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Karen Gomyo réussit ses débuts parisiens

Paris
Maison de la radio
04/21/2017 -  
Béla Bartók : A csodálatos mandarin, opus 19, Sz. 73
Benjamin Britten : Concerto pour violon, opus 15
Alexandre Scriabine : Poème de l’extase, opus 54

Karen Gomyo (violon)
Orchestre philharmonique de Radio France, Jakub Hrůsa (direction)


K. Gomyo


On se souvient encore de la remarquable venue de Jakub Hrůsa à Paris l’an passé, à la tête du Philarmonique de Radio France dans un programme aussi original que passionnant. Le jeune chef de 36 ans récidive en ce printemps en réunissant trois œuvres majeures de la première moitié du XXe siècle, dont la plus célèbre conclut fort justement le concert par une emphase éclatante en ut majeur: on connaît bien le Poème de l’extase et ses volutes impressionnistes associées à la mélodie entêtante ressassée par la trompette solo, quasi concertante ici. Avec ses attaques équilibrées et son sens du legato, Hrůsa choisit d’en rester à une certaine mesure dans la progression irrépressible vers l’extase finale, au détriment de l’excitation et de l’étreinte que d’autres versions au disque (Maazel notamment), par les couleurs et les contrastes, ont choisie d’exalter. C’est donc une vision plutôt sage qui se conclut par la présence inhabituellement imposante du carillon tubulaire (ou cloche d’orchestre) en fin de partition. L’effet ainsi produit déséquilibre l’ensemble, et ce d’autant plus que le malheureux percussionniste à l’œuvre hier soir rate le silence qui suit en faisant très légèrement résonner son instrument.


On avait déjà pu constater, dans Le Mandarin merveilleux de Bartók donné en début de soirée, le goût de Hrůsa pour une mise en place impeccable au service de phrasés étirés en une lenteur ensorcelante, construisant des climats indépendants au détriment, malheureusement, de l’architecture d’ensemble. L’aspect fragmentaire de cette œuvre exigeante ressort plus encore ici, n’aidant pas le novice à en percer les mystères nombreux, basés sur une expression et un chatoiement des timbres si audacieux en 1919, année de la composition de ce ballet.


La soirée trouve heureusement son point d’orgue avec les débuts parisiens de la jeune violoniste canadienne Karen Gomyo (née en 1982), véritable phénomène à réinviter au plus vite tant le son chaud et généreux de son instrument emporte rapidement l’adhésion. Le rare Concerto pour violon de Britten trouve la une interprète pleinement investie, au son pur et profond, dont on pourra seulement reprocher, mais ça n’est là qu’un infime bémol, un manque de substance dans les accélérations. Le Concerto comporte peu, cependant, de passages verticaux et nerveux, pour mieux privilégier l’enchevêtrement imaginatif des timbres du formidable orchestrateur qu’est Britten. On s’en réjouira d’autant plus que l’acoustique intime de l’auditorium de la Maison de la radio rend justice à toutes les subtilités ici à l’œuvre – là où la salle Pleyel, hélas, n’avait pu faire de même avec Janine Jansen en 2011.


En bis, la Canadienne se montre un rien moins investie dans Tango Etude n° 4 d’Astor Piazzolla, un de ses compositeurs de prédilection. C’est d’autant plus regrettable que l’on aura évité, une fois n’est pas coutume, les sempiternels bis pour violon consacrés à Bach.


Le site de Jakub Hrůsa
Le site de Karen Gomyo



Florent Coudeyrat

 

 

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