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Minéral

Paris
Théâtre des Champs-Elysées
09/22/2016 -  
Igor Stravinsky : Fanfare pour trois trompettes – Symphonies d’instruments à vent (révision 1947)
Ludwig van Beethoven: Symphonie n° 3 en mi bémol majeur, opus 55 «Eroica»
Jean Sibelius : Symphonie n° 5 en mi bémol majeur, opus 82

Philharmonia Orchestra, Esa-Pekka Salonen (direction)


E.-P. Salonen (© Minna Hatinen/Opéra et Ballet national finlandais)


On sait qu’Esa-Pekka Salonen est un artiste qui réfléchit à son art et construit ses programmes. Il l’a montré lorsqu’il était à Los Angeles et continue à Londres avec le l’Orchestre Philharmonia, dont il est le chef principal et conseiller artistique depuis 2008. En effet, qui d’autre que ce chef finlandais oserait proposer un programme débutant par une très brève fanfare suivie d’une courte pièce pour vents de Stravinsky, et se poursuivant par deux symphonies, certes dans une même tonalité, mais de deux compositeurs aussi différents que Beethoven et Sibelius, qui plus est en choisissant de terminer par Sibelius?


La très brève Fanfare initialement écrite par Stravinsky en 1953 pour ouvrir et fermer le ballet Agon sert ici d’incitation à l’écoute. Salonen enchaîne de suite avec les Symphonies d’instruments à vent. La réalisation est parfaite qu’il s’agisse de la rythmique, des harmonies riches et serrées ou du mélange très réussi des timbres. La limpidité et l’évidence solaire de cette pièce fascinante sont parfaitement rendues.


Faire suivre cette musique étonnante par la Symphonie «Héroïque» n’est évidemment pas anodin. Esa-Pekka Salonen adopte ici un parti pris de vivacité et d’acerbité qui colle magnifiquement au propos d’une musique charnière et porteuse d’avenir pour Beethoven. Des timbales baroques et des trompettes naturelles participent de cette lecture qui a intégré les apports des interprétations dites «historiquement informées», tout en y cherchant la vraie modernité, non de forme, mais intrinsèque à l’œuvre. L’Orchestre Philharmonia est à la hauteur de la lecture passionnée du chef: cordes riches et réactives, bois magnifiques et présents, cors précis sans oublier un jeune timbalier qui nous régale avec ses instruments. Au flamboyant Allegro con brio initial succède une Marche moins funèbre qu’habituellement, puis un Scherzo pétillant et enfin un Allegro molto se refermant sur un accord sec et court comme l’a écrit Beethoven. Une interprétation vive, passionnée, moderne et puissante, en un mot: beethovénienne!


Quant à la Cinquième Symphonie de Sibelius, elle n’a que rarement paru aussi fascinante. Ses trois mouvements se succèdent avec une évidence qui jamais n’empêche la perception de la modernité de l’écriture. Ainsi cet étonnant dialogue entre les cordes et le basson solo dans le premier mouvement, les récurrents pizzicati du second, non loin de Tchaïkovski, et le choral de trombones du dernier mouvement. Le mélange des thèmes des différents mouvements donne à la pièce une unité formelle que Salonen parvient à transformer en une véritable fusion sonore: fascinant! Il étire la musique, la fond tout en la rendant presque minérale. Les accords finaux répétés, véritable cassure avec ce qui précède, impressionnent par leur maîtrise. Du grand art. En bis, le chef et ses musiciens proposent un extrait d’Apollon Musagète de Stravinsky qui détend l’atmosphère.


En somme, un magnifique et intelligent programme servi par des interprètes inspirés. Bravo!


Le site d’Esa-Pekka Salonen
Le site de l’Orchestre Philharmonia



Gilles Lesur

 

 

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