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Circassien

Liège
Opéra
05/09/2017 -  et 10, 12, 13, 14* mai 2017
Henry Purcell: Abdelazer or the Moor’s Revenge: Suite – Dido and Aeneas
Roberta Invernizzi (Dido), Benoît Arnould (Aeneas), Katherine Crompton (Belinda), Carlo Allemano (Sorceress, Sailor), Jenny Daviet (Second woman), Caroline Meng (First witch), Benedetta Mazzucato (Second witch), Kamil Ben Hsain Lachiri (Spirit)
Chœur de chambre de Namur, Thibaut Lenaerts (chef de chœur), Les Agrémens, Guy Van Waas (direction)
Cécile Roussat, Julien Lubek (mise en scène, décors, costumes, chorégraphie), Marc Gingold (lumières)


(© Lorraine Wauters/Opéra royal de Wallonie)


Le baroque : une rareté à l’Opéra royal de Wallonie. Selon la brochure de la saison, Didon et Enée (1688-1689) n’y a jamais été représenté avant cette production de l’Opéra de Rouen. Pour compléter cet ouvrage d’un peu moins d’une heure, les musiciens jouent une autre œuvre de Purcell, la Suite d’Abdelazer ou La Revanche du Maure (1695), dans laquelle Britten, scandaleusement absent des affiches de ce théâtre, a puisé le thème de son Young Person’s Guide to the Orchestra. Et comme le public liégeois tient, semble-t-il, à sa pause, pour étancher sa soif et combler sa faim, une pause a été intercalée entre deux actes, ce qui porte finalement la durée de ce spectacle à environ deux heures.


Si cet opéra si concis paraît interminable dans cette production, ce n’est pas seulement à cause de ce prélude et de cette interruption. Venant de l’univers du cirque, Cécile Roussat et Julien Lubek privilégient la forme sur le fond, les effets sur les personnages, les acrobaties sur les tourments amoureux. Pourtant, la note de mise en scène traduit leur volonté d’explorer cet ouvrage dans ses différentes facettes, mais certains aspects paraissent plus appuyés que d’autres ; le fantastique et la magie l’emportent sur le reste. Les trouvailles visuelles, peu originales, et les emprunts au cirque, comme les acrobates et les trapézistes, cachent misérablement l’absence de direction d’acteur digne de ce nom, ce qui amoindrit fortement l’intensité et, surtout, la portée émotionnelle de cette œuvre.


Le spectacle réserve son meilleur moment à la fin, dès la plainte de Didon, le décor devenant plus léger et la mise en scène plus allusive ; la façon de représenter la grotte rappelle le passé. Que l’Opéra royal de Wallonie propose ce Didon et Enée n’étonne pas, compte tenu de l’orientation de son directeur général et artistique, mais il vaut mieux retenir les autres opéras mis en scène dans cette salle par ce duo, La Cenerentola en 2014 et La Flûte enchantée en 2015.


Les chanteurs ne compensent pas vraiment notre frustration. Dans le rôle de Didon, Roberto Invernizzi modèle la ligne de chant sans toute la finesse et la précision requises : pourtant expérimentée dans ce répertoire, cette soprano contrôle trop sommairement l’intonation et le vibrato. Celui d’Enée échoit étonnamment à un baryton : plus satisfaisant sur le plan du style, Benoît Arnould peine à conférer un tant soit peu d’épaisseur à son personnage. Le reste de la distribution, plutôt modeste, à l’exception de Carlo Allemano, laisse trop indifférent. Katherine Crompton adopte ainsi de bonnes manières en Belinda mais elle séduit plus par le timbre que par le chant. Le Chœur de chambre de Namur reste confiné dans la fosse, mais lui, au moins, chante avec une tenue et une expressivité constantes.


Les Agrémens remplacent l’orchestre de la maison, étranger à ce répertoire. La Suite exécutée à rideau fermé révèle des cordes droites et sèches : si l’ensemble prend un peu plus de couleurs et de volume au fur et à mesure, il n’évite pas toujours les écarts de justesse. La direction de Guy van Waas demeure, enfin, trop mécanique et routinière, alors que le chef-d’œuvre de Purcell exige plus de raffinement et d’imagination.



Sébastien Foucart

 

 

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