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Un oratorio intimiste

Paris
Théâtre des Champs-Elysées
06/06/2001 -  
Haendel : La Resurrezione
Deborah York (Angelo), Johanette Zomer (Maddalena), Claudia Schubert (Cleofe), Paul Agnew (San Giovanni), Klaus Mertens (Lucifero). The Amsterdam Baroque Orchestra, dir. Ton Koopman.



La Resurrezione est le premier oratorio sacré de Haendel. Il fut créé triomphalement le jour de Pâques, le 8 avril 1708. La direction en était tout simplement confiée à Corelli à la tête d'un ensemble de quarante sept musiciens et cinq solistes. Avec un petit scandale à la clé, car parmi les solistes, il y avait une femme ! Admonestation du pape Clément IX et remplacement de la dame par un castrat dès le lundi de Pâques. O tempora, o mores !


En deux actes bien contrastés, l'oeuvre met en scène d'une part Lucifer et un ange, engagés dans une sorte de dispute spirituelle, d'autre part les saintes femmes Marie-Cléophas et Marie-Madeleine et Saint Jean. Ils sont partagés entre l'affliction la plus profonde, l'espérance et la joie, chacun selon sa personnalité, matière de choix pour Haendel qui manifeste là déjà ses dons pour composer de sublimes arias. Grinçantes à souhait les interventions de Lucifer qui sent bien qu'il a partie perdue, avec jeux appropriés à l'orgue appuyé par le trombone. Célestes bien sûr celles de l'ange, avec hautbois et flûtes à bec. Très humaines et souvent poignantes celles de Marie-Madeleine.
La réalisation est de bonne qualité. On regrette simplement l'effectif un peu maigre, un peu plus de vingt-cinq instrumentistes, qui sonne un peu court et étriqué surtout curieusement dans le premier acte. Est-ce question d'accoutumance de l'oreille ou…des instruments à l'hygrométrie et à la température de la scène, tout semble sonner plus rond et plus charnu dans la deuxième partie. Ton Koopman dirige du clavecin et selon son habitude emmène tout son monde avec fougue et un très beau sens du rythme. Mais il sait aussi insuffler aux instruments toute la tendresse ou la douleur requises dans certains passages. Parmi les solistes, l'ange Deborah York a le redoutable privilège d'attaquer un premier air très virtuose dans lequel elle a semblé peiner un peu, d'autant plus qu'elle a un timbre très léger mal adapté à l'acoustique du théâtre des Champs-Elysées. Elle convaincra davantage dans les arias plus élégiaques. Belle prestation en revanche de Johanette Zomer en Marie Madeleine, très fine psychologiquement et parfaite artistiquement, avec une voix bien timbrée et suffisamment ample. Paul Agnew est un Saint Jean lumineux, Klaus Mertens un Lucifer excellent musicalement quoique manquant un peu de noirceur et Claudia Schubert dialogue avec beaucoup de subtilité avec Marie-Madeleine.

Un oratorio de jeunesse, pas si souvent donné que cela, et qui montre déjà à l'évidence les qualités qu'Haendel allait déployer ensuite : sens des effets, notamment instrumentaux, parfaite adéquation des airs avec ce qu'ils cherchent à exprimer, bref celles d'un homme de théâtre avant tout.
Avec cet oratorio, s'achevait le cycle Haendel 2000-2001 du Théâtre des Champs-Elysées, qui le poursuit fort heureusement en 2001-2002 avec quatre nouvelles productions.





Florence Trocmé

 

 

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