ne pas confondre avec les Grands Ballets canadiens, basés à Montréal – est une magnifique compagnie que l’on rêve de revoir bientôt dans un autre répertoire. Ayant vu Nijinsky par le Ballet de Hambourg lors de sa venue au Palais Garnier en 2003, on peut penser que les rôles de solistes étaient mieux interprétés par ceux pour qui ils avaient été créés (les jumeaux Bubenicek, Ivan Urban, Anna Polikarpova) et surtout desquels ils avaient une véritable expérience mais Guillaume Côté (Vaslav Nijinsky), Heather Ogden (Nijinska), Evan McKie (Diaghilev) et Naoya Ebe (Nijinsky danseur dans différents rôles) sont de magnifiques danseurs qui ont porté à un niveau exceptionnel les intentions du chorégraphe.


Luxe absolu, et c’est une exigence intransigeante de Neumeier, la musique était jouée dans la fosse par l’Orchestre Prométhée dirigé par David Briskin, meilleur dans Chostakovitch que dans Shéhérazade de Rimski-Korsakov, et Laurent Verney et Andrei Streliaev interprétaient la Sonate pour piano et alto de Chostakovitch.



Olivier Brunel

 

 

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