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La flûte en invitée de Bach

Saintes
Abbaye aux dames
04/25/2017 -  
Johann Sebastian Bach : Oster-Oratorium, BWV249: «Seele, deine Spezereien» – Sonate en trio en sol majeur, BWV1038 – Cantate, BWV 82: «Ich habe genug» – Partita pour flûte seule en la mineur, BWV 1013 – Cantate «du café», BWV 211: «Ei wie schmeckt» – Suite n° 2 en si mineur, BWV 1067
Maïlys de Villoutreys (soprano), Juliette Hurel (flûte)
Ensemble Les Surprises, Louis-Noël Bestion de Camboulas (direction)


J. Hurel


L’activité musicale à l’Abbaye aux dames de Saintes ne se résume pas au seul festival d’été: la saison réserve aussi des rendez-vous de choix, à l’exemple de l’étape saintongeaise de la féerie «Il était une fois» en décembre dernier juste avant Noël ou encore le concert de l’Orchestre des Champs Elysées en février, prélude à l’intégrale Beethoven de mars avenue Montaigne. La présente soirée n’y déroge pas, et en profite pour s’inscrire dans le territoire artistique de la région et mettre en avant un des meilleurs ensembles baroques de la génération montante, en résidence à Bordeaux, dans la vaste Nouvelle-Aquitaine. Dans le cadre d’un enregistrement produit par Alpha Classics, l’ensemble Les Surprises de Louis-Noël Bestion de Camboulas présente au public charentais un spicilège Bach placé sous le signe de la flûte de Juliette Hurel, fil d’Ariane entre les pages vocales, vocales et sacrées, et instrumentales.


Le programme s’ouvre ainsi avec l’air «Seele, deine Spezereien», tiré de l’Oratorio de Pâques: les deux lignes solistes se mêlent avec intelligence pour mettre en valeur une écriture aérienne où s’imprime l’irradiante et pudique intériorité de la page, dont l’architecture est portée par un continuo délié. Une telle conception, s’appuyant sur la fluidité et l’élégance mélodique plutôt qu’une scansion rhétorique au génie plus germanique pour certaines oreilles, se retrouve dans la Sonate en trio en sol majeur. Les teintes du Largo augural ne s’en épanouissent qu’avec plus de tendre spiritualité, exhalée à nouveau par un Adagio empreint du juste intimisme, entre un Vivace et un Presto conclusif d’une savoureuse virtuosité.


Dans l’alternance entre foi et divertissement qui structure la soirée, l’aria «Ich habe genug» de la cantate éponyme BWV 82 vient résonner comme un creuset de recueillement que la voix de Maïlys de Villoutreys emmène sur les ailes d’une piété diaphane escortée par le babil de la flûte. Sans négliger les inflexions plus profondes, la présente lecture ne s’attarde jamais sur la dramatisation du sentiment, pour mieux en faire ressortir l’innocence. Dans la Partita en la mineur, Juliette Hurel offre un prolongement à cette délicatesse expressive: l’Allemande témoigne d’un équilibre entre la concentration et le chant, dans une alchimie du discours musical audible ensuite autant dans la Courante, la Sarabande que la brève Bourrée.


L’extrait de la Cantate du café, «Ei wie schmekt», place le dernier couplet de pièces à l’enseigne d’une légèreté qui ne s’abîme aucunement dans l’anecdotique. La plénitude de couleurs et de rythmes non dénués d’un soupçon de sfumato en synchronie avec la dynamique allante – mais jamais précipitée – qui prévaut tout au long du programme – vient à point nommé pour la Suite en si mineur. La manière française de l’Ouverture, condensée entre autres dans ses valeurs pointées, est restituée avec un mélange de grâce et de panache qui exhausse loin de toute austérité l’écriture serrée du mouvement, ce que confirment avec gourmandise les danses subséquentes. Il ne reste plus qu’à attendre le disque.



Gilles Charlassier

 

 

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