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Le Philhar’ au sommet

Paris
Maison de la radio
09/16/2016 -  
Einojuhani Rautavaara : Lapsimessu
Max Bruch : Concerto pour violon n° 1 en sol mineur, opus 26
Richard Strauss : Eine Alpensinfonie, opus 64

Renaud Capuçon (violon)
Maîtrise de Radio France, Sofi Jeannin (chef de chœur), Orchestre philharmonique de Radio France, Mikko Franck (direction)


M. Franck


Au lendemain de la rentrée de l’Orchestre national de France (voir ici), c’était au tour du Philharmonique, l’autre orchestre de Radio France donc, de donner son concert inaugural sous la baguette de son directeur musical, Mikko Franck. A l’image du National, le Philharmonique annonce une saison passionnante qui fera bien entendu la part belle aux compositeurs du nord (Sibelius et Nielsen notamment) mais qui se frottera également au répertoire contemporain ainsi qu’à celui du XIXe et du début du XXe, de Beethoven à Mahler, de Brahms à Richard Strauss. Aux manettes, les chefs Jukka-Pekka Saraste, Vasily Petrenko, Myung-Whun Chung, Ton Koopman et Eliahu Inbal entre autres. A leurs côtés, les solistes sont tout aussi prometteurs (Edgar Moreau, Nicholas Angelich, Karita Mattila, Paul Meyer...) et on se délecte à l’avance d’entendre sous la baguette de Laurent Campellone le rare Fantasio de Jacques Offenbach, qui sera donné à plusieurs reprises à l’Opéra Comique.


Le concert débutait par un hommage (en plus de celui écrit par le chef dans le programme) de Mikko Franck au compositeur finlandais Einojuhani Rautavaara qui, né le 9 octobre 1928, s’est éteint le 27 juillet dernier. Figure majeure de la musique contemporaine (il reçut les encouragements de Sibelius lui-même et dirigea la classe de composition de l’Académie Sibelius d’Helsinki à partir de 1976, où il eut notamment comme élèves Magnus Lindberg et Esa-Pekka Salonen), il est surtout connu pour son Cantus arcticus (1972) qui allie au son de l’orchestre des chants d’oiseaux qu’il est lui-même allé enregistrer dans le Grand Nord finlandais et pour sa Septième Symphonie (1994), dont le succès public a été immédiat. Ce soir, place à une œuvre plutôt intimiste d’un quart d’heure environ avec cette Messe des enfants, alternant passages chantés par la Maîtrise de Radio France et passages joués par les cordes du Philharmonique, tous se retrouvant pour l’«Halleluja» conclusif. N’oubliant jamais de faire sonner les petits diapasons souvent accrochés à leur cou avant de chanter, les jeunes chanteurs de la Maîtrise furent chaleureusement applaudis pour cette œuvre aux cordes souvent riches et puissantes, distillant la plupart du temps des couleurs assez sombres.


La première partie du concert se poursuivait avec le Premier Concerto (1866) de Max Bruch, un des fleurons du répertoire concertant pour le violon. Autant dire que Renaud Capuçon s’avançait en terrain conquis, non seulement parce qu’il est une des coqueluches du public, mais surtout parce qu’il se joue très facilement des difficultés techniques pour ne se consacrer pleinement qu’à la musicalité de la partition. En dépit d’aigus parfois un brin tendus dans l’Allegro energico et d’un léger manque de densité dans l’Adagio, le violoniste français fut impérial, les notes virevoltant avec une maestria empreinte d’une constante noblesse. Mais c’est peut-être l’orchestre que l’on retiendra surtout, Mikko Franck dirigeant l’ensemble avec une énergie et un engagement incroyables (l’orchestre avant la reprise par le soliste du thème initial dans le premier mouvement!). A cet égard, le troisième mouvement fut le plus impressionnant, l’ensemble étant tout du long dominé par une petite harmonie des plus brillantes. Ovationné par le public de l’auditorium de Radio France, Capuçon joua en bis la célèbre «Danse des esprits bienheureux» tirée d’Orphée et Eurydice de Gluck, écoutée dans un silence, une fois n’est pas coutume, des plus respectueux.


Le Philharmonique de Radio France a déjà joué la monumentale Symphonie alpestre (1915) de Richard Strauss: c’était notamment le cas en septembre 2010 sous la direction d’Eliahu Inbal. Depuis, ses confrères parisiens, qu’il s’agisse de l’Orchestre de Paris ou de l’Orchestre national de France, ont également eu l’occasion de l’interpréter. On attendait avec une certaine curiosité Mikko Franck dans cette œuvre lui qui, au regard de son répertoire, ne fait pas figure de «straussien» de la première heure. Et le résultat fut absolument grandiose! Dans ces vingt-deux séquences (de «La Nuit» à... «La Nuit»), le chef finlandais a su montrer non seulement qu’il avait une vision de l’œuvre qui allait au-delà de la simple narration (n’oublions pas que Strauss avait qualifié cette œuvre d’«Antéchrist», lui-même voulant dépasser une dimension purement descriptive) mais encore qu’il savait véritablement diriger. Car, des ensembles de cordes aux tutti de cuivres en passant par le très délicat épisode de l’orage, jamais l’orchestre n’a souffert d’un quelconque déséquilibre au sein des pupitres (même si le chef obtint des timbales des coups on ne peut plus fracassants lors du «Silence avant la tempête»), la baguette et la main gauche de Mikko Franck (en demandant toujours davantage aux cordes) ayant mené tout le monde à bon port: les saluts des musiciens à son égard à la fin ne trompaient pas. Ces derniers furent également irréprochables (les bois étincelants dans «A la cascade», les cors rougeoyant dans «Au sommet») et, même si l’on ne peut tous les citer, mention spéciale à Olivier Doise (hautbois), Nicolas Baldeyrou (clarinette) et à Antoine Dreyfuss (cor) ainsi, évidemment, qu’à l’ensemble des percussions, fréquemment sollicitées. Décidément, les formations de Radio France se portent on ne peut mieux: quelle joie en ce début de saison!


Le site de Renaud Capuçon
Le site de l’Orchestre philharmonique de Radio France



Sébastien Gauthier

 

 

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