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Opera Vlaanderen
02/05/2017 -  et 8, 11, 14, 16, 19*, 21 février (Antwerpen), 1er, 3, 5, 7, 9 mars (Gent) 2017
Giuseppe Verdi: Simon Boccanegra
Nicola Alaimo/Kiril Manolov* (Simon Boccanegra), Myrtò Papatanasiu (Amelia Grimaldi), Liang Li (Jacopo Fiesco), Najmiddin Mavlyanov (Gabriele Adorno), Gezim Myshketa*/Aris Argiris (Paolo Albiani), Evgeny Solodovnikov (Pietro), Raehann Bryce-Davis (Ancella di Amelia)
Koor Opera Vlaanderen, Luigi Petrozziello (chef de chœur), Symfonisch Orkest Opera Vlaanderen, Alexander Joel (direction)
David Hermann (mise en scène), Christof Hetzer (décors, costumes), Fabrice Kebour (lumières)


(© Annemie Augustijns)


Après une Flûte enchantée radicale, reprise en décembre et en janvier, David Hermann poursuit sa collaboration avec l’Opéra des Flandres avec une nouvelle production de Simon Boccanegra (1881). Il n’y a pas de doute : ce metteur en scène compte parmi les plus talentueux de la nouvelle génération, ce que supposaient son Italienne à Alger à Nancy et ses Joyeuses commères de Windsor à Liège. Son interprétation d’un des plus beaux opéras de Verdi se révèle moins audacieuse et provocatrice que celle du singspiel de Mozart, mais elle cerne avec beaucoup d’intelligence l’enjeu de ce drame politique et familial.


Faisant preuve, cette fois, d’un peu plus de sobriété, tout en restant personnel, David Hermann joue habilement sur les anachronismes. Simon Boccanegra se profile en homme politique d’aujourd’hui, la scénographie rappelant ces séries télévisées sur les coulisses du pouvoir. Ses pensées renvoient toutefois à la Renaissance, à l’Antiquité et au début de l’ère chrétienne. Le deuxième acte se referme ainsi sur une saisissante reconstitution de La Cène, avec Amélia en Vierge Marie. Bien que la peinture de Léonard de Vinci se trouve à Milan, et non à Gênes, où se déroule l’action du livret, le décor qui dévoile un palais aux murs décrépits suggère que le conflit se tient dans la cité ligurienne. Et David Hermann ne mise pas exclusivement sur le visuel : fidèle à son exigence théâtrale, il sonde la psychologie des personnages et règle la direction d’acteur avec précision. Remarquable.


La lecture de la distribution présage de graves égarements stylistiques mais tous les chanteurs entretiennent une profonde intimité avec le chant verdien et évoluent en état de grâce. Nous aurions voulu applaudir Nicola Alaimo dans le rôle-titre mais Kiril Manolov le remplace brillamment ce dimanche, et pour encore trois autres représentations. Aussi corpulent que son confrère italien, le chanteur habite profondément son personnage, auquel il apporte de la sévérité, mais aussi de l’humanité et de la sensibilité. Ce baryton bulgare au timbre somptueux et à la voix pleine montre des capacités importantes et une appropriation juste du style.


Myrtò Papatanasiu parcourt sa tessiture avec beaucoup de métier pour exprimer les tourments d’Amélia. La finesse de la caractérisation et la précision du chant compensent quelques duretés dans le timbre et dans le phrasé. Cultivant un chant de qualité supérieure, Liang Li épate en Jacopo Fiesco par l’ampleur et la puissance de sa voix, ainsi que par la profondeur et le magnétisme de son timbre. Chanteur moins racé, Najmiddin Mavlyanov incarne un beau Gabriele, le ténor ouzbek se démarquant par sa voix claire et son phrasé onctueux. Le rôle de Paolo ne pose aucun problème à Gezim Myshketa, dont la présence scénique et le raffinement vocal révèlent un potentiel certain. Evgeny Solodovnikov a suffisamment à accomplir en Pietro pour se distinguer honnêtement, alors que Raehann Bryce-Davis paraît surdimensionnée pour figurer la servante d’Amélia, ce qui prouve la volonté de l’Opéra des Flandres de soigner la distribution jusqu’au plus petit rôle.


Pour couronner le tout, l’orchestre, qui se surpasse sous la direction d’Alexandre Joel, sonne comme rarement, avec une plénitude, une précision et une sonorité admirables. Les cordes affichent une rondeur constante et les bois ne cessent de s’illustrer par leur élégance. Préparés pour la première fois par Luigi Petrozziello, les choristes contribuent par leur implication et leur rigueur au niveau élevé de l’exécution musicale. Sans disposer de moyens semblables à ceux des plus grandes maisons, l’Opéra des Flandres signe une production exemplaire, sans doute une des meilleures de ces dernières années.



Sébastien Foucart

 

 

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