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Une surprise pouvant en cacher une autre...

Berlin
Philharmonie
09/06/2017 -  et 30 août (Amsterdam), 1er (London), 4 (Luzern) septembre 2017
Carl Maria von Weber : Euryanthe, J. 291: Ouverture (*)
Wolfgang Rihm : IN-SCHRIFT
Anton Bruckner : Symphonie n° 9 en ré mineur

Bundesjugendorchester (*), Koninklijk Concertgebouworkest, Daniele Gatti (direction)


D. Gatti (© Kai Bienert)


Alors que le programme de cette soirée pouvait sembler assez balisé, ce concert nous offrit de bien belles surprises, à commencer par les interprètes de l’ouverture d’Euryanthe (1823) de Weber puisqu’aux côtés de plusieurs membres de l’Orchestre royal du Concertgebouw d’Amsterdam figuraient les jeunes musiciens du Bundesjugendorchester, également connu sous le nom de Nationales Jugendorchester der Bundesrepublik Deutschland. Rassemblant des instrumentistes âgés de 14 à 19 ans seulement, cet orchestre, qui travaille en partenariat avec le Philharmonique de Berlin (dont certains musiciens leur dispensent des cours, des concerts communs pouvant également être donnés, le jeune orchestre étant à l’occasion dirigé par Sir Simon Rattle ou d’autres chefs d’envergure), fait office de pépinière, notamment pour les grandes phalanges germaniques, et d’école de premier plan pour ses participants. Ses membres se joignirent donc pour l’occasion aux chefs de pupitre amstellodamois le temps de cette ouverture, le célèbre orchestre ayant décidé d’effectuer ce partenariat dans le cadre de son projet «RCO meets Europe Concert Tour 2016-2018».

Le résultat fut extrêmement convaincant: la finesse d’exécution était évidente, grâce notamment à des cordes d’un soyeux particulièrement admirable. Daniele Gatti alterna avec beaucoup de naturel passages flamboyants et moments plus lyriques, rendant ainsi parfaitement hommage à l’une des célèbres ouvertures composées par Weber. Le public applaudit avec enthousiasme la prestation, le chef italien saluant également avec beaucoup de chaleur les musiciens du Bundesjugendorchester qui furent invités à saluer seuls dans un premier temps, avant qu’ils ne rejoignent la salle de la Philharmonie pour la deuxième œuvre au programme.


Wolfgang Rihm (né en 1952) a composé IN-SCHRIFT en 1995. D’une durée d’une vingtaine de minutes, cette pièce particulièrement complexe tant pour les musiciens que pour le chef nécessite une formation particulière où l’on ne compte ni violons, ni altos, ni hautbois, mais, au premier rang, les autres bois habituels d’un orchestre (flûtes, clarinettes et contrebasson) derrière lesquels prenaient place quatre cors, deux harpes, sept violoncelles et sept contrebasses, le troisième rang étant occupé par un gros pupitre de cuivres (dont sept trombones!), cinq percussionnistes garnissant le tout dernier rang. L’œuvre témoigne d’une vraie science de l’orchestre, Rihm prenant visiblement plaisir à opposer les accents stridents des bois (flûtes et cloches en guise d’ouverture) et des cordes au choral des cuivres (impressionnants trombones contrebasses!), ces derniers étant ensuite relayés par les contrebasses. Après un jeu entêtant des percussionnistes dont le volume sonore et l’allure croissants gagnèrent l’ensemble de la Philharmonie, la partition revint au minimalisme initial, se terminant par les seuls accents des harpes et des cordes. L’orchestre se montra plus qu’à la hauteur d’une partition à l’évidente difficulté technique (soulignons la performance d’Emily Beynon à la flûte solo et de Petra van der Heide à la première harpe), Daniele Gatti conduisant l’ensemble avec une science de la direction d’orchestre tout aussi patente.


La seconde partie du concert renouait avec le grand répertoire puisque la Neuvième symphonie de Bruckner fait figure de pain quotidien pour les orchestres symphoniques, celui d’Amsterdam ayant laissé des gravures mémorables de cette œuvre sous la baguette notamment de Bernard Haitink, directeur musical de l’orchestre de 1961 à 1988. On ne pourra évidemment nier les qualités d’une phalange incroyable: cordes puissantes et veloutées, cuivres flamboyants, petite harmonie d’une justesse de jeu jamais prise en défaut (Ivan Podyomov au hautbois ou Calogero Palermo à la clarinette). Mais la vision que donne Daniele Gatti de cette symphonie ne nous aura pas toujours convaincu. Bénéficiant d’un outil orchestral d’une qualité rare, le chef italien semble vouloir privilégier la vision extatique propre à glorifier le beau son sur un discours qui devrait davantage avancer et qui, trop souvent, fait du sur place. Au contraire, on s’étonne d’entendre cette soudaine accélération avant la coda finale du premier mouvement (Feierlich, misterioso), qui contraste beaucoup trop avec la masse impressionnante des cordes dans laquelle on s’«engluait» quelque peu jusqu’alors. Le Scherzo se caractérisa immédiatement par un martellement de timbales propre à évoquer n’importe quel cataclysme (difficile de ne pas succomber en dépit de toutes ses réserves personnelles au jeu de Nick Woud!) mais dont la pesanteur éclipsa rapidement l’impressionnante sonorité. Dans le Trio, Gatti enchaîna au contraire les phrases de façon assez linéaire, gommant ici aussi les contrastes auxquels on pouvait s’attendre. Mais, quel chef pour autant! Car, le troisième et dernier mouvement (Adagio. Langsam, feierlich) fut en revanche tout à fait exceptionnel. Là où l’on pouvait penser, voire craindre, qu’il ne puise dans les tréfonds des cordes au risque d’avoir du mal à soulever une pâte sonore extrêmement lourde, Daniele Gatti conduisit l’orchestre avec une légèreté surprenante, les tutti du Concertgebouw (où l’on comptait notamment huit contrebasses et huit cors, quatre d’entre eux jouant de temps à autre les Wagner-Tuben) révélant une souveraine puissance auxquels les trois pizzicati conclusifs mirent fin de façon presqu’irréelle.


Le site de la Musikfest Berlin
Le site de Daniele Gatti
Le site de l’Orchestre royal du Concertgebouw d’Amsterdam



Sébastien Gauthier

 

 

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