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Miroirs féeriques

Colmar
Théâtre
12/14/2016 -  et 15, 16 décembre 2016 (Colmar), 3, 4, 6, 7, 8, 10, 11, 12 (Strasbourg), 20, 21, 22 (Mulhouse) janvier 2017
Marius Felix Lange : Blanche-Neige
Louise Pingeot (Blanche-Neige), Coline Dutilleul (La Reine), Jean-Gabriel Saint-Martin (Le Miroir), Georgios Papadimitriou (Le Chasseur, Nain Ourson), Emmanuel Franco (Le Marchand ambulant, Nain Pic), Camille Tresmontant (Premier Courtisan, Le Prince), Antoine Foulon (Deuxième Courtisan, Nain Api), Francesca Sorteni (Une Souris, Nain Oups), Gaëlle Alix (Un Ecureuil, Nain Chouquette), Diego Godoy (Nain Rubi), Nathanaël Tavernier (Nain Quartz), Giuseppina Comito, Paul Demange, Morgane George, Marie Paillat (artistes de complément)
Ensemble orchestral de l’Académie supérieur de musique - HEAR et du Conservatoire de Strasbourg, Vincent Monteil (direction musicale)
Waut Koeken (mise en scène, traduction et adaptation du livret), Anne Somot (réalisation de la mise en scène), Florian Angerer (décors), Carmen Van Nyvelseel (costumes), Glen D’haenens (lumières), Benjamin Prins (traduction, adaptation du livret)


(© Alain Kaiser)


Les fêtes de fin d’année constituent généralement une opportunité de réunir petits et grands, que l’Opéra national du Rhin n’a pas manqué de saisir, avec une production du Blanche-Neige de Lange conçu pour son Opéra Studio.


Créé à Cologne en 2011 à partir du conte des frères Grimm, l’ouvrage, traduit et adapté pour le public français par Benjamin Prins et le metteur en scène, Waut Koeken, développe les péripéties de l’héroïne jusqu’à la pomme fatale, comme autant d’avertissements à sa candeur un rien imprudente face aux travestissements successifs de sa marâtre – marchande de vêtements ambulante, naine Germaine et maraîchère tentatrice – avant un finale heureux autant que condensé. La vanité de la Reine est dessinée d’une manière qui se souvient discrètement du Chevalier à la rose de Strauss dans la séquence du bonimenteur qui lui vend son fameux miroir censé lui confirmer la suprématie d’une beauté enveloppée dans des robes et des onguents – on ne néglige pas son bain entourée de ses courtisans. Dynamique narrative, portée par un conteur également voix du Miroir – solide Jean-Gabriel de Saint-Martin, d’une saine plénitude –, et instruction morale rythment cet opus efficace qui parle aussi bien aux adultes qu’aux enfants.


L’habile synthèse entre intelligence et merveilleux se trouve magnifiée par le travail de Waut Koeken, dont on a déjà largement apprécié la valeur – on se souvient entre autres d’un récent Barbe-Bleue à ici et à Nantes. A partir d’une perspective de miroirs gigognes, image de l’infinité désirante du narcissisme de la souveraine, la scénographie de Florian Angerer coordonne symboles et couleurs avec une délicate poésie, rehaussée par les lumières expressives de Glen D’haenens, au diapason de la fantaisie des costumes conçus par Carmen Van Nyvelseel. La vitalité du jeu d’acteurs et les effets visuels se répondent sans temps faible, assurant à l’ensemble une fluidité dont le plateau, sollicitant les jeunes solistes de l’Atelier Studio, se fait le relais.


Dans le rôle-titre, Louise Pingeot fait aisément oublier le coup de froid annoncé en début de représentation, qui n’altère pas audiblement son babil aérien, distillant l’incorrigible innocence de la princesse. Plus corsée, Coline Dutilleul affirme une Reine jalouse, sans faire sombrer ses instincts vénéneux dans l’embonpoint vocal. La galerie des Nains complète le tableau. Georgios Papadimitriou passe du Chasseur sensible au Nain Ourson. Nain Pic, Emmanuel Franco n’ignore pas l’éclat servile du Marchand ambulant, quand le Nain Api campé par Antoine Foulon s’apprécie aussi dans la défroque du Deuxième Courtisan. Egalement Souris et Ecureuil, Francesca Sorteni et Gaëlle Alix ne déméritent point en Nain Oups et Nain Chouquette, tout comme Diego Godoy et Nathanaël Tavernier, respectivement Nain Rubi et Nain Quartz. Quant au Prince, Camille Tresmontant, entendu auparavant en Premier Courtisan, n’en néglige pas la juvénile fraîcheur. A la tête de l’Ensemble orchestral de l’Académie supérieur de musique - HEAR et du Conservatoire de Strasbourg, Vincent Monteil restitue les saveurs sucrées d’une pièce qui met en valeur le potentiel évocateur des pupitres, et des vents en particulier. Ni avant-gardiste, ni académique, la création de Marius Lange revivifie la tradition – on peut songer à Humperdinck mais l’école française ne saurait être oubliée – avec une ductilité que les musiciens étudiants s’attachent à mettre en valeur.



Gilles Charlassier

 

 

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