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Un jeune homme a la baguette

Vienna
Musikverein
04/08/2017 -  et 9*, 10 avril 2017
Franz Schubert: Fierrabras, D. 796: Ouverture
Béla Bartók: Concerto pour violon n° 2, BB. 117
Wolfgang Amadeus Mozart: Symphonie n° 38 “Prague”, K. 504

Ziyu He (violon)
Wiener Philharmoniker, Adám Fischer (direction)


Z. He (© Menuhin Competition)


De beaux talents ont émergé du concours Menuhin, réservé aux violonistes de moins de 22 ans: la très complète Julia Fischer, l’éclectique Joji Hattori, l’incroyablement expressif Ray Chen en 2008... L’an dernier c’est un tout jeune Chinois, He Ziyu (né en 1999), qui remporte non seulement le concours mais également une avalanche de prix d’interprétation. Notons qu’une lecture attentive de ses biographies laisse planer un doute sur sa nationalité actuelle, la compétition Menuhin le présentant comme chinois, alors que la version allemande de sa page Wikipedia précise qu’il est autrichien. Un esprit observateur pourrait noter que pour avoir une chance de se présenter avec le Philharmonique de Vienne, à pas même 18 ans et indépendamment du talent, une nationalité autrichienne est certainement un prérequis.


L’apparence juvénile de He Ziyu disparaît instantanément lorsqu’il commence à jouer – et réapparaît tout aussi soudainement à la fin de la pièce. Les premières mesures du Second Concerto de Bartók sont une musique hallucinante de beauté; la sonorité mordorée du soliste, qui projette le son du violon sans effort apparent, magnifie cette introduction féerique. Toujours très lyrique, He Ziyu démontre une musicalité très sûre; aucune faute de goût ni aucune tension technique ne viennent troubler la lecture de cette pièce impossible (probablement l’un des concertos les plus exigeants de l’ère moderne). Dans l’absolu, c’est aussi ce qui manque: la maîtrise de l’interprète nous plonge dans un sentiment de sécurité, alors que cette œuvre expressionniste devrait nous placer dans un état d’urgence en renouvelant avec plus d’extraversion l’esprit des variations. On sent le travail fraîchement accompli, conduisant à une restitution parfaite de l’œuvre, pas (encore) à son appropriation. Maintenant, remettons les pendules à l’heure: il est surement impensable de concevoir un interprète de cet âge capable de s’imposer dans une œuvre aussi profondément personnelle. Un programme plus classique aurait certainement été plus en phase avec le caractère du jeune garçon. En bis, une transcription par Ruggero Ricci de Recuerdos de la Alhambra de Tárrega complète ce programme monstrueux et démontre que même dans ce baptême du feu, le jeune violoniste n’a pas le bras qui tremble.


Adám Fischer tisse des diaprures resplendissantes dans le concerto, proposant un support sans bavure au soliste; dans l’ouverture de Schubert en revanche, on s’ennuie ferme. La nervosité imposé par le chef nuit à la précision des enchaînements et gâche souvent les contrastes en sacrifiant la respiration. Le contraste avec la Symphonie «Prague» est d’autant plus frappant, tant sur le plan visuel et qu’auditif. Subitement le chef hongrois semble être investi d’une mission qui lui tient particulièrement à cœur, et imprime une fougue extraordinaire à l’œuvre, enlevée et palpitante comme le serait une ouverture d’opéra. On doit se retenir d’applaudir à la fin de chaque mouvement: les voix intermédiaires fourmillent de détails et d’idées inédites, et malgré des tempos animés, Maestro Fischer parvient à ménager des moments de détente. Les auditeurs qui auront suivi ses récents enregistrements de l’intégrale des Symphonies de Mozart ne seront probablement pas dépaysés, cette version en concert nous semblant même supérieure par sa beauté formelle et des extrêmes mieux canalisés.



Dimitri Finker

 

 

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