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Génération Z

Bruxelles
Palais de la Monnaie
03/17/2017 -  et 19, 21, 23, 25*, 30, 31 mars, 2 avril 2017
Leos Janácek: Príhody lisky Bystrousky
Andrew Schroeder (Revírník), Sara Fulgoni (Revírníková), John Graham-Hall (Rechtor), Alexander Vassiliev (Farár, Jezevec), Vincent Le Texier (Harasta), Yves Saelens (Pásek), Lenneke Ruiten (Bystrouska), Mireille Capelle (Pásková), Eleonore Marguerre (Lisák), Maria Portela Larisch (Mala Bystrouska), Logan Lopez Gonzalez (Frantík, Kobylka), Marion Bauwens (Pepík, Cvrcek), Kris Belligh (Lapák), Willem Van Der Heyden (Kohout), Virginie Léonard (Chocholka), Heleen Goeminne (Skokánek), Brigitte Bonding (Datel), Alain-Pierre Wingelinckx (Komár), Beata Morawska (Sova), Lieve Jacobs (Sojka), Margareta Köllner (Solo Liscicka)
MM Academy, Benoit Giaux (chef du chœur), Chœurs de la Monnaie, Martino Faggiani (chef des chœurs), Orchestre symphonique de la Monnaie, Antonello Manacorda (direction)
Christophe Coppens (mise en scène, costumes, décors), Peter Van Praet (lumières)


(© Bernd Uhlig/La Monnaie)


Il existe des opéras plus simples pour débuter. Pour cette Petite Renarde rusée (1924) à la Monnaie, Christophe Coppens opte pour un point de vue original et pertinent. Sa mise en scène confond le monde des animaux avec celui des humains : plus de mammifère, d’insecte, de batracien et d’oiseau, mais des hommes, des femmes, des garçons et des filles, plus de forêt, de ferme et de champ, mais une salle polyvalente, un bureau d’agent de gardiennage et un café.


Foxie, une adolescente comme tant d’autres, participe avec ses camarades à la parade annuelle du village en l’honneur de la nature. Un agent de sécurité – le garde forestier dans le livret – la pousse à vivre une expérience semée de rencontres, un rite initiatique au cours duquel elle tombe amoureuse d’une fille – le renard dans la version originale. Cet amour homosexuel constitue la meilleure idée de ce spectacle dans l’air du temps ; le nouveau président des Etats-Unis apparaît d’ailleurs à la télévision du bar. Le metteur en scène s’écarte de l’univers animalier du conte, mais il s’appuie fortement sur la musique, d’où le sentiment d’unité ressenti, et préserve la fantaisie de cet opéra à nul autre pareil. Sa vision, toutefois, demeure lucide, voire sombre, presque totalement dépourvue d’humour.


La scénographie occupe le plateau dans toute sa longueur et sa profondeur. A quelques mois du retour au théâtre, voici enfin la production qui exploite le mieux les potentialités du Palais de la Monnaie. A cause de mouvements incessants, le regard se perd parfois, surtout au début, mais la direction d’acteur se concentre par la suite ; celle-ci se révèle d’une précision étonnante pour un metteur en scène débutant. Plus décanté, le spectacle aurait donc mieux fonctionné dès le départ. Peut-être aurait-il fallu, aussi, assumer totalement le parti pris du réalisme pur, débarrasser le spectacle de ses vulgaires incongruités et supprimer radicalement toute référence animale ; l’immense renard au regard perçant nous plaît, la peluche géante d’un lièvre éventré, beaucoup moins.


En accusant davantage la nature éphémère de la jeunesse et en illustrant plus clairement la dimension cyclique de la vie, l’essence même de l’ouvrage, le spectacle aurait gagné en force et en émotion. Mais cet hommage confiant à la jeune génération nous touche, et il faut saluer l’implication des garçons et des filles de la Monnaie Munt Academy, qui n’a jamais été aussi bien mise en valeur ; ils saluent en tenue de gymnastique, la salle polyvalente servant aussi à l’éduction physique. La Monnaie peut réitérer sa confiance à Christophe Coppens : l’artiste plasticien a des choses à nous dire.


Sans toujours dispenser une sonorité de toute beauté, malgré des bois le plus souvent savoureux, l’orchestre se glisse sans difficulté dans les couleurs et les inflexions caractéristiques de cette musique incomparable. Antonello Manacorda en restitue la nature expressive et suggestive, en sublime le lyrisme, tout en préservant le caractère abrupt de l’écriture et de l’orchestration. Le chef obtient une exécution limpide, aux dosages précis, d’une grande clarté. Il nous tarde de le retrouver en octobre dans un tout autre registre, Lucio Silla de Mozart.


A la hauteur de la réputation de la Monnaie, les chanteurs interagissent admirablement et caractérisent leur personnage avec conviction, en particulier ceux distribués dans les rôles les plus importants. Dans cet opéra de Janácek, l’homogénéité doit primer, ce qui est le cas. Les prestations vocales se révèlent au minimum plaisantes, le plus souvent d’excellente tenue. Lesquelles retenir ? Surtout celles de Lenneke Ruiten et d’Eleonore Marguerre, qui mêlent merveilleusement leur voix dans un des plus beaux duos d’amour admirés ces dernières années, d’Andrew Schroeder en garde forestier, de Vincent Le Texier en Harasta, de John Graham–Hall en instituteur et d’Alexander Vassiliev en curé.



Sébastien Foucart

 

 

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