About us / Contact

The Classical Music Network

Baden-Baden

Europe : Paris, Londn, Zurich, Geneva, Strasbourg, Bruxelles, Gent
America : New York, San Francisco, Montreal                       WORLD


Newsletter
Your email :

 

Back

Concert et communication

Baden-Baden
Festspielhaus
12/02/2016 -  
Johannes Brahms : Scherzo de la Sonate F.A.E. – Sonate pour violon et piano n° 1 en sol majeur, opus 78
Clara Schumann : Romance pour violon et piano, opus 22 n° 1
Felix Mendelssohn-Bartholdy : Auf Flügeln des Gesanges, opus 34 n° 2 – Hexenlied, opus 8 n° 8 (arrangement Daniel Hope)
Joseph Joachim : Romance pour violon et piano, opus 2 n° 1
Edvard Grieg : Sonate pour violon et piano n° 3, opus 45

Daniel Hope (violon), Sebastian Knauer (piano)


D. Hope & S. Knauer (© Harald Hoffmann)


Retour de Daniel Hope à Baden-Baden après quelques mois d’absence seulement, cette fois en récital avec piano. Le public ne répond toujours pas massivement à l’appel, ce qu’il aurait sans doute fait bien davantage pour une Anne-Sophie Mutter par exemple. Le sillage médiatique de Daniel Hope ne paraît pas encore assez bruyamment entretenu, et c’est dommage, parce qu’il s’agit bien de l’un des violonistes les plus intéressants de sa génération, du moins de l’un de ceux qui essaie de trouver des idées nouvelles pour sortir d’un sempiternel moule classique préfabriqué. Les Quatre Saisons de Vivaldi bizarrement recomposées par Max Richter, c’était lui, les musiques naïvement planantes de l’album Sphères, même signées par certains grands noms de la musique de notre temps, c’était lui aussi, le disque de musiques du Hollywood de la grande époque en association avec des collaborateurs aussi inattendus que Sting ou Max Raabe, c’était encore lui. Des concessions à des formes de crossover qui ont le mérite de rester toutes imaginatives, sans jamais renoncer à de vraies ambitions de qualité (donc rien de commun avec les constructions artificielles d’image auxquelles se livrent par exemple un Nigel Kennedy ou un David Garrett : on reste ici dans une réserve de bon ton, très britannique, même si on réfléchit beaucoup...)


Hope est très amateur de programmes thématiques, que ce soit autour d’un concept particulier ou d’un interprète du passé. Ici c’est le violoniste Joseph Joachim qui est à l’honneur – avec même une composition de lui au programme (la Romance opus 2 n° 1), pas d’une densité extrême mais d’une écoute agréable. Un interprète historiquement fascinant par sa position très centrale dans la création musicale européenne au 19e siècle : Robert et Clara Schumann, Brahms, Mendelssohn, Grieg... Pour reprendre l’un des propos tenus en milieu de concert par Daniel Hope, dans un allemand parfait : « si Joachim avait encore mieux connu Liszt, peut-être aurait-on même aujourd’hui au répertoire un concerto pour violon de Wagner... ». Cette habitude de s’adresser directement au public, pas systématiquement entre chaque pièce mais de temps en temps en cours de concert paraît pertinente : elle fait tomber certaines barrières, donne à l’interprète une autre voix que celle de son instrument. Certes Daniel Hope, avec son histoire personnelle compliquée (famille d’origine berlinoise exilée à l’avènement d’Hitler, émigration en Afrique du Sud dont la famille de Hope fut chassée plus tard en raison de prises de position anti-apartheid et dut émigrer à Londres) est le candidat polyglotte idéal pour ce genre d’exercice à l’échelon international. Mais quoi qu’il en soit l’exemple est à méditer.


Programme forcément hétéroclite, donc, mais qui fait alterner habilement petites formes et sonates plus ambitieuses. Avec en fin de chaque partie une pièce de résistance : la Première Sonate de Brahms et la Troisième Sonate de Grieg, moins connue celle-ci mais très développée et apparemment difficile à tenir d’un seul arc, tant au violon qu’au piano, encore qu’ici parfaitement maîtrisée. L’appui pianistique de Sebastian Knauer, moins connu que Daniel Hope mais concertiste de haut vol aussi, se révèle particulièrement précieux dans ces cas : un jeu très concentré et attentif, en partenariat parfait avec un violon qui ne brille pas forcément en force mais dont la technique d’archet très coulée fait merveille. Une sonorité particulière, dont l’évidence n’est effectivement pas sans rappeler la pureté de celle de Yehudi Menuhin, qui fut le mentor de Hope pendant de longues années.


Belle série de bis pour terminer, là encore dans une ambiance conviviale : une Chanson populaire espagnole de Manuel de Falla, Summertime de Gershwin, Siciliano de la Quatrième Sonate pour violon et piano de Bach... De quoi prolonger en toute complicité une soirée très agréable.



Laurent Barthel

 

 

Copyright ©ConcertoNet.com