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L’Europe centrale avenue Montaigne

Paris
Théâtre des Champs-Elysées
12/20/2016 -  et 17, 18 (Wien), 21 (Köln) décembre 2016, 11 (München), 12, 13 (Praha) mai 2017
Bedrich Smetana : Má Vlast
Wiener Philharmoniker, Daniel Barenboim (direction)


D. Barenboim (© Peter Adamik)


Pour leur première venue cette saison avenue Montaigne, les Wiener Philharmoniker donnaient l’intégrale de Ma Patrie (1874-1879) de Bedrich Smetana (1824-1884). Contrairement à ce que l’on pourrait croire de prime abord, le cycle entier n’est pas une vraie rareté dans les salles de concert comme en témoignent notamment les concerts dirigés ces dernières années par Sir Colin Davis à la tête du Symphonique de Londres, Philippe Jordan à la tête du Philharmonique de Radio France, ou Pinchas Steinberg avec l’Orchestre de Paris. Quant au Philharmonique de Vienne si l’on se réfère aux excellentes archives de l’orchestre, et sans compter la seule et célébrissime Moldau, il l’a également joué sous la direction de Rafael Kubelík en mars 1958, sous celle de James Levine en juin 1986 et sous celle de Nikolaus Harnoncourt en novembre 2001 et en septembre 2010, ces trois collaborations ayant à chaque fois donné lieu à un enregistrement (disques respectivement parus chez Decca, Deutsche Grammophon et Sony).


Cela faisait vingt ans que Daniel Barenboim n’était pas venu à la tête du Philharmonique de Vienne à Paris, son précédent concert (Vingt-neuvième Symphonie de Mozart et Neuvième de Bruckner) remontant au 28 février 1997: on était donc curieux du résultat de ce soir. Car un des écueils à éviter dans ce cycle de six poèmes symphoniques est de privilégier la peinture purement descriptive sur le discours à la fois conquérant et nationaliste (dans le bon sens du terme!) de Smetana. A la fin de ce concert, avouons que le bilan est quelque peu contrasté, à l’image de l’œuvre. Côté évidence, l’excellence de l’orchestre! Pont aux ânes dirons certains... En vérité, le Philharmonique de Vienne nous a parfois réellement déçus, ce qui ne fut pas le cas ce soir sans que le résultat soit pour autant exceptionnel néanmoins. Dès le solo de harpe d’Anneleen Lenaerts, les musiciens font montre d’un soyeux admirable que confirme l’entrée en lice des violons dans Vysehrad: difficile de rivaliser dans ce fondu, cette communion de sons immédiate. De manière générale, les cordes furent plus qu’à la hauteur, de même que la petite harmonie (citons en particulier les flûtistes Karl-Heinz Schütz et Karin Bonelli, ainsi que Matthias Schorn à la clarinette solo, superbe dans la première partie de Sarka); relative déception en revanche pour les cuivres, encore que le cor solo fut impressionnant, qui ne possédèrent pas toujours la rondeur souhaitée.


Ayant ses bons et ses mauvais jours, Daniel Barenboim dirige l’ensemble de façon assez relâchée, adoptant parfois une gestique inutilement emphatique (la Moldau, presque le point faible de ce concert...), laissant assez souvent l’orchestre en roue libre sans d’ailleurs que cela n’occasionne le moindre décalage. Ce qui convainc moins, c’est le point de vue du chef, qui s’en tient souvent à la surface des choses et ne caractérise pas assez chaque mouvement. Préférant parfois les éclairages sur les vues d’ensemble, Barenboim réussit néanmoins avec maestria certains passages: la fin de Sarka, tout bonnement époustouflante avec des couleurs incroyables, ou la totalité du quatrième mouvement Par les prés et bois de Bohême, qui a bénéficié d’une ampleur dramatique et d’une finesse (les cordes là encore...) qui donnaient la chair de poule. On était donc d’autant plus réservé en entendant ces variations de tempo ou ces accents inutiles dans la Moldau qui, au sens propre comme au sens figuré, manquait singulièrement de fluidité, ou Tábor et Blaník dont la violence était parfois plus grandiloquente qu’autre chose, le dernier mouvement manquant du souffle épique que l’on attendait. Si certains équilibres entre les pupitres n’ont pas toujours été du meilleur effet, Barenboim n’en a pas moins réussi là un beau concert, aux tonalités festives toutefois ternies par l’actualité berlinoise dramatique de la veille.


Signalons enfin que le public parisien pourra retrouver Daniel Barenboim à la Philharmonie de Paris à la tête de l’orchestre de la Staatskapelle de Berlin les 5, 6 et 7 janvier (poursuite de son cycle Mozart-Bruckner) et les Wiener Philharmoniker le 22 mars, toujours au Théâtre des Champs-Élysées, pour un programme Dvorák-Beethoven sous la baguette d’Andris Nelsons.


Le site de Daniel Barenboim
Le site de l’Orchestre philharmonique de Vienne



Sébastien Gauthier

 

 

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