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Classique, trop classique ?

Paris
Maison de la radio
10/28/2016 -  
Ludwig van Beethoven : Symphonie n° 7 en la majeur, opus 92
Richard Strauss : Don Quixote, opus 35

Isang Enders (violoncelle), Marc Desmons (alto)
Orchestre philharmonique de Radio France, Vasily Petrenko (direction)


V. Petrenko (© Mark McNulty)


Depuis plusieurs années, l’Orchestre philharmonique de Radio France a su fidéliser des chefs de grand talent de la nouvelle génération qui reviennent chaque saison. Vasily Petrenko, né il y a 40 ans à Saint-Pétersbourg et actuel directeur des orchestres d’Oslo et de Liverpool, fait partie de ces chefs depuis une première collaboration réussie en 2012. Au programme du concert de ce soir figuraient Beethoven et Richard Strauss, un répertoire auquel on associe moins naturellement les chefs de l’école russe.


Ce concert débutait par la Septième Symphonie de Beethoven. En effectif adapté (six contrebasses), l’orchestre, sous la conduite toujours très élégante et raffinée de Petrenko, propose un Beethoven maîtrisé et lumineux. Les tempi sont contrastés, avec un premier mouvement judicieusement retenu et un final plus que vif, mais entrent en correspondance d’un mouvement à l’autre. Tout est lisible, clair, équilibré et les nuances sont à juste titre sollicitées. Seules quelques raideurs dans les cors entachent une interprétation orchestrale de haut niveau. L’Allegretto, lui aussi retenu, est une très belle réussite et son introduction met particulièrement en valeur la beauté des cordes graves de l’orchestre. Le scherzo, réglé comme une horloge, regorge d’une rayonnante vitalité et de contrastes. Le final, pris dans un tempo rapide mais raisonnable, est mené à son terme avec la maîtrise orchestrale et la progression qu’il requiert. Le chef russe nous offre donc ici un magnifique Beethoven puissant et tendu, en évitant les excès des baroqueux et les partis pris de certaines lectures récentes, on pense à Rattle ou Chailly, en quelque sorte un Beethoven classique. Mais sans doute ce souci de la perfection et cette volonté de maîtrise empêchent-ils la musique de pleinement se libérer.


En seconde partie, place à Richard Strauss avec une de ses pièces orchestrales les plus étonnantes, Don Quichotte, plaisanterie musicale si l’on en croit Romain Rolland. Tout l’effectif orchestral est ici convoqué jusqu’à la machine à vent et au rare tuba ténor. Après l’introduction dédiée aux deux héros principaux, les treize variations s’enchaînent dans une plus-value sonore incessante parfaitement rendue par la direction une fois encore précise, puissante et raffinée de Vasily Petrenko. Isang Enders, jeune violoncelliste né à Francfort, fait preuve à chacune de ses interventions d’un jeu précis et délicat qui n’exclut pas un certain esprit, notamment dans la variation 6. Les interventions des deux cordes solistes du Philharmonique sont également très réussies et celle plus conséquence de l’altiste Marc Desmons, qui figure Sancho Pança, est particulièrement remarquable. L’orchestre fait preuve de son habituelle discipline collective, de son plaisir de jouer et d’une très haute qualité sonore globale (bel unisson et legato des cordes, couleurs générale des cuivres) comme particulière (sons bouchés des cuivres dans la variation 2, bois poétiques dans la variation 4, percussion à la présence adéquate, belle harpe). Au total, une lecture superbe et maîtrisée mais, qui comme dans Beethoven, est sans doute trop contenue alors même que le sujet et l’écriture prêtent à plus de prises de risque.


A noter que ce concert sera sans doute l’un des derniers d’Amaury Coeytaux en tant que premier violon de l’Orchestre philharmonique de Radio France, celui ayant annoncé qu’il allait rejoindre en 2017 le Quatuor Modigliani en tant que premier violon à la place de Philippe Bernhard.



Gilles Lesur

 

 

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