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Stravinski en images

Limoges
Opéra
01/20/2017 -  et 22 janvier 2017
Igor Stravinski : The Rake’s Progress
Benjamin Hulett (Tom Rakewell), Marie Arnet (Anne Trulove), Isabelle Druet (Baba the Turk), Kevin Short (Nick Shadow), Colin Judson (Sellem), Kathleen Wilkinson (Mother Goose), Stephan Loges (Father Trulove), Edouard Portal (Keeper of the Madhouse)
Cyril Cosson, Stéphane Raveyre, Sébastien Raymond (figurants)
Chœur de l’Opéra de Limoges, Jacques Maresch (chef de chœur), Orchestre de l’Opéra de Limoges, Jean Deroyer (direction musicale)
David Bobée (mise en scène, scénographie), Stéphane Barucchi (costumes), Marion Labaye (maquillages), Stéphane Babi Aubert, François Maillot (lumières), José Gherrak, Wojtek Doroszuk (vidéo)


Pour ses premiers pas dans l’univers lyrique, David Bobée s’est vu confier un Rake’s Progress coproduit avec Caen, Reims et Rouen, qui arrive sur la scène limougeaude en ce début d’année avant de parachever sa tournée le mois prochain au Luxembourg. La parenté avec le mythe faustien n’a pas échappé à l’homme de théâtre normand – perceptible dans l’onomastique, où Nick Shadow et Anne Trulove peuvent être comparés à Méphistophélès et Marguerite –, pas davantage que le potentiel d’élucidation de notre époque contemporaine, ainsi que le renseigne sa note d’intention. La machine à pain se fait matrice de spéculations financières douteuses, avant la frénésie des enchères, quand les noces avec Baba la Turque regardent vers la vacuité glorieuse de quelques starlettes d’exhibition télévisuelle. La conception scénographique manifeste d’évidentes qualités plastiques, qui se déclinent au fil de tableaux polis par des lumières réglées par François Maillot et Stéphane Babi Aubert. Les éléments de décors jouent parfois des ressources de symboles ou du répertoire, à l’instar de l’arbre déraciné du paradis suspendu de la séquence initiale, tandis que la tombe du règlement de comptes avec le Diable joue habilement de la similitude parodique avec Don Giovanni et son Commandeur. L’abondance vidéographique en toile de fond, contrepoint entre perspective herméneutique et redondance illustrative conçu par José Gherrak et Wojtek Doroszuk, grime le cinématographe jusqu’au générique de fin récapitulant l’ensemble des forces du spectacle.


En Tom Rakewell, Benjamin Hulett affirme un timbre clair et juvénile, non exempt d’une vulnérabilité que d’aucuns jugeraient à propos. Le Nick Shadow de Kevin Short contraste avec la plénitude presque stéréotypale de ses longueurs abyssales éminemment démoniaques, tandis que l’émission particulièrement impactée contraint à une certaine monochromie. Marie Arnet résume la bienveillance inébranlable d’Anne Trulove, quand son père revient à un Stephan Loges à l’autorité équilibrée. Isabelle Druet exprime les exigences de Baba la Turque, en s’abstenant d’inutiles hystéries. Le Sellem de Colin Judson maîtrise les adjudications des enchères, tandis que Kathleen Wilkinson ne démérite aucunement en Mother Goose. Mentionnons encore le Gardien de l’asile, confié à Edouard Portal. Outre les chœurs, préparés efficacement par Jacques Maresch, on saluera la remarquable direction de Jean Deroyer. A la tête de l’Orchestre de l’Opéra de Limoges, le chef français détaille la vitalité et les couleurs de la partition, et met avec à-propos l’harmonie en valeur, vertèbre essentielle de la construction rythmique, restituant ainsi l’inimitable synthèse entre pastiche et saveur des tempi à laquelle se reconnaît Stravinski.



Gilles Charlassier

 

 

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