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Mythe et barbarie

Biarritz
Colisée & Théâtre du Casino
09/16/2017 -  

19 heures, Colisée
Spectre(s): Le Spectre de la rose: grandir avec la danse [1] – El Espectro de la rosa [2] – Le Spectre de la rose [3]
Christine Hassid (chorégraphie), Carl Maria von Weber, Hector Berlioz [2, 3], Clément Doumic [3] (musique)
Pierre Boisserie [3] (dramaturge), Alberto Arizaga [2]/François Menou [3] (création lumière)
Dantza Sarean [1], Andrea Loyola [2]/Mohamed Toukabri [3] (Le Spectre), Agustín Martínez [2]/Aurélien Houette [3] (L’homme endormi), Georgia Ives [3] (voix)


21 heures, Théâtre du Casino
Les Nuits barbares ou Les Premiers Matins du monde
Hervé Koubi (chorégraphie), Wolfgang Amadeus Mozart, Gabriel Fauré, musique traditionnelle algérienne, Richard Wagner et Maxime Bodson (musique)
Lionel Buzonie (création lumière), Guillaume Gabriel (création costumes, accessoires et masques bijoux)
Ismaïl Oubbajaddi, lazhar Berrouag, Adil Bousbara, Abdelghani Ferradji, Bendehiba Maamar, Zakaria Ghezal, Giovanni Martinat, Nadjib Meherhera, Riad Mendjel, Mourad Messaoud, Houssni Mijem, Issa Sanou, Mohammed Elhilali, El Houssaini Zahid (danseurs)


Spectre(s) (© Jean Couturier)


Avec Spectre(s), Christine Hassid, formée à la Batsheva de Tel Aviv, s’attaque à un pilier du répertoire chorégraphique. Le Spectre de la Rose, chorégraphie de Mikhaïl Fokine (1911) créée par Nijinski, convoque rien moins que Jean-Louis Vaudoyer pour le livret, Théophile Gautier pour le poème et Carl Maria von Weber pour la musique avec la célèbre Invitation à la valse orchestrée par Berlioz. Son projet est de déstructurer l’argument et même de le démultiplier. «Cette fois-ci, c’est un homme qui rêve et le spectre de la fleur apparaît sous les traits d’une femme». Le spectacle en trois parties est tout à fait convaincant et intelligemment conçu. Il est introduit par une charmante variation sur L’Invitation à la valse interprétée par trois très jeunes danseurs du groupe de danse traditionnelle basque Dantza Sarean. Puis s’y enchaîne El Espectro de la rosa: un homme rêve et le Spectre est une femme. Andrea Loyola et Agustín Martínez interprètent avec grâce et beaucoup de sensualité cette relecture décomplexée, á la gestuelle beaucoup plus vivante, moins symbolique que le grand original de Fokine qui marquait les débuts de la danse moderne. Le duo culmine sur «Le Spectre de la rose» de Berlioz chanté par Régine Crespin, sans volonté de paraphraser le poème. Puis, le meilleur de la pièce est la troisième, intitulée Le Spectre de la rose, qui donne à entendre une seconde fois la même sublime mélodie de Berlioz et qui traite le sujet avec deux magnifiques danseurs issus de deux univers radicalement différents, Mohamed Toukabri de la compagnie Sidi Larbi Cherkaoui, issu du hip-hop, et Aurélien Houette, sujet du Ballet de l’Opéra national de Paris. Les rôles ne sont pas inversés mais le Spectre n’est plus qu’un parfum pour celui qui rêve. Le duo est magnifiquement écrit et interprété par ces deux danseurs totalement envoûtés par le sujet.




Les Nuits barbares (© Caroline de Otero)


Avec Les Nuits barbares ou Les Premiers Matins du monde (2015), Hervé Koubi revient pour la deuxième fois au «Temps d’aimer» après Ce que le jour doit à la nuit en 2013. Ces Nuits barbares mettent en scène quatorze danseurs de diverses origines africaines, tous à la plastique impressionnante et qui sans véritable narration évoquent des rites guerriers ancestraux extra-méditerranéens. C’est techniquement magnifiquement réalisé: costumes, beauté des corps, éclairages, dépouillement de la scénographie forcent l’admiration. La chorégraphie de la première partie de la pièce, assez athlétique avec des incises de vocabulaire des danses de rue, impressionne beaucoup par son originalité. La musique convoque au tout début Wagner avec les premières minutes de L’Or du Rhin, de la musique traditionnelle algérienne, puis des extraits du Requiem de Mozart illustrant des passages qui se réfèrent à des rituels. Tout semble extrêmement documenté par une expérience et nourri de lectures. «Je voudrais qu’on puisse se souvenir que notre appartenance est plus ancienne que les nations» déclare Hervé Koubi. Puis, l’inspiration lui a t-elle manqué (une heure, c’est long pour exploiter une seule idée), le dernier tiers passe brutalement à des démonstrations certes spectaculaires de breakdance avec pour figure obligée la pirouette sur la tête. Hélas! on sort un peu trop brusquement du beau rêve auquel on avait été convié.



Olivier Brunel

 

 

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