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Des Américains à Paris

Paris
Boulogne-Billancourt (La Seine musicale)
09/09/2017 -  
John Adams: Short ride in a Fast Machine
George Gershwin: An American in Paris
Antonín Dvorák: Symphonie n° 9 «Z nového světa», opus 95

Cincinnati Symphony Orchestra, Louis Langrée (direction)


L. Langrée (© Benoît Linero)


La venue à La Seine musicale de l’Orchestre symphonique de Cincinnati avec son directeur musical, le Français Louis Langrée, à l’issue d’une brillante tournée européenne était sans aucun doute un des évènements de la rentrée. Malgré une promotion insuffisante et tardive, il était réjouissant de voir l’auditorium de ce nouveau lieu presque plein à trois reprises en ce week-end de début septembre intitulé «Ilot America America». Après un premier concert Bernstein, Copland et Tchaïkovski, le second programme, intitulé «Nouveau Monde» et donné à deux reprises le 9 septembre, permettait d’entendre Gershwin et Dvorák.


Ce concert sans entracte présenté avec enthousiasme et simplicité par Louis Langrée débutait par une surprise, sorte de bis avant l’heure, Short Ride in a Fast Machine de John Adams. Cette courte pièce, écrite pour l’Orchestre symphonique de Pittsburgh, est typique de l’écriture rythmique et répétitive du compositeur. L’Orchestre symphonique de Cincinnati y démontre d’emblée une précision, une énergie et un jeu collectif exceptionnels.


Place ensuite à Un Américain à Paris de Gershwin mais dans la version critique du musicologue américain Mark Clague de l’université de Michigan, directeur de «The Gershwin Initiative». On pourra lire ici la genèse de cette édition critique. L’orchestre y est plus qu’étoffé, comprenant notamment six percussionnistes et trois saxophonistes jouant pas moins de huit instruments différents. Ici aussi l’exécution orchestrale est d’une précision rare, l’articulation des différents épisodes naturelle et le final swingue à souhait sous la direction chaloupée d’un Louis Langrée manifestement heureux d’offrir cette première mondiale à un public français. Il faudrait être un expert de la musique de Gershwin pour reconnaître avec certitude ce qui fait la spécificité de cette édition critique. Il est toutefois clair que la reconstitution des tons originaux des klaxons, la signature de cette musique, en est certainement le trait le plus marquant.


La Symphonie «Du nouveau monde» est le tube que l’on sait et il arrive que son exécution n’échappe pas à une certaine routine. Rien de cela ici grâce à une interprétation passionnante de bout en bout, tant la tension comme la ligne et le soin à l’exécution sont à chaque instant au service d’une musique qui n’a jamais paru aussi riche et superbement orchestrée. Louis Langrée utilise avec talent les infinies possibilités de l’Orchestre de Cincinnati avec une précision, une énergie et un sens de la respiration qui témoignent d’une vraie osmose entre le chef français et l’ensemble dont il est le directeur apprécié depuis 2013.


L’énergie tenue du premier mouvement, la beauté apaisée de l’Adagio et de sa fin confiée à des cordes solistes en apesanteur après la réapparition du thème au cor anglais, la rythmique implacable du troisième mouvement et la tension sans faille du quatrième emportent tout sur leur passage. L’Orchestre symphonique de Cincinnati sonne superbement, sans doute moins «américain» que les ensembles de Los Angeles ou Chicago. Il possède une sonorité d’ensemble plus proche des ensembles européens, notamment du côté des cordes à l’unisson exceptionnel et aux graves chauds. Mention spéciale à la belle timbale toujours précise mais jamais envahissante de Patrick Schleker.


En bis et après une standing ovation spontanée, en un dernier clin d’œil à la France, cette fois des Lumières, Louis Langrée et ses musiciens offrent au public conquis une Ouverture de Candide de Leonard Bernstein d’une énergie jubilatoire et communicative. Triomphe totalement mérité pour le chef français, qui reviendra très bientôt en France pour Le Comte Ory de Rossini à l’Opéra Comique puis à Versailles et qu’on espère revoir souvent dans notre pays, pourquoi pas comme directeur musical.... Cette prestation exceptionnelle de l’Orchestre symphonique de Cincinnati, après celle récente des Berliner Philharmoniker à la Philharmonie de Paris, met la barre très haut vis-à-vis des formations hexagonales qui vont bientôt se produire dans la capitale.



Gilles Lesur

 

 

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