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Les quatre âges de Liszt

Châteauroux
Scène nationale d’Equinoxe
10/26/2016 -  
Franz Liszt : Album d’un voyageur, S. 156: 1. «Lyon» – Harmonies poétiques et religieuses I, S. 154 – Réminiscences des «Huguenots», S. 412 – Scherzo und Marsch, S. 177 – Etude en douze exercices, opus 6, S. 136: 1. Allegro con fuoco – Grosses Concert-Solo, S. 176 – Danza sacra e duetto finale d’Aida, S. 436 – 2. Mephisto-Walzer, S. 515
Leslie Howard (piano)




Intitulé «Les 4 âges de Liszt, de 1825 à 1881», le récital donné par Leslie Howard constituait le clou de cette quinzième édition des Lisztomanias de Châteauroux. La seule paire de mains au monde à avoir joué l’intégralité de l’œuvre pour piano du musicien hongrois s’illustrait ici dans des pages rares où la séduction des danses d’Aïda côtoyait l’âpreté de la Deuxième Méphisto-Valse.


Le révolutionnaire de la technique pianistique tend la main à la révolte des canuts dans «Lyon», intégré au recueil Album d’un voyageur. Pour fracassante qu’elle soit dans ses traits et ses octaves péremptoires, la pièce dévoile, sous le toucher de Leslie Howard, des échappées lyriques et une science des plans sonores malgré son ton très vindicatif. On aurait simplement souhaité une scène un peu moins ouverte de manière à faciliter la projection.


C’est comme si l’on entrait par effraction dans le laboratoire du compositeur avec la version originale des Harmonies poétiques et religieuses, en fait un premier jet de «Pensée des morts», en plus ramassé et sans le thème du De Profundis; fin énigmatique à la main gauche.


Dans les Réminiscences des «Huguenots», les tréteaux du théâtre s’érigent d’eux-mêmes. Ballet des mains qui se chevauchent, cantabile des arias, rugissements chromatiques de la foule: tout l’arsenal du grand opéra historique est superbement restitué, sans la moindre dureté dans les attaques.


On comprend pourquoi Scherzo et Marche n’est jamais donné: martellements en alternances, tremolos crépitant et octaves con bravura ont de quoi dissuader les plus entreprenants des pianistes; pas Leslie Howard, qui orchestre remarquablement son jeu: dans la Marche servant de trio à un Scherzo de forme sonate (d’une grande difficulté de mémorisation), on entend même les fanfares des «Funérailles» et le fugato de la Sonate en si mineur.


Après la première pièce de l’Etude en douze exercices, futur «Preludio» des Etudes d’exécution transcendante, le Grand Solo de concert fait alterner ses sonorités de cathédrale et ses guirlandes de notes zébrant toute l’étendue du clavier. On sent chez Howard une volonté d’en atténuer la grandiloquence.


Véritable course à l’abîme, la Deuxième Méphisto-Valse refermait ce récital au sommet: les prises de risques se sont révélées payantes dans cette pièce exempte de séduction, avec ces méchants tritons, ces motifs répétés jusqu’à l’épuisement, tel Méphisto qui se livrerait à sa propre parodie.


Examinant les partitions avec un œil d’esthète et à la lumière de son immense culture artistique, Leslie Howard fait dire à ces œuvres ce que nul n’a réussi à extraire, avec un sens de la narration et une rigueur stylistique confondants.


Quitte à être castelroussin ces temps-ci, on se rendra à l’exposition intitulée «Liszt de Paris à Budapest en passant par le Berry romantique» au Musée-Hôtel Bertrand (jusqu’au 31 décembre). Le commissaire d’exposition, Nicolas Dufetel, pour qui Liszt n’a pas de secret, a réuni avec Michèle Naturel «des objets issus de collections privées et publiques (lettres et partitions manuscrits, imprimés, sculptures, dessins, tableaux, mobiliers, instruments de musique...) – certains seront exposés pour la première fois».


Le site des Lisztomanias
Le site de Leslie Howard



Jérémie Bigorie

 

 

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