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Rêve et perfection

Aix-en-Provence
Grand Théâtre de Provence
09/20/2016 -  et 21, 22, 23, 24 septembre (Aix-en-Provence), 12, 13, 14 (Valence), 16 (Istres), 21, 22 (Bucuresti) octobre, 25 (Thionville), 29, 30 novembre, 1er, 2, 3, 4 (Versailles), 7, 8, 9 (Clermont-Ferrand) décembre 2016, 1er, 2, 3, 4 février (Lyon), 1er, 2, 3, 4 mars (Créteil), 1er, 2 (Draguignan), 6 (Beograd), 9 (Modena) avril, 30 mai (Biarritz), 14, 15, 16, 17 juin (Marseille), 7-23 novembre (Paris) 2017, printemps 2018 (Taïwan)
La Fresque
Angelin Preljocaj (chorégraphie), Nicolas Godin (musique)
Azzedine Alaïa (costumes), Constance Guisset (décors et vidéos), Eric Soyer (lumières), Youri Aharon Van den Bosch (assistant, adjoint à la direction artistique), Natalia Naidich (assistante répétitrice), Dany Lévêque (choréologue)


(© Jean-Claude Carbonne)


Quel bonheur de voir après quelques escapades plus ou moins heureuses vers une danse «intellectualisée» de voir Angelin Preljocaj retourner à la danse pure! De sa collaboration récente avec l’écrivain Laurent Mauvignier, on avait trouvé une force bouleversante à Ce que j’appelle oubli, créé à la Biennale de la danse de Lyon en 2012, mais eu beaucoup de mal à entrer dans l’univers très décousu de Retour à Berratham, création du festival d’Avignon 2015 (voir ici). Avec La Fresque, spectacle réalisé d’après un conte traditionnel chinois (La Peinture sur le mur), il revient vers la veine chorégraphique qui a fait le succès populaire de ses grands ballets des années 2000: Blanche-Neige bien sûr mais aussi Les Nuits et, bien que l’esthétique de ses spectacles ait beaucoup évolué avec les années, on y retrouve des similitudes dans la narration et le geste chorégraphique avec ses œuvres aujourd’hui «cultes» du siècle dernier qu’étaient Roméo et Juliette et Le Parc.


La Fresque est avant tout un travail d’équipe très réussi. Certes on y retrouve ce qui fait le suc de la danse de Preljocaj, cette inimitable fluidité de la chorégraphie, une économie de geste qui montre aussitôt et sans détour l’essentiel, les idées qui surgissent au moment où l’on s’y attend le moins, des portés toujours inédits et surtout cette tendresse qui, même dans les passages les plus dramatiques, règle le corps des danseurs. Mais il y aussi ce qui fait la perfection du spectacle: des éclairages d’une virtuosité à couper le souffle d’Eric Soyer, des effets de vidéo qui à eux seuls sont un décor de Constance Guisset et les costumes d’Azzedine Alaïa, seconde peau des danseurs et qui participent autant que leurs corps à la beauté de leur danse.


Les dix danseurs qui ont assuré ces premières représentations sont tous admirables. Il y a le couple vedette Yurié Tsugawa et Jean-Charles Jousni qui tiennent les rôles principaux et les citer ne réduit en rien le formidable talent des autres. La Fresque raconte l’entrée dans une peinture murale d’un homme qui tombe amoureux d’une des jeunes filles aux cheveux dénoués qui y sont peintes. Ils s’aiment mais le mortel chassé par les gardiens du Temple doit quitter son rêve. Il se réveille pour voir que la jeune femme qu’il a épousée figure toujours dans la fresque avec les cheveux noués comme ceux des épouses. Une scène particulièrement habile montre le tissage de cette coiffure, une autre très spectaculaire montre les femmes de la fresque suspendues à des liens, celles de l’errance des deux voyageurs au début est simplement miraculeuse de poésie et de simplicité.


La musique de Nicolas Godin, une partition électronique, qui s’inspire de musique orientale, du chant du vent, d’instruments traditionnels chinois et même de Bach, est très efficace même si une certaine acidité n’est pas toujours en accord avec la caractère lisse et rond de la danse. Mais elle participe idéalement à la lisibilité totale du conte où la parole n’intervient jamais.


Ce spectacle, qu’il faudra attendre un an pour voir à Paris au Théâtre national de Chaillot (Versailles et Créteil le monteront avant), s’apprête à une tournée nationale et internationale. Mais déjà Angelin Preljocaj nous entraîne vers ses autres projets avec la sortie en salle du film Polina, danser sa vie, qu’il a réalisé avec Anastasia Shevtsova, Juliette Binoche, Niels Schneider et Jérémie Bélingard d’après la bande dessinée de Bastien Vivès, et l’ouverture du prochain festival Montpellier Danse avec une création non encore dévoilée dont la musique bénéficiera d’un orchestre dans la fosse.



Olivier Brunel

 

 

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