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Saint-Riquier

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Les Très Riches Heures de Saint-Riquier

Saint-Riquier
Abbatiale
07/07/2017 -  
Johann Sebastian Bach: Cantates «Gott soll allein mein Herze haben», BWV 169, «Ich habe genug», BWV 82, et «Vergnügte Ruh, beliebte Seelenlust», BWV 170
Georg Philipp Telemann: Concerto pour deux hautbois, basson et cordes, TWV53 :C1

Patrick Beaugiraud, Jean-Marc Philippe (hautbois), Julien Debordes (basson)
Le Banquet Céleste, Damien Guillon (contre-ténor, direction)




Hervé Niquet appose sa marque. Depuis que le chef d’orchestre et de chœur en assure la direction artistique, le Festival de l’abbaye de Saint-Riquier dégage un charme particulier grâce à de grandes et petites choses qui forgent son identité. L’abbaye héberge un Centre culturel de rencontre, ce dernier mot prenant ici tout son sens: du 4 au 9 juillet, les disciplines et les genres se mêlent. L’esprit souffle sur cette charmante cité, tranquillement animée durant ces quelques jours.


Depuis 2014, des rendez-vous à heure fixe rythment la journée. Accompagnés à l’orgue par François Saint-Yves, des chantres psalmodient six fois quotidiennement, dans le chœur de l’abbatiale, rappelant de cette manière la vie monacale de l’époque. A 14 heures 30 et à 15 heures 30, ils convient aussi à leur prière un nombre restreint de festivaliers dans différentes parties du monastère, gardées secrètes jusqu’au dernier moment.


A 17 heures, mais aussi à 15 heures le vendredi, le samedi et le dimanche, un spectacle pour marionnettes, chanteur et musiciens se tient au Théâtre Les Capétiens, Polichinelle invisible chez le Roi de la Chine, une création des Lunaisiens mise en scène par Jean-Philippe Rousseau (voir ici). Le festival comble aussi les amateurs de jazz, avec un concert par jour, à 18 heures 30, dans la Grange, à l’acoustique excellente (Just a Trio, Jérémy Dumont Trio, Dirk Van der Linden Trio, Mike Roelofs, Sam Vloemans Trio, Les Papys de Bruxelles). Et le festivalier insatiable ne manquera pas de parcourir les deux expositions accessibles jusqu’au concert du soir, l’une sur Alfred Manessier et Han Sungpil, l’autre sur la production de lin, illustrée par des photographies de Michel Monteux.


Précédés d’une présentation de Jean-Yves Pattes, à 20 heures 15, dans la Grange, les concerts du soir se tiennent à 21 heures dans l’abbatiale. «Conteur et musicien, clown et bonimenteur», Joël Dufresne les introduit chaque fois en picard, au pied de ce splendide édifice. La brochure et le programme de chaque concert, rédigé à la main par Hervé Niquet, démarche excentrique et touchante, sont aussi traduits dans ce dialecte. Evidemment, le directeur artistique se produit, le 4 et le 6 juillet, avec Le Concert Spirituel, fondé il y a trente ans, mais ce natif d’Abbeville, toute proche de Saint-Riquier, a invité aussi l’Orchestre de Picardie, qui joue le 5, dans un programme consacré à Mendelssohn, à l’honneur chaque année depuis sa prise de fonction, et trois autres ensembles de musique ancienne, Le Banquet Céleste ce vendredi, le Centre de musique baroque de Versailles le lendemain et Doulce Mémoire pour le concert de clôture, le dimanche, exceptionnellement à 21 heures 30.



Le Banquet Céleste


Fondé en 2009, Le Banquet Céleste exécute trois cantates de Bach, les BWV 82, 169 et 170, sous la direction de Damien Guillon, qui assure lui-même la partie vocale. Le chanteur prend un risque élevé à s’exposer de la sorte, mais aussi en alignant des œuvres de même nature et d’effectif équivalent, ce qui peut provoquer une certaine lassitude. D’une justesse constante, sur le plan de la vocalise et de la déclamation, le contre-ténor diversifie toutefois l’expression avec subtilité. Parfaitement approprié, le timbre se révèle pur et lumineux, tandis que le phrasé demeure sobre et élégant. Damien Guillon, dont la voix se projette sans peine dans l’acoustique réverbérant de l’abbatiale, épouse étroitement l’esprit de cette musique, à laquelle il apporte du relief.


La sonorité du Banquet Céleste semble d’abord manquer de puissance, ce qui peut s’expliquer par l’effectif (onze musiciens), mais l’oreille s’en accommode rapidement et finit par profiter des alliages raffinés de timbres. Aux cordes rigoureuses et épanouies s’ajoutent des bois précis et éloquents, autant de qualités remarquées dans le Concerto pour deux hautbois, basson et cordes de Telemann en début de seconde partie. Dans un élan mesuré mais fervent, les musiciens tissent un dialogue sans grand panache, mais soutenu et poli.


Le jardinier de l’abbaye qui offrait, les années précédentes, des fleurs aux artistes a pris sa retraite. C’est donc un Hervé Niquet pince-sans-rire qui apporte à Damien Guillon un improbable bouquet, dont le contre-ténor ne semble pas vouloir se séparer. Il ne faut pas quitter l’abbatiale tout de suite après le concert, afin d’entendre les chantres une dernière fois, sous un éclairage propice au recueillement. Rien que pour cela, ce festival ne ressemble à aucun autre.


Le site du Festival de l’Abbaye de Saint-Riquier
Le site du Banquet Céleste



Sébastien Foucart

 

 

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