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Exotisme épuré

Tours
Grand Théâtre
01/27/2017 -  et 29, 31 janvier 2017
Léo Delibes : Lakmé
Jodie Devos (Lakmé), Julien Dran (Gérald), Vincent Le Texier (Nilakantha), Majdouline Zerari (Mallika), Guillaume Andrieux (Frédéric), Anna Destraël (Mistress Benson), Jennifer Courcier (Miss Ellen), Yumiko Tanimura (Miss Rose), Carl Ghazarossian (Hadji), Emmanuel Zanaroli (Un domben), Mickael Chapeau (Un marchand chinois), Yvan Sautejeau (Un Kouravar)
Chœurs de l’Opéra de Tours, Alexandre Herviant (chef des chœurs), Orchestre symphonique Région Centre-Val de Loire Tours, Benjamin Pionnier (direction musicale)
Paul-Emile Fourny (mise en scène), Benoit Dugardyn (décors), Giovanna Fiorentini (costumes), Elodie Vella (chorégraphie), Patrice Willaume (lumières)


Entre Le Pays du sourire présenté le mois dernier et Lakmé, on pourrait imaginer un fil conducteur, celui de l’exotisme. Pour autant, la lecture que Paul-Emile Fourny propose de l’ouvrage de Delibes privilégie davantage l’épure, sinon l’abstraction. Divisé par un panneau mobile de motifs que d’aucuns qualifieraient de moucharabiehs, le dispositif scénographique dessiné par Benoit Dugardyn souligne ainsi, au fil des rotations du dispositif, l’incompréhension, voire l’incommunicabilité, qui renvoie dos à dos l’univers religieux du brahmane et le monde profane des soldats anglais. Rehaussé par les lumières décantées de Patrice Willaume, l’ensemble fait ainsi l’économie bienvenue d’un excès de folklore. Dessinés par Elodie Vella, les costumes jouent, dans les deux camps, d’harmonies pastel vaguement contemporaines de l’écriture de la pièce, irradiant une impression d’élégance que le déguisement en mendicité pour confondre le sacrilège n’entame guère. Assurément, cette cohérence visuelle s’attache d’abord à une plasticité et une sobriété aux confins du minimalisme, sans jamais céder à la tentation de l’affectation. Les chorégraphies réglées au deuxième acte par Elodie Vella impulsent une énergie au diapason de numéros colorés et rythmés.


Attentive à la diction, au point de rendre les surtitres généralement superflus, la distribution vocale fait une juste part à la nouvelle génération francophone. Dans le rôle-titre, Jodie Devos exhale une innocence qui n’ignore pas une sensualité à la mystique chasteté dénuée d’inutile pudeur. Si certaines oreilles attendraient des clochettes plus aériennes, la musicalité, jamais prise en défaut, ne s’attarde pas sur des ornementations trop exhibitionnistes, auxquelles elle préfère la sincérité du sentiment. L’émission parfois raide, sinon serrée, finit par menacer plus d’une fois la ligne et pénaliser Julien Dran dans son incarnation malgré tout attachante de Gérald, dont il possède le ténor léger requis. Vincent Le Texier compose un Nilakantha d’une appréciable consistance, et l’on ne s’attardera pas sur une ultime intervention emportée dans une colère brutale et monolithique.


Le reste des solistes ne démérite aucunement. Majdouline Zerari confie à Mallika son mezzo homogène. Guillaume Andrieux affirme un Frédéric d’excellente tenue, dont l’éclat se mêle avec intelligence aux idiosyncrasies de ses partenaires. Jennifer Courcier résume par son babil la fraîcheur de Miss Ellen. Si les interventions de Yumiko Tanimura en Miss Rose ne font guère d’ombre à l’entourage, Anna Destraël corsète comme il se doit Mistress Benson dans sa respectabilité offensée. Hadji revient avec à-propos au ténor de caractère Carl Ghazarossian. Mentionnons encore Emmanuel Zanaroli, Mickael Chapeau et Yvan Sautejeau, respectivement Domben, Marchand chinois et Kouravar, au sein des chœurs que fait respirer Alexandre Herviant avec un souci constant d’éviter la pesanteur. Il est en cela encouragé par la direction de Benjamin Pionnier, qui s’appuie sur la légèreté des couleurs et des textures, fidèle au parfum d’évanescence qui fait toute la saveur de la partition.



Gilles Charlassier

 

 

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