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Idylle germanique

Limoges
Opéra
12/01/2016 -  et 2 (Saint-Junien), 3 (Guéret) décembre 2016
Richard Wagner : Siegfried-Idyll – Wesendonck-Lieder
Robert Schumann : Symphonie n° 2 en do majeur, opus 61

Catherine Hunold (mezzo-soprano)
Orchestre de l’Opéra de Limoges, Robert Tuohy (direction)


R. Tuohy


A la tête de l’Orchestre de l’Opéra de Limoges depuis 2013, où on l’a entre autres entendu diriger le Freischütz et Così fan tutte, Robert Tuohy réalise un appréciable travail avec la phalange limousine, que le présent concert, aux évidentes fragrances germaniques permet de mesurer.


Ecrit par Wagner en guise de surprise d’anniversaire pour sa femme Cosima à partir du matériau thématique de la deuxième journée – et troisième épisode donc – de son Ring, Siegfried-Idyll constitue un bel exemple d’écriture chambriste pour un effectif élargi. Sans renier une certaine générosité symphonique, la présente lecture rend justice à la fluidité poétique de la partition, rehaussée sans artifice aucun par la mise en valeur des pupitres – on songera aux couleurs aérées des bois qui participent de l’évolution du discours.


Ce sens du détail qui sait se rapporter à la construction d’ensemble se retrouve dans le cycle des Wesendonck-Lieder, que le compositeur allemand a conçu entre La Walkyrie et Tristan und Isolde – si la proximité avec le second opus est d’une évidence assumée dans les troisième et cinquième poèmes, il n’en faudrait pas oublier les préoccupations du Nibelung, affleurant çà et là. Le bref et augural «Der Engel» fonctionne à la manière d’un prélude au recueil comme à la performance de Catherine Hunold. La mezzo française restitue rapidement le tempérament de cette page initiale avec un instinct qui ne tarde pas à se confirmer dans «Stehe still!». Si les intervalles amples entretiennent une discrète parenté avec Brünnhilde, les imprécations demeurent retenues dans une certaine tendresse affective. L’attention au texte, et à une clarté que d’aucuns catalogueraient comme française, ne se dément aucunement avec «Im Treibhaus». L’intimité de la serre résonne ici avec une décantation qui s’abstient opportunément de l’atmosphère nocturne chargée d’humidité où on la confine parfois, au diapason d’une baguette qui ne cherche pas à égarer ses musiciens dans quelque lourdeur pâteuse. «Schmerzen» ne renie pas cet équilibre de l’expression, tandis que le conclusif «Träume» s’inscrit dans cette dynamique empreinte d’un onirisme qui ne renonce pas à l’élégance.


En seconde partie de soirée, c’est à un corpus symphonique mésestimé, sinon méprisé qu’il est fait honneur: celui de Schumann, avec sa Deuxième Symphonie. De facture relativement classique – en tous cas fidèle à un modèle créé par Haydn – le premier mouvement, Allegro ma non troppo, après une introduction Sostenuto assai, déploie une densité de texture que les musiciens limousins n’accusent pas inutilement. Avec le Scherzo et ses deux trios, l’invention se fait nettement plus originale, et le motif mélodique ne manque pas d’une saveur que le chef américano-irlandais dessine avec un soin audible. Mais c’est sans doute dans l’Adagio espressivo que l’ouvrage se révèle à son meilleur, d’un lyrisme intense souligné ici avec une délicatesse qui n’oublie pas la construction formelle – on remarquera une section fuguée rappelant Beethoven, selon un procédé déjà présent, épisodiquement, au mouvement précédent. Le finale referme le concert sur une énergie convaincue de la valeur de ce qu’elle vient de défendre, démontrant que le Schumann des symphonies mérite mieux que le semi-purgatoire où les salles françaises le maintiennent.



Gilles Charlassier

 

 

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