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Pianiste sur orbite

Paris
Théâtre des Champs-Elysées
12/11/2016 -  
Johann Sebastian Bach : Concerto pour orgue en ré mineur, BWV 596 (d’après le Concerto opus 3 n° 11 de Vivaldi): Sicilienne (arrangement Alfred Cortot) – Toccata et Fugue en ré mineur, BWV 565 (arrangement Ferruccio Busoni)
Franz Schubert : Moments musicaux, opus 94, D. 780 n° 2 et n° 3
Serge Prokofiev : Sonate pour piano n° 6, opus 82
Mily Balakirev : Islamey

Behzod Abduraimov (piano)


B. Abduraimov (© Nissor Abdourazakov)


On n’avait jusqu’alors pas eu la chance de pouvoir entendre le jeune pianiste ouzbek Behzod Abduraimov, 26 ans, lors d’un de ses rares passages en France. Merci à Jeanine Roze de l’avoir révélé à son public fidèle du dimanche matin à qui il a joué, à la Sonate «Appassionata» de Beethoven près, le même programme que celui de ses débuts new-yorkais dans la grande salle du Carnegie Hall il y a juste un mois.


Inutile de s’étendre sur ses phénoménales capacités virtuoses. Elles vont tellement de soi dans cette génération de pianistes formés par des pédagogues russes (tout comme Daniil Trifonov, il se perfectionne aux Etats-Unis, lui auprès de Stanislav Ioudenitch à Kansas City). L’ébouriffante interprétation de la fantaisie Islamey de Balakirev, un des sommets de la virtuosité pianistique seulement détrôné par «Scarbo» de Ravel, une des plus rapides que nous ayons entendues, concluant le récital après la redoutable Sixième Sonate de Prokofiev, ne laisse aucun doute à ce sujet. Ce qui frappe le plus chez ce pianiste est le contrôle absolu de sa sonorité, évident dès les deux transcriptions de Bach jouées au début du récital. Deux transcriptions rares, celle de la Sicilienne du Concerto en ré mineur par Alfred Cortot, très romantique, et qui permet des contrastes sonores saisissants. Et l’arrangement par Busoni de la célèbre Toccata et Fugue en ré mineur pour orgue, dans lequel il a révélé des sonorités abyssales et montré avec une évidence aveuglante la géniale clarté de l’écriture de Bach.


Deux Moments musicaux de Schubert laissent perplexes. Pourquoi dans un récital aussi court ne pas jouer les six qui forment un ensemble si parfait? Qu’il nous soit permis de préférer Schubert moins sucré, plus aride, que celui du jeune Abduraimov. Cela viendra certainement avec la grande maturité.


Pièce de résistance du récital, la Sixième Sonate de Prokofiev, première des trois «sonates de guerre», que Sviatoslav Richter eut le privilège de créer en 1940, gagne sous les doigts d’Abduraimov une clarté et une richesse harmonique tout à fait exceptionnelles. Le jeune pianiste ne cherche pas à retrouver les tourments de la guerre qu’y a mis le compositeur et que pouvaient développer ses grands aînés soviétiques, mais montre une construction parfaite d’un monument du piano postromantique. Avec comme bis, le Nocturne en ut dièse mineur de Tchaïkovski, il laisse un public comblé et avide de retrouvailles comme accompagnateur du violoncelliste Truls Mørk le dimanche 25 mars 2018.


Le site de Behzod Abduraimov



Olivier Brunel

 

 

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