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Un spectacle plein de vie Lausanne
Opéra
12/23/2016 - et 27*, 29, 30, 31 décembre 2016
Jacques Offenbach : La Vie parisienne
Christophe Gay (Bobinet), Philippe Talbot (Raoul de Gardefeu), Patrick Rocca (Le baron de Gondremarck), Melody Louledjian (Gabrielle), Marie Kalinine (Métella), Brigitte Hool (La baronne de Gondremarck), Louis Zaitoun (Le Brésilien), Stuart Patterson (Frick, Prosper), Joël Terrin (Gontran, Urbain, Alfred), Léonie Renaud (Pauline), Richard Lahady (Alphonse), Elodie Tuca (Clara), Carole Meyer (Léonie), Béatrice Nani (Louise)
Chœur de l’Opéra de Lausanne, Jacques Blanc (préparation), Sinfonietta de Lausanne, David Reiland (direction musicale)
Waut Koeken (mise en scène), Friederike Schultz (assistante à la mise en scène), Bruno de Lavenère (décors), Carmen Van Nyvelseel (costumes), Anne-Charlotte Leduc (assistante costumière) Nathalie Perrier (lumières), Philippe Giraudeau (chorégraphie), Jean-Philippe Guilois (assistant à la chorégraphie), Etienne Guiol (vidéo)
(© M. Vanappelghem)
Entre Noël et Nouvel An, il est de tradition de présenter des spectacles lyriques drôles et festifs, le plus souvent des opérettes. Le risque qui guette les théâtres, c’est de jouer sur les grosses ficelles, les gags lourdingues et les rires gras. Pas de danger à Lausanne cette année, avec une Vie parisienne d’Offenbach toute en finesse et en subtilité. Créée à Strasbourg en décembre 2014, la production est reprise deux ans plus tard avec bonheur et avec le même dynamisme. Au lever de rideau, on retrouve le décor majestueux évoquant la gare d’Orsay, avec une horloge géante dont les aiguilles tournent à l’envers. Des passagers pressés qui vont et qui viennent, valise à la main, donnent le ton : la soirée sera animée, rythmée et sans absolument aucun temps mort, à l’image du décor qui se transforme en un tournemain en hôtel ou en restaurant. L’intrigue a été habilement transposée à notre époque, avec des allusions à la SNCF (le célèbre jingle !), sans oublier les gags et les bons mots sur la vie politique française, dont les Suisses sont toujours friands. On retiendra aussi les projections vidéo particulièrement réussies, dont celle d’une Tour Eiffel qui se tortille, ainsi qu’un tableau très évocateur de petit matin blême sur la butte Montmartre, lorsque les fêtards rentrent chez eux après une longue nuit arrosée. C’est incontestable, le metteur en scène Waut Koeken et toute son équipe ont réussi à insuffler vie et légèreté à l’ouvrage d’Offenbach.
Le sentiment de légèreté qui domine le plateau se retrouve aussi dans la fosse, où David Reiland ne ménage pas ses efforts pour rendre la partition aussi nuancée et subtile que s’il s’agissait d’un opéra de Mozart, même si le Sinfonietta de Lausanne semble parfois à la peine. Tous les chanteurs de la distribution sont de surcroît d’excellents acteurs. Physique avantageux de jeune premier et voix bien timbrée, le Bobinet de Christophe Gay a la gouaille et la séduction du Parisien tel qu’on se l’imagine. Le contraste est parfait avec Philippe Talbot, qui interprète un Raoul de Gardefeu stylé et délicat, aux aigus lumineux. Patrick Rocca dessine un baron de Gondremarck goguenard et enjoué, qui se rend à ses rendez-vous galants en scooter, comme tout Parisien qui se respecte, même très haut placé... En Brésilien sexy et macho, Louis Zaitoun a le physique du rôle et le chant exubérant. Du côté féminin, on relève la Gabrielle exquise de Melody Louledjian, qui éblouit par sa voix claire et lumineuse et son incarnation fraîche et naïve de la gantière. En Métella, Marie Kalinine force un peu les traits de son personnage de fausse bourgeoise au grand cœur. La baronne de Gondremarck est campée avec classe et réserve par une Brigitte Hool au chant distingué. On ne peut que regretter qu’elle ait été privée de son air. Au rideau final, le public a fait un triomphe à tous les artisans de ce magnifique spectacle de fêtes.
Claudio Poloni
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