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Cherubini le révolutionnaire

Vienna
Musikverein
10/27/2016 -  et 29*, 30 octobre 2016
Franz Schubert : Symphonie n° 4, D. 417 «Tragique»
Luigi Cherubini : Requiem en ut mineur

Singverein der Gesellschaft der Musikfreunde in Wien, Johannes Prinz (chef de chœur), Wiener Philharmoniker, Riccardo Muti (direction)


R. Muti (© Silvia Lelli)


On ne peut pas reprocher à Riccardo Muti un quelconque manque de cohérence: classique jusqu’au bout des ongles, un brin doctoral parfois, ses tempos sont mûrement réfléchis et ses phrasés tissés avec expertise. Mais cohérence ne rime pas forcément avec constance: là où dans le Requiem de Cherubini on atteint le sublime, la symphonie de Schubert ne dépasse guère la routine. Certes la routine d’un concert d’abonnement du Philharmonique reste de grande classe: le fondu des timbres des vents est merveilleux, la virtuosité des cordes à toute épreuve (les traits du finale de la Symphonie «Tragique» sont tout sauf évidents), mais le trait reste épais et manque de mordant. Après toutes ces années d’interprétations historiquement renseignées, peut-être n’est-il pas facile de réhabituer l’oreille à ces pupitres de vingt-six violons s’ils ne sont pas galvanisés par le chef. Ainsi le premier mouvement sonne plus mélancolique que tragique, suivant un tempo ni rapide, ni lent – le deuxième mouvement chante avec plus de naturel, ménageant des moments de retenue presque émouvants. Le Menuet est sculpté avec attention mais sans humour. Le final enfin s’anime de quelques épisodes rageurs, mais sans la fulgurance hallucinée qui pourrait l’habiter. Toutes les notes sont là, les timbres sont somptueux, les proportions de tempo suivies avec rigueur, mais on s’ennuie quand même un peu.


Cette rigueur permet en revanche de révéler la splendeur du Requiem de Cherubini; amorcé dans un dénuement incandescent, le legato des violoncelles se transforme en un coup d’archet en une plainte douloureuse. Riccardo Muti impose à tout son effectif des articulations franches, aérant les phrasés et taillant des dynamiques millimétrés – il garde encore sous le coude de la réserve pour faire exploser le crescendo qui ouvre le Dies irae. La masse des musiciens sur scène disparait, portée par une ferveur commune et magnifiée par des chœurs splendides. Cherubini n’est certes pas exactement un inconnu, mais Muti nous rappelle ce soir l’extraordinaire profondeur dramatique de l’écriture du plus français des compositeurs italiens. Bref Muti, le classique, nous dévoile Cherubini, le romantique.



Dimitri Finker

 

 

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