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Tout est bien qui finit bien

Verbier
Salle des Combins
07/24/2017 -  
Wolfgang Amadeus Mozart : Concerto pour piano n° 25, K. 503 (#)
Gustav Mahler : Symphonie n° 9

Sergei Babayan (piano)
Verbier Festival Orchestra, Joshua Weilerstein (#), Daniel Harding (direction)


S. Babayan, J. Weilerstein (© Nicolas Brodard)


Dans toute saison ou tout festival, il y a toujours un concert pour lequel tout semble mal parti. Parfois au dernier moment, parfois par étapes. C’est le cas de celui dont la réputation dès les premiers jours du festival de Verbier rivalise déjà avec celle de la Salomé inaugurale.


Belle idée que d’apparier à la monumentale et morbide Neuvième Symphonie de Mahler le très optimiste Vingt-cinquième Concerto de Mozart. Le projet initial comportait Daniil Trifonov. Il ne sera pas à Verbier cet été, retenu par la nouvelle politique de visa aux Etats-Unis et, sauf pour ceux qui ont le culte de la personnalité, on se console bien de le voir remplacé par son maître Sergei Babayan. Gianandrea Noseda devait diriger tout le concert mais a dû y renoncer, contraint de subir une intervention. Daniel Harding, premier directeur musical de l’Orchestre des jeunes du festival de Verbier, sorti plus précocement que prévu d’un arrêt d’activité pour une blessure de l’avant-bras, le remplace au poignet levé, mais pour Mahler seulement. Et l’Américain Joshua Weilerstein, très actif dans les projets éducatifs du festival et programmé quelques jours plus tard, dirige Mozart. Beau jeu de chaises musicales et pour quel résultat!


Sergei Babayan qui, l’été dernier, fut notre plus beau souvenir du festival avec son lunaire Premier Livre du Clavier bien tempéré, est un prince du clavier. On entend rarement et surtout dans cette salle qui n’y est pas favorable, le piano se détacher aussi bien de l’orchestre tout en restant en fusion absolue avec lui. La délicatesse du toucher n’a d’équivalent que la noblesse des phrasés; la moindre nuance, la moindre couleur – et le pianiste américain en possède une palette infinie – passe et enrichit le jeu des instruments, particulièrement les vents, très à l’honneur dans ce concerto dirigé avec une juvénile énergie et un sens du dosage étonnant par ce charismatique jeune chef américain. Trente minutes de bonheur absolu couronnées par une Sonate de Scarlatti quasiment murmurée devant un public conquis.


Toutes les qualités instrumentales de cet Orchestre du festival de Verbier, autant la cohésion et la chaleur des cordes, les qualités individuelles des instruments à vents et la grande précision des percussions, éclataient des les premières mesures si périlleuses de l’Andante comodo de l’immense Neuvième Symphonie de Mahler. Daniel Harding joue sur du velours, car diriger un orchestre de jeunes est une tâche autrement plus facile qu’avec des professionnels chevronnés: avec une concentration extrême, jouant de tout son corps, il a mené cet orchestre, devenu au fil des festivals une phalange d’exception, au travers de tous les écueils de ce fleuve musical. Pas de baisses de tension mais des épisodes plus cohérents que d’autres et un ensemble mémorable, couronné à la fin de l’Adagio conclusif par un long et dense silence du public; on n’en demandait pas plus.



Olivier Brunel

 

 

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