About us / Contact

The Classical Music Network

Paris

Europe : Paris, Londn, Zurich, Geneva, Strasbourg, Bruxelles, Gent
America : New York, San Francisco, Montreal                       WORLD


Newsletter
Your email :

 

Back

Une œuvre « phare » de Peter Maxwell Davies à l’Athénée

Paris
Athénée Théâtre Louis-Jouvet
04/21/2017 -  et 23 novembre 2016 (Choisy-le-Roi), 22, 25, 27, 28 avril 2017 (Paris)
Peter Maxwell Davies : The Lighthouse
Christopher Crapez (Sandy), Paul-Alexandre Dubois (Blazes), Nathanaël Kahn (Arthur)
Ensemble Instrumental Ars Nova, Philippe (direction musicale)
Alain Patiès (mise en scène)


P.-A. Dubois, N. Kahn, C. Crapez


Monté régulièrement depuis sa création en 1980, l’opéra de chambre Le Phare compte parmi les œuvres les plus célèbres de Peter Maxwell Davies (1934-2016). Sa durée ramassée, son ambiance plombée flirtant avec l’épouvante comme l’utilisation virtuose d’un effectif instrumental réduit à une petite vingtaine de musiciens l’inscrivent dans le sillage du Tour d’écrou (1954) de Benjamin Britten et de l’Elégie pour jeunes amants (1961) de Hans Werner Henze.


Rédigé par le compositeur, le livret s’inspire d’un fait divers qui eut lieu en 1900 dans les îles Flannan, dans l’archipel des Hébrides. Alors que la relève se fait attendre, qu’une tempête gronde et que la tension devient de plus en plus insoutenable, les trois gardiens d’un phare «se volatilisent dans les airs». C’est l’histoire narrée par l’acte unique que comporte Le Phare, précédé d’un Prologue où l’on voit, appelés à s’expliquer à la commission d’enquête d’Edimbourg, les trois officiers (joués par les mêmes chanteurs que les trois gardiens) ayant découvert le phare... inexplicablement vidé de ses occupants.


Maxwell Davies a composé une partition d’une grande subtilité, qui exige des interprètes de tout premier plan, notamment lors des échappées solistes. Avec l’ensemble Ars Nova dirigé de main de maître par Philippe Nahon, l’aspect madrigal instrumental de cette musique est mis en exergue, aussi bien côté fosse que côté scène, avec le cor solo (rythmant l’enquête lors du Prologue) judicieusement placé au premier balcon.


Le trio des gardiens bénéficie de la présence de trois acteurs-chanteurs... qui ont les défauts de leurs qualités, même si Paul-Alexandre Dubois (Blazes) ne se sort pas si mal de son air redoutablement difficile de mauvais garçon, accompagné par le violon et le banjo. Nathanaël Kahn nous a semblé vocalement trop limité (en termes de projection et même de justesse par endroits), d’autant que le rôle d’Arthur (le religieux prosélyte, toujours la bible à la main) a été confié à une basse sensée s’exprimer de manière sentencieuse et charismatique. La palme du plus musicien revient sans conteste au ténor Christopher Crapez (Sandy), auquel incombe une «Love Song» irrésistible (violoncelle langoureux et piano désaccordé), où il chante en voix de tête avec un art consommé.


La mise en scène d’Alain Patiès est une réussite en ce qu’elle colle au plus près aux intentions du compositeur sans verser dans le littéral. Dans le Prologue, chaque protagoniste alterne entre la barre du tribunal, le bateau et la reconstitution en miniature de la scène afin d’appuyer son témoignage. L’acte unique, plus fidèle aux didascalies, donne à voir l’éclairage intermittent du phare, dont chacune des occurrences semble resserrer d’un cran le goulot d’étranglement autour des personnages.


Le Phare offre dans l’ensemble un spectacle de qualité et conforte la place incontournable qu’occupe le Théâtre de l’Athénée au sein de la saison de concerts parisienne.



Jérémie Bigorie

 

 

Copyright ©ConcertoNet.com