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Une nouvelle page se tourne

Geneva
Victoria Hall
01/20/2017 -  et 19 (Lausanne), 22* (Genève) janvier 2017
Maurice Ravel: Rapsodie espagnole – Concerto pour piano en sol
Claude Debussy: Images

Pierre-Laurent Aimard (piano)
Orchestre de la Suisse Romande, Jonathan Nott (direction)


J. Nott (© Thomas Müller)


Après une longue période de 18 mois sans directeur musical, une nouvelle page se tourne pour l’Orchestre de la Suisse Romande (OSR) avec le premier programme de la saison sous la direction de Jonathan Nott en tant que nouveau directeur musical.


L’OSR a été malchanceux ces dernières années. Marek Janowski grâce à qui il avait réellement progressé est parti plus tôt que prévu. Appelé à la hâte, Neeme Järvi, qui l’a remplacé, bénéficiait de son aura et de sa personnalité mais il a été présent-absent. Il faut retenir de sa période des programmes souvent courts et un peu routiniers, bien moins imaginatifs que l’on pouvait espérer au vu de la curiosité habituelle de ce chef et surtout un manque de vision et d’ambition artistique.


En parallèle, la situation administrative de l’orchestre a connu son lot de défis. Après avoir eu sur une longue période un directeur général très professionnel et apprécié de tous en la personne de Steve Roger, ses deux successeurs ne sont pas restés longtemps et ont été renvoyés avec un certain fracas. De même que pour la venue d’un directeur musical, il faut donc souligner l’arrivée de Magali Rousseau, nouvelle administratrice générale, qui a assuré des fonctions équivalentes à la tête du Philharmonique de Radio France.


Mais en dépit de ces incidents, il ne faut pas se tromper. L’orchestre travaille dans un contexte positif, il est dans une situation de transformation et non dans une situation de crise. La présidente Florence Notter a entre autres stabilisé les relations parfois délicates avec le Grand Théâtre. Le projet de la nouvelle Cité de la musique, la fidélité de son public et la participation à de nombreuses initiatives pour toucher des nouveaux publics et au-delà du confort de sa salle habituelle montrent l’attachement des Romands à leur orchestre. Il y a enfin un renouvellement naturel en cours des musiciens avec le départ de certains instrumentistes et l’arrivée de plus jeunes qui devraient dynamiser l’orchestre. Il faut donc voir cette soirée comme le début d’une nouvelle page qui se tourne en tout point pour l’OSR et dont on pourra apprécier sur la durée les résultats.


Le choix de ce programme de musique comme de celui dirigé il y a environ un an est assez emblématique du répertoire naturel de l’OSR. Jonathan Nott y reprend la disposition des musiciens qu’il avait adoptée dans ce concert : violoncelles et altos sont au milieu de la scène, les contrebasses sont à gauche et les cors à droite de la scène.


Stylistiquement, Jonathan Nott semble à aise dans les passages dramatiques. La «Feria» de la Rapsodie espagnole de Ravel ou encore plus les «Rondes de printemps» des Images de Debussy sont brillantes. L’ancien directeur de l’Ensemble intercontemporain se révèle attentif aux entrées, à la netteté des attaques et des arrêts et on ressent une attention particulière à obtenir une grande précision de ses musiciens. Dans cette musique française qui lui convient et qu’il connaît assez bien, l’orchestre sonne avec soin. Les bois, et en particulier clarinettes et flûtes, sont comme souvent de grande qualité. Les cordes font preuve de clarté et de douceur. Seuls les cuivres connaissent quelques petits problèmes mais il fait un grand froid à Genève et les conditions ne sont pas habituelles. Enfin, les tutti sonnent avec clarté et sont assez bien équilibrés. Rappelons que la salle de Victoria Hall n’est pas facile pour les musiciens et ce sera sans nul doute un des aspects sur lequel Jonathan Nott travaillera avec beaucoup de soin dans le futur.


Ce qu’apporte un directeur musical, c’est aussi ses relations, son carnet d’adresses. Pierre-Laurent Aimard n’étais pas venu à Genève depuis plus de dix ans et c’est un vrai plaisir de pouvoir l’accueillir. Pris à un tempo modéré, l’ Allegramente se développe avec naturel. Aimard montre dans l’Andante assai ce qu’est le style de piano français : égalité des passages, équilibres entre les deux mains, clarté des lignes. Refusant tout sentimentalisme, il laisse la musique parler pour mieux nous toucher. Le Presto final, même si certains bois sont un peu moins sûrs, est brillant. Voici un Ravel sobre, pudique, musical et plein de poésie.


En bis, Pierre-Laurent Aimard donne la Deuxième des Notations de Pierre Boulez, une œuvre fulgurante qu’il joue comme personne. La consultation des archives de l’OSR indique que Pierre Boulez n’a jamais dirigé cet orchestre qui n’a jamais joué aucune de ses œuvres. Fascinés par cette pièce courte mais si forte, public et musiciens ont applaudi avec chaleur le pianiste.


Un nouveau directeur musical, du Boulez joué et applaudi à Victoria Hall... C’est vraiment une nouvelle ère pour Genève.


Le programme de la saison de l’OSR ne comporte pas de Boulez mais ceci pourrait arriver plus tard, qui sait. L’OSR et son directeur musical se retrouveront à plusieurs reprises durant le restant de cette saison,. mais ils exploreront ensemble quelques classiques comme la Quatrième Symphonie et le Concerto pour violon de Brahms avec Sergey Khachatryan, le Concerto pour piano de Schumann avec Nelson Freire, la trop rarement jouée Messe D. 950 de Schubert sera couplée avec l’autre rareté qu’est le Pelléas et Mélisande de Schoenberg, le Sacre du printemps de Stravinsky... Et la semaine prochaine ce seront la Cinquième Symphonie de Schubert et la Première Symphonie de Mahler qui seront à l’honneur.


Le site de Pierre-Laurent Aimard



Antoine Lévy-Leboyer

 

 

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