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Le Fjord des cygnes

Paris
Théâtre des Champs-Elysées
03/29/2017 -  et 30*, 31 mars 2017
A Swan Lake
Alexander Ekman (chorégraphie), Mikael Karlsson (musique)
Nasjonalballetten
Henrik Vibskov (costumes), Alexander Ekman (décors), Tom Visser (lumières), Todd Rives (vidéo), Mikael Karlsson/Michael Atkinson (orchestration)


(© Erik Berg)


Des milliers de litres d’eau sur la scène du Théâtre des Champs-Elysées avec un Lac des cygnes aquatique. Du jamais vu! Le Ballet national de Norvège dirigé par Ingrid Lorentzen revient avenue Montaigne dans la saison «Transcendanses» trois ans après nous avoir enchantés avec un programme entièrement consacré à Jirí Kylián. Alexander Ekman, danseur suédois ayant fait ses classes chez Mats Ek et Kylián, est vite passé à la chorégraphie. Un tel talent ne pouvait pas rester dans le rang. Son idée est de faire danser sur un vrai lac, donc dans l’eau, exercice tout à fait particulier pour lequel on a dû faire confectionner des costumes dans des matériaux appropriés.


Le Lac des Cygnes de Tchaïkovski, Petipa et Ivanov n’a pas fini de faire de l’usage. On en a connu bien des versions, variantes de l’original créé en 1877 au Théâtre impérial Bolchoï de Moscou, adaptations plus ou moins fidèles, plus ou moins farfelues, dont certaines ont surnagé et sont devenues des spectacles cultes comme celles de Mats Ek, de John Neumeier et de Matthew Bourne. Celle que propose Alexander Ekman: A Swan Lake, donc «un» Lac des cygnes, commande du Ballet national de Norvège créée à Oslo en 2014 pour lequel Alexander Ekman a réalisé une version en un acte spécialement adaptée au Théâtre des Champs-Elysées (ce spectacle ne peut, du fait de son originalité, jamais être présenté de la même façon d’un théâtre à l’autre). Il s’éloigne suffisamment du moule pétersbourgeois pour clamer son originalité. Exit Tchaïkovski: la musique originale percutante est signée du compositeur suédois Mikael Karlsson et les costumes du styliste danois Henrik Vibskov. L’argument, entièrement revu par Alexander Ekman, n’a quasiment plus rien à voir avec l’original. Seuls persistent des cygnes, dont le Cygne blanc et le Cygne noir. Le reste est un très joyeux divertissement ramené à la durée record d’une heure vingt en un seul acte. Il est précédé par la projection d’un film qui nous amène à l’Opéra d’Oslo, magnifique théâtre flottant flambant neuf, puis dans les archives les plus kitsch du ballet russe pour un historique assez humoristique de cette pièce. Puis on passe à des démonstrations de glissades dans la piscine géante aménagée sur la scène, assez formidablement réglées sur la musique percussive (enregistrée) de Karlsson et des éclairages virtuoses de Tom Visser. On passe ensuite à un numéro comique entre les deux cygnes, assauts croisés d’agressivité et de douceur, très manichéen, très ying/yang, un peu longuet tout de même. Suit une fête débridée dans la piscine, interrompue par l’arrivée d’une cantatrice (Lina Johnson, aux suraigus très sûrs) qui, en jetant son séchoir à cheveux dans l’eau, provoque un gros court-circuit. Encore des glissades et celui que l’on pensait être le prince, en fait «l’observateur», l’excellent Yoshimufi Inao, le seul à vraiment danser, est le soliste d’une séquence narrative avec des musiciens qui jouent de la trompette, de l’hélicon, mais qui ne mène pas à une conclusion, la pièce s’achevant sur de beaux effets aquatiques irisés d’éclairages magnifiques.


Tout cela, aussi parfaitement réalisé que cela l’était, ne fait pas une histoire, encore moins une chorégraphie. Le public, assez jeune en majorité, du Théâtre des Champs-Elysées archiplein a réservé au rideau final de longues ovations à la troupe.


Alexander Ekman qui, à trente-trois ans, a déjà réalisé de nombreuses pièces, dont la célèbre pièce satirique Cacti, déjà été reprise par une quinzaine de compagnies, et de films de danse, sera à nouveau à Paris, cette fois au Palais Garnier, pour la création par le Ballet de l’Opéra national de Paris de sa pièce Play, sur une musique de Mikhael Karlsson, au mois de décembre prochain et du 9 au 11 juin 2018 pour la clôture de la prochaine saison «Transcendanses», lors d’une soirée en hommage à Ingmar Bergman (dont on fêtera en 2018 le centenaire), avec une création (Thoughts on Bergman), solo qu’il interprètera lui-même avant une création de John Inger et la reprise de Memory de Mats Ek.



Olivier Brunel

 

 

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