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Jérémie Rhorer dirige le Requiem de Verdi

Paris
Théâtre des Champs-Elysées
10/20/2016 -  
Giuseppe Verdi : Messa da Requiem
Vannina Santoni (soprano), Alisa Kolosova (mezzo), Jean-François Borras (ténor), Ildebrando d’Arcangelo (basse)
Chœur de Radio France, Alberto Malazzi (chef de chœur), Orchestre national de France, Jérémie Rhorer (direction)


J. Rhorer (© Yannick Coupannec)


On connaît le mot d’Arturo Toscanini à propos du Trouvère : « Il suffit de prendre les quatre plus grands chanteurs du monde. » On pourrait l’appliquer au Requiem – en remplaçant le baryton par une basse. Ce n’est pas exactement ce que nous a offert le dernier concert du National.


Afficher par exemple la jeune Vannina Santoni dans une telle partition relevait de la gageure : une voix légère, peu charnue, au médium et au grave encore assez ténus, ne devrait pas affronter une telle partie... sinon au prix de quelques inévitables accidents. Elle a pourtant des atouts prometteurs, notamment un souffle parfois bien maîtrisé, des aigus pianissimo, qu’elle devra exploiter dans des répertoires plus adaptés. Alisa Kolosova a de tout autres moyens, qu’a révélés à Bastille, il y a deux saisons, sa Princesse étrangère de Rusalka : elle en use sobrement, mais en styliste, ne tirant jamais le mezzo du Requiem vers Amnéris ou Azucena. Des stylistes, Jean-François Borras et Ildebrando d’Arcangelo le sont aussi. Le ténor français prend désormais rang parmi les meilleurs, avec un timbre magnifique, une tessiture parfaitement homogène, à l’aigu solaire, une souplesse d’émission très belcantiste. C’est lui qui a dominé la soirée. Non qu’Ildebrando d’Arcangelo le lui cède pour la beauté de la voix ou la noblesse des phrasés : on aimerait seulement parfois plus de profondeur dans le grave.


Quels sont les meilleurs chefs pour ce Requiem ? En général ceux qui entretiennent une proximité avec l’œuvre de Verdi. On doute que ce soit le cas de Jérémie Rhorer. Les premières mesures, pourtant, sont superbes d’intériorité recueillie. Mais le Kyrie montre aussitôt une certaine sécheresse, qui va contaminer toute la suite : l’orchestre ne chantera pas, on cherchera en vain à retrouver la phrase verdienne. On s’étonne aussi qu’un chef de théâtre comme lui se montre si séquentiel – et ne tienne pas le Sanctus, où chœur et orchestre ne vont pas toujours ensemble. Sans doute a-t-il voulu tourner le dos à une certaine tradition, à travers une mise en valeur assez analytique des plans sonores, une exaltation assez mécanique des contrastes, un refus du rubato complaisant. Mais cela a fait long feu : ce Requiem sans ferveur, où l’on ne sent jamais l’angoisse de la créature devant le Jugement, tourne à vide. Le chœur ne maîtrise pas non plus parfaitement la partition, avec à la fois de beaux moments et des passages assez incertains, des tensions du côté des voix aiguës aussi. Restons-en donc au Requiem dirigé à la Philharmonie par Gianandrea Noseda, en février dernier.



Didier van Moere

 

 

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