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Pour Tchaïkovski

Paris
Théâtre des Champs-Elysées
09/12/2016 -  et 18 septembre 2016 (Wien)
Richard Wagner: Die Meistersinger von Nürnberg: Ouverture
Richard Strauss: Quatre derniers Lieder
Piotr Ilyitch Tchaïkovski : Symphonie n° 5, opus 64

Diana Damrau (soprano)
Bayerisches Staatsorchester, Kirill Petrenko (direction)


K. Petrenko (© Wilfried Hösl)


Incontestable joli coup du directeur du Théâtre des Champs Elysées, Michel Franck, que d’inviter en ce début de saison Kirill Petrenko, le futur Chefdirigent de l’Orchestre philharmonique de Berlin, actuellement directeur musical de l’Opéra de Munich. Une nouvelle invitation qui, après les précédentes dédiés à l’opéra (Le Chevalier à la Rose en mars 2014 et Ariane à Naxos en octobre 2015), permet d’entendre ces musiciens dans un magnifique programme symphonique s’intégrant dans une vaste tournée européenne.


Commencer un concert par l’Ouverture des Maîtres Chanteurs de Nuremberg n’est pas aisé. Petrenko attaque avec précision et vigueur cette pièce qui montre d’emblée les qualités de l’orchestre munichois, qui sonne typiquement allemand – cordes au bel unisson, graves généreux, harmonie ductile, cuivres précis et timbales à leur juste place. De quoi donner envie d’entendre la suite...


Mais passer de Wagner aux Quatre derniers Lieder de Richard Strauss n’est pas aisé. Pour la circonstance, Diana Damrau rejoint le plateau. Autre monde sonore, autre direction qui sait faire ressortir l’incroyable volupté d’une musique aérienne. Au fur et à mesure de la progression du cycle, la soprano allemande, d’abord un peu loin de l’esprit de ces pièces, trouve ses repères nous offrant notamment un magnifique «Im Abendrot» final. Il faut dire que Kirill Petrenko lui offre un tapis sonore somptueux et réussit particulièrement les fins de chacun de ces lieds. Le timbre de Diana Damrau est certes lumineux, le souffle semble inépuisable, mais certains aigus un peu trop pointus et un texte trop souvent perdu, au premier balcon au moins, ne lui permettent pas d’entrer en connexion avec la direction toute de subtilité de Petrenko. En quelque sorte, un rendez-vous qui n’a pas complètement fonctionné: dommage!


Mais tout cela fut rapidement gommé par une seconde partie enthousiasmante. La Cinquième Symphonie de Tchaïkovski offre au chef et à ses musiciens l’occasion d’une démonstration orchestrale de tout premier plan, démonstration doublée d’une leçon de musique. Durant les quatre mouvements on ne sait quoi admirer le plus: les tempi toujours justes, la lisibilité constante, les contrastes de nuances saisissants, l’élégance constante de l’interprétation, les silences qui deviennent musique, les contrechants des cordes à leur juste place ou les déchaînements orchestraux toujours en situation et jamais excessifs. Cette perfection de la direction est associée à une réalisation orchestrale superlative: beauté des cordes, notamment un incroyable pupitre d’altos, des cuivres réussissant de saisissants crescendos sur des notes répétées, la clarinette d’Andreas Schablas capable de pianissimi à la limite de l’audible, le basson de Holger Schinköthe jouant avec délice des profondeurs de son registre, le timbalier Ernst-Wilhelm Hilgers précis et tonique. La gestique de Kirill Petrenko est énergique, tantôt il brasse l’orchestre, parfois même il semble comme le fouetter, ce qui n’exclut pas quelques gestes étonnants, tel un doigt de la main gauche s’inclinant prestement pour solliciter un départ des cuivres ou des bois. En somme, un geste libre qui n’est pas sans rappeler celui de Carlos Kleiber.


En bis, Kirill Petrenko et l’orchestre offrent à un public conquis une Ouverture de Rouslan et Ludmilla de Glinka anthologique, qui confirme une parfaite osmose entre le chef et l’orchestre et rappelle avec évidence ce qu’est un vrai chef, à savoir celui qui ne laisse rien de côté. Triomphe total. L’Orchestre philharmonique de Berlin ne s’est pas trompé en faisant de ce très grand de la direction d’orchestre son prochain directeur musical.



Gilles Lesur

 

 

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