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«Grand Soir»... pour Jonathan Harvey et Unsuk Chin

Paris
Cité de la musique
09/23/2017 -  
Igor Stravinsky : Trois Pièces pour clarinette – Renard
Jonathan Harvey : Bhakti
Richard Ayres : N°31 (NONcerto for trumpet)
Unsuk Chin : Gougalōn (Scenes from a Street Theater)

Martin Mitterrutzner, Yves Saelens (ténors), Leigh Melrose (baryton), Jérôme Varnier (basse), Jérôme Comte (clarinette), Clément Saunier (trompette)
Jean-Claude Barrière, Stanley Haynes, Denis Lorrain (réalisation informatique musicale Ircam), Ensemble intercontemporain, Duncan Ward (direction)


D. Ward (© Alan Kerr)


Ce premier «Grand Soir - Ensemble intercontemporain» de la saison s’inscrit dans le cadre du «Week-end Stravinsky Rituels». Un angle de vue qui ouvre des perspectives avec le théâtre de rue selon Unsuk Chin ou le monde spirituel de Jonathan Harvey.


Jérôme Comte ouvre la marche avec un grand classique du XXe siècle: les Trois Pièces pour clarinette (1918) d’Igor Stravinsky (1882-1971), dont la durée n’excède pas les quatre minutes. Une interprétation féline, alternant la griffe et le velours, prélude à un concert en dents de scie.


Côté creux, on placera un Renard (1916) sans ruse ni humour. En cause la direction peu ciselée du chef – quand les parties instrumentales devraient se livrer à leur joyeux babil dans une quasi-indépendance de chacune – et un plateau vocal parfois peu audible et compassé, notamment chez les ténors. Certes, on aurait préféré goûter la langue de Ramuz dans la version originale plutôt que dans la version russe tant le manque d’interaction perceptible entre les voix et les instruments peine à faire passer l’euphorie unique de cette œuvre (composée dans l’une des périodes les plus sombres de l’histoire).


On ne gardera pas non plus un souvenir mémorable du NONconcerto pour trompette (1999) de Richard Ayres (né en 1965), cette farce indolore atteignant vite ses limites; comme si assumer un certain humour potache suffisait à conjurer l’ennui qu’il procure. Clément Saunier se prête pourtant au jeu avec un professionnalisme exemplaire, notamment lors de l’«Elegy for Alfred Schnittke» centrale où le mauvais goût, étayé au besoin avec quelques citations, règne en majesté. Un tel retour en force de l’armure à la clé suscitera-t-il l’ire du public? Non (mais peut-être est-ce pire?): applaudissements de courtoisie. Le temps des scandales remonte décidément bien loin...


Paulo majora canamus avec Bhakti (1982) de Jonathan Harvey (1939-2012). Même amputée des mouvements six et sept, l’œuvre (écrite pour orchestre de chambre et bande quadriphonique) avoisine les quarante minutes. Le travail électronique agit ici comme le reflet de l’ensemble instrumental. Chacun des douze mouvements se termine par la citation d’un hymne du Rig Veda. Dans cette seconde œuvre réalisée à l’Ircam, le compositeur britannique conjugue formules dodécaphoniques et textures spectrales propres à son univers (réalisées avec le concours de Jean-Claude Barrière, Denis Lorrain et Stanley Haynes). Le geste tout dans l’anticipation de Duncan Ward confère une grande fluidité à la trajectoire de cette Dévotion (signification de Bhakti en sanskrit) musicale qui n’a rien perdu de sa force d’évocation.


Retour sur terre avec Gougalōn (2009/2011) d’Unsuk Chin (né en 1961), sous-titré «Scène de théâtre de rue». De même que Bartók, fort de son compagnonnage de longue date avec la musique populaire de son pays et de Roumanie, était parvenu à créer une sorte de folklore imaginaire, Chin «fait renaître une musique populaire imaginaire». Pétrie de réminiscences urbaines, la partition a des allures de concerto pour deux percussionnistes, lesquels vaquent (non sans péril) d’un instrumentarium à l’autre tandis que le pianiste gratte les cordes de son instrument. On retiendra le nom d’un des musiciens supplémentaires appelé à un brillant avenir: le percussionniste Ming-Yu Weng, dont le niveau technique atteint la même altitude que celle des musiciens de l’EIC... qu’on espère retrouver tout bientôt dans un programme qualitativement plus homogène.



Jérémie Bigorie

 

 

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