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Le Bon, le Bellâtre, le Charlatan et la Coquette

Toulouse
Théâtre du Capitole
06/01/2001 -  du 5 au 10 juin 2001
Gaetano Donizetti : L’Elisir d’amore
Marcelo Alvarez/Carlos Cosias (Nemorino) ; Elizabeth Futral/Rachele Stanisci (Adina) ; Marzio Giossi/George Petean (Belcore) ; AlfonzoAntoniozzi/Luciano di Pasquale (Dulcamara)
Orchestre et chœurs du Capitole, Maurizio Arena (direction), Arnaud Bernard (mise en scène)

Êtes-vous heureux ? En bonne santé ? Les Amours sont-elles au beau fixe ? Si un coquin de Sort s'acharne sur vous, consultez alors le grand Docteur Dulcamara, Esculape des temps modernes, qui soignera tous vos maux - en juin au Capitole.

La scène Capitoline clôture sa saison d'opéra avec l'un des chefs d'œuvre bouffe du compositeur italien, Gaetano Donizetti -lequel, pour l'occasion tisse une orchestration fine, délicate, divertissante, qui ne recherche jamais l'effet facile, comme la plus belle des enluminures.

Drame mi-sérieux, mi-comique, cette comédie bucolique, tendre, pastorale, conte les mésaventures sentimentales du jeune paysan Nemorino (ténor élégiaque), prêt à partir à I'assaut de la forteresse Adina, riche propriétaire terrienne trompant son ennui existentiel avec le best seller de chevalerie courtoise -le Roman de Tristan etIseult-. Hélas, la belle n'a d'yeux que pour la vile soldatesque incarnée en la personne du bellâtre de service, le Sergent Belcore un Gérard Philipe du Pauvre tout droit sorti d'une version comique des Grandes Manœuvres de René Clair ! Heureusement le Bon (et désintéressé) Dulcamara apparaît avec sa pharmacie ambulante pour vendre sa mixture miraculeuse, panacée à tous les terribles maux du monde et notamment Ie mal d'amour... En réalité, ledit élixir n'est que du Bordeaux (ou du Gaillac !).

Le metteur en scène Arnaud Bernard a choisi de nous placer à l'intérieur de I'objectif d' un imposant appareil photographique, pour capter les mille subtilités de cette communauté champêtre. Par un habile système scénique de panneaux coulissants, chaque tableau de I'opéra s'ouvre sur des silhouettes figées qui soudain s'animent au gré d'une musique empreinte d'une saine alacrité. On goûte, en quelque sorte, à une atmosphère proche de celle du très beau film de Bertrand Tavernier Un dimanche à la campagne, qui fleure bon la paille fraîchement coupée, les promenades estivales dans un bois tranquille.

La distribution homogène est dominée par le magnifique ténor argentin Marcelo Alvarez, que le Capitole avait pu applaudir déjà dans Edgardo de Lucia et Werther. Enfin, un ténor donizettien, aguerri aux règles du Bel Canto italien, c'est-à-dire un chant digne, sobre, irradiant de musicalité. Le "tube" de l'Opéra, Una furtiva lagrima, devient un moment unique de poésie absolue. Belle présence de l'acteur également, titubant au milieu de bouteilles jonchant le sol et contenant le pseudo élixir (autre belle trouvaille de la mise en scène...).

La jeune Coquette Adina campée par le soprano délicat de Rachele Stanisci a le grand mérite de ne pas sombrer dans l'exhibitionnisme vocal, triste apanage des oies blanches pétulantes et maniérées qui hypothèquent gravement le rôle. C'est une jeune femme sensible qui saura comprendre qu'elle ne doit pas passer à côté de l'amour véritable, quitte à piétiner son petit orgueil.

Belcore est l'insupportable militaire, imbu de sa personne, davantage préoccupé de conquêtes féminines que militaires. Le chanteur acteur Mario Giossi a de faux airs de Bernard Dhéran, souvent abonné au rôle du militaire suffisant.

Quant au Docteur Dulcamara, il est magistralement interprété par le Fra Melitone de La Force du Destin d'il y a deux saisons, Alfonso Antoniozzi, basse bouffe, lequel évite de surcharger son personnage. Dulcamara devient presque un savant mélange du Docteur Miracle des Contes d'Hoffmann et du redoutable Doktor Pustralk (charlatan certes beaucoup moins connu) du Tchèque Pavel Haas...

Enfin, la direction extrêmement précise, aristocratique même, de Maurizio Arena échappe à toute vulgarité d'opérette, et les chœurs sont toujours parfaits.

“Vive le Grand Dulcamara, puisse t-il bientôt nous revenir !!”


Etienne Müller

 

 

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