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Gala d’ouverture

Strasbourg
Palais de la Musique
09/27/2017 -  et 28 septembre* (Strasbourg), 7 octobre (Mulhouse) 201
Airs, ouvertures et pièces diverses de Mozart, Offenbach, Tchaïkovski, Verdi, Massenet, Puccini, Barber et Kurt Weill
Vannina Santoni (soprano), Karah Son (soprano), Marie-Ange Todorovitch (mezzo-soprano), Abdellah Lasri (ténor), Scott Hendricks (baryton), Sébastien Dutrieux (comédien), Artistes de l’Opéra Studio de l’Opéra national du Rhin, Ballet de l’Opéra national du Rhin
Chœurs de l’Opéra national du Rhin, Orchestre philharmonique de Strasbourg, Jérémie Rhorer (direction)




La soirée s’intitule «Prélude», comme un avant-goût de la saison lyrique strasbourgeoise à venir. C’est aussi l’occasion de rencontrer la nouvelle directrice de l’Opéra national du Rhin (OnR), Eva Kleinitz, tête pensante à nouveau non-française, selon une tradition européenne désormais bien ancrée à Strasbourg, après Nicholas Snowman et Marc Clémeur. L’ambiance se veut conviviale, encore qu’on aurait aussi pu l’espérer plus délibérément centrée sur la mise en valeur de la programmation 2017-2018. Curieusement, aucune trace par exemple de Francesca da Rimini de Zandonai annoncée pour décembre, pourtant l’un des titres les plus passionnants à venir, et aussi l’un de ceux qu’il faudrait essayer le plus activement de vendre, sous peine qu’il passe inaperçu. Et pourquoi ici Madame Butterfly ? Sans doute à cause du Pavillon d’or de Toshiro Mayuzumi, qui sera représenté en mars 2018 dans le cadre du Festival ARSMONDO Japon, mais le rapport paraît ténu...


A défaut d’une soirée de présentation fonctionnelle, au moins un consistant gala lyrique, avec son défilé de chanteurs successifs devant l’orchestre. Signe particulier : la présence du comédien Sébastien Dutrieux, qui vient réciter à certains endroits stratégiques quelques textes bien choisis : Beaumarchais, Pouchkine, Mishima... Une mise en perspective qui fonctionne bien.


Que retient-on de ces copieux va-et-vient de voix diverses, certaines jeunes et en devenir (l’Opéra Studio de l’OnR est largement mis à contribution), d’autres déjà chevronnées ? Malheureusement une certaine impression d’impréparation globale, que l’on peut aussi imputer à l’accompagnement hasardeux de Jérémie Rhorer. L’Orchestre philharmonique de Strasbourg ne paraît guère motivé par cette direction brouillonne, voire donne l’impression d’être resté psychologiquement en vacances. Les pièces orchestrales défilent sans accrochage mais ne passionnent jamais : Ouverture bruyante des Fées du Rhin d’Offenbach, Alborada del gracioso de Ravel terriblement raide, Valse d’Eugène Onéguine pataude... Seul l’Adagio de Barber paraît fugitivement plus habité (avec l’appui décisif de trois danseurs du Ballet du Rhin, pour un court et poétique extrait de Chaplin, pièce pour 32 danseurs de Mario Schröder, au programme en janvier 2018). Et quand il s’agit d’accompagner les voix, parfois couvertes, rarement aidées, et encore moins musicalement stimulées, le chef consterne encore davantage.


Quelques points forts ? Certainement le Werther du ténor marocain Abdellah Lasri : jolie voix, français clair, bel investissement dans un personnage vibrant et bien chantant. Le Chérubin de Fanny Lustaud, sympathique composition de jeune chien fou, malheureusement en douloureux divorce avec un orchestre qui galope laborieusement derrière. La soprano coréenne Karah Son aussi, qui vous assène dans Butterfly un volume et un aplomb qui seraient peut-être davantage à leur place dans Turandot. En Comtesse des Noces de Figaro, Vannina Santoni manque un peu de lumière et de sensibilité, bien mal soutenue, il est vrai, par un accompagnement inerte. Et le baryton Scott Hendricks, catastrophique cet été dans le rôle d’Escamillo à Bregenz, se ressaisit pour un Eugène Onéguine sans reproche (mais qui n’a évidemment plus l’âge du rôle), et un bel air de Rigoletto, aussi émouvant que ce contexte de version de concert puisse le permettre.


Où est passée Marie-Ange Todorovitch, citée sur le programme mais visible nulle part ? Elle n’apparaît qu’au moment du bis, pour renforcer une opportune fugue finale de Falstaff : Tutto nel mondo è burla. Excellente idée, qui permet de réunir quasiment tous les chanteurs présents, ainsi que les Chœurs de l’Opéra national du Rhin (toujours de bonne tenue, mais que le chef laisse malheureusement crier d’une façon très désagréable à ce moment là). De quoi conclure ce «Prélude» sur une note joyeusement turbulente, en tout cas optimiste.



Laurent Barthel

 

 

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