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Italien à moitié

Berlin
Philharmonie
09/08/2017 -  
Wolfgang Amadeus Mozart : Don Giovanni, K. 527: Ouverture (version Ferruccio Busoni) – Ch’io mi scordi di te?, K. 505
Wolfgang Rihm : Concerto pour piano n° 2
Felix Mendelssohn-Bartholdy : Symphonie n° 4 en la mineur «Italienne», opus 90

Hanna-Elisabeth Müller (soprano), Tzimon Barto (piano)
Deutsches Symphonie-Orchester Berlin, Christoph Eschenbach (direction)


C. Eschenbach (© Luca Piva)


Dans le cadre de la Musikfest 2017, plusieurs orchestres berlinois sont appelés à participer à la fête, la programmation de leur début de saison s’inscrivant dans le contexte plus général du festival en ce mois de septembre. C’est le cas pour le Deutsches Symphonie-Orchester (DSO) – Orchestre symphonique allemand, anciennement Orchestre de la RIAS – qui sera dirigé dans les mois à venir par des chefs aussi divers que Kent Nagano, Raphaël Pichon, Leonard Slatkin, Manfred Honeck ou, bien sûr, son Chefdirigent, le jeune Robin Ticciati.


Ce soir, place à Christoph Eschenbach pour un programme diversifié tant dans les époques que dans les genres en dépit de l’unité italienne qu’annonçait la notice du programme et qui, pour le concerto de Rihm, ne nous aura guère convaincu. L’Ouverture de Don Giovanni n’est pas fréquemment donnée en concert dans la mesure où la fin doit en principe immédiatement embrayer avec le début du premier acte où Leporello se lamente sur son sort en attendant que son maître ne revienne d’une énième frasque amoureuse... C’est donc la version complétée par Ferruccio Busoni qui a été choisie ce soir, la fin de l’Ouverture reprenant la mélodie de la fin de l’opéra et se concluant par de beaux accords solennels. Le DSO fait montre d’indéniables qualités en dépit d’une petite raideur côté cordes, Eschenbach enlevant ce début de programme avec fougue.


Changement de décor, le temps de hausser la partie de scène sur laquelle repose le piano, pour un magnifique air de concert de Mozart. Car tout ne fut alors que finesse: l’entrée du piano d’une délicatesse inouïe, les transitions entre clarinettes et basson d’une part, soprano d’autre part, les échanges entre Hanna-Elisabeth Müller et Tzimon Barto... Accompagnée avec une très grande attention par le chef allemand, la jeune soprano, qui s’est déjà fait un beau nom dans le répertoire mozartien et qui va chanter dans les semaines à venir aussi bien le rôle de Pamina dans La Flûte enchantée que celui d’Ilia dans Idoménée, délivre un chant extrêmement habité, doté de subtiles nuances qui, servi par une émission des plus aisées, nous charme de la première à la dernière note. Le dialogue avec le piano s’avère des plus délicats, l’orchestre se mettant au diapason d’un moment véritablement intimiste.


Le Deuxième Concerto pour piano de Wolfgang Rihm est une œuvre que les interprètes de ce soir connaissent bien, Barto en étant le dédicataire, Eschenbach ayant pour sa part dirigé de nombreuses œuvres de Rihm dont ce concerto qu’il créa avec Tzimon Barto au festival de Salzbourg le 25 août 2014. Si Eschenbach a pu déceler dans ce concerto une certaine influence de Schumann et Barto celle de la Ballade en fa mineur de Chopin, il nous est apparu plus riche encore, évoquant de temps à autre Prokofiev, Rachmaninov, voire Beethoven. Comptant deux mouvements, cette œuvre permit à Tzimon Barto de faire montre de tous ses talents (techniques bien sûr mais aussi musicaux, révélant en de nombreuses occasions un toucher délicat que son physique d’athlète fortement musclé pouvait ne pas laisser entendre de prime abord...), la partition faisant une belle place à d’imperceptibles échanges (entre le pupitre de clarinettes, relayées par le cor et le basson, et le soliste dans le premier mouvement), à des passages où s’instaure une douce quiétude, avant que le second mouvement ne commence par de vifs aigus du piano, le rythme endiablé qui s’ensuit laissant place de temps à autre à une courte pause mais seulement pour mieux repartir, l’œuvre se terminant par un quasi silence où seules quelques cordes et la harpe viennent troubler les dernières notes pianistiques. Tzimon Barto vit intensément chaque note, semblant même chantonner de ci de là, Christoph Eschenbach suivant son soliste avec attention et confiance (il faut dire que les deux hommes se connaissent bien, le chef étant même le parrain du fils du pianiste!) et dirigeant pour l’occasion un orchestre aux interventions millimétrées avec un beau sens des contrastes.


Le concert se terminait par la célèbre Symphonie «Italienne» de Mendelssohn, que Christoph Eschenbach conduisit avec une énergie communicative. Même si le premier mouvement a laissé poindre quelques problèmes de mise en place au sein des cordes, l’excellence des vents, la tension de certains passages (les violoncelles!) et l’enthousiasme de l’interprétation firent mouche. Après un Andante con moto un peu trop sec, gommant ainsi le lyrisme naturel de la partition, Eschenbach enchaîna les deux derniers mouvements avec une belle vigueur qui trouva son aboutissement dans un Saltarello. Presto qui déclencha l’enthousiasme de la salle.


Le site de Christoph Eschenbach
Le site de Hanna-Elisabeth Müller
Le site de Tzimon Barto
Le site du Deutsches Symphonie-Orchester de Berlin



Sébastien Gauthier

 

 

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