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Des Viennois à l’aise dans la musique nordique

Vienna
Konzerthaus
04/22/2017 -  
Piotr Ilyitch Tchaïkovski: Concerto pour violon, opus 35
Rued Langgaard: Symphonie n° 2 “Vårbrud”, BVN 53

Anu Komsi (soprano), Janine Jansen (violon)
Wiener Philharmoniker, Sakari Oramo (direction)


J. Jansen (© Decca/Marco Borggreve)


Gageons qu’il y avait dans le public plus de monde venu écouter un des piliers du répertoire interprété par une photogénique violoniste néerlandaise, plutôt qu’une seconde partie affichant un obscur compositeur danois, Rued Langgaard (1893-1952). Ce dernier est pourtant un compositeur au langage fort original, dont la valeur n’a jamais été reconnue de son vivant dans son propre pays –malgré des succès fulgurants de jeunesse (une Première Symphonie créée par le Philharmonique de Berlin, à tout juste 18 ans). Il n’y a sans doute pas de meilleurs interprètes au monde pour nous faire découvrir cette symphonie intitulée L’Eveil du printemps. D’un côte, le Philharmonique de Vienne absolument à son aise dans une musique irriguée de flux straussiens et wagnériens. De l’autre, Sakari Oramo, un habituel défenseur de la musique nordique, qui se révèle être guide inspiré à la fois pour l’orchestre (qui joue pour la première fois une œuvre du compositeur) et pour le public. Il construit patiemment la culmination des phrasés, clarifiant avec pédagogie l’architecture et posant souverainement les transitions; certains développements du mouvement central en revêtent même un dramatisme quasi opératique. Les sonorités sont tendues mais restent sensuelles, le chef ne cherchant pas particulièrement à dégraisser la texture orchestrale étonnamment riche de la partition. Les petites étrangetés rythmiques sont mises en valeur avec naturel, bénéficiant de la pulsation tout en souplesse de ce magicien de la baguette. Le dernier mouvement se clôt avec l’intervention d’une soprano, Anu Komsi, qui n’est autre que l’épouse de Maestro Oramo; elle emmène le texte avec émotion, s’aventurant dans des pianissimi justement dosés. Son timbre est scintillant, pur et absolument valeureux.


La première partie du concert ne recelait certes pas de découvertes inédites, mais permettait de confirmer le talent de Janine Jansen pour s’approprier les grandes pages du violon. Chaque note est imprégnée d’une grande émotion sans que cela devienne envahissant: dans un jeu très appuyé où mêmes les démanchés et les gammes chromatiques semblent chanter et propager un beau vibrato, la soliste prend de l’assurance et gagne en liberté au fur à mesure des mouvements – faisant rapidement oublier les quelques accidents d’intonation de début de concert. Les répétitions sont variées avec subtilité, sans emphase. Paradoxalement, en dépit d’une modestie qui privilégie le lyrisme sur la virtuosité, les traits n’en paraissent que plus véloces et sensationnels. L’accompagnement est à la hauteur, offrant une base profonde et formidable qui emballe les relances de tempo avec une urgence furtwänglerienne. Si Oramo n’était pas chef d’orchestre, il pourrait surement réussir sa carrière comme timbalier, tant sa manière de lancer et faire résonner les accords de l’orchestre rappelle celle des meilleurs percussionnistes.


Pour ceux qui pensent que cette symphonie de Langgaard laisse un goût de revenez-y, il faut prendre patience: le chef revient en effet l’an prochain, avec le même orchestre, pour en interpréter la Sixième Symphonie «Les Cieux en lambeaux» (à ce rythme-là, il ne faut toutefois pas s’attendre à une intégrale, sachant qu’il y en seize au total).



Dimitri Finker

 

 

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