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A la surface des choses

Paris
Philharmonie
09/08/2016 -  et 6 (London), 10 (Luzern) septembre 2016
Wolfgang Amadeus Mozart : Concerto pour piano et orchestre n° 26 en ré majeur, K. 537 «Du couronnement»
Anton Bruckner : Symphonie n° 6 en la majeur

Staatskapelle Berlin, Daniel Barenboim (piano et direction)


D. Barenboim (© Monika Rittershaus)


La Philharmonie de Paris était de nouveau pleine pour accueillir ce troisième concert donné par l’Orchestre de la Staatskapelle de Berlin sous la conduite de Daniel Barenboim, son Generalmusikdirektor, après ceux des 2 et 3 septembre. En attendant la suite du cycle Mozart-Bruckner qui se poursuivra le 9 septembre puis respectivement en janvier et en septembre 2017, concluant ainsi l’intégrale des Symphonies du maître de Saint-Florian, le concert de ce soir permettait d’entendre sans conteste l’un des meilleurs orchestres du monde dans un de ses répertoires de prédilection comme cela avait déjà été le cas lors de sa précédente venue parisienne.


La première partie du programme était consacrée à l’un des célèbres concertos pour piano de Mozart, en l’occurrence le Vingt-sixième «Du couronnement». D’emblée, soulignons la qualité de l’orchestre, relativement conséquent avec sa quarantaine d’instrumentistes (dont trente et une cordes): son assise, l’ampleur du son, le moelleux des cordes offrent un écrin idéal pour n’importe quel soliste tant le résultat s’avère sécurisant et confortable. Face à lui, Daniel Barenboim jouait donc en terrain conquis. Pourtant, on remarque quelques fausses notes (notamment dans le premier mouvement) et de menus décalages, rattrapés sans problème par l’orchestre sous la houlette de son Konzertmeister du soir, Wolfram Brandl. Ce qui déçoit surtout, c’est l’approche de Barenboim qui n’hésite pas à adopter des tempi assez étranges en certains passages afin de mieux ménager ses effets par la suite, adoptant même un jeu quelque peu complaisant dans le pourtant assez réussi Larghetto alors que la partition se suffit à elle-même. Néanmoins, compte tenu des déconvenues qu’on a pu éprouver lors de précédents concerts en l’entendant comme concertiste, avouons que la prestation de Barenboim aura ce soir été de plutôt bon niveau.


Moins connue que les trois dernières symphonies, la Sixième (1879-1881) de Bruckner offre une parenthèse heureuse tant dans la vie du compositeur que dans l’atmosphère de ses symphonies. Contrairement à certaines prestations passées (voir ici), Daniel Barenboim, qui a notamment enregistré une intégrale des Symphonies de Bruckner à la tête des orchestres de Chicago et de Berlin, en livre ce soir une version moyennement convaincante. Laissant parfois l’orchestre à lui-même, usant d’une direction dont le manque de précision n’est pas sans occasionner quelques décalages, Barenboim ne semble pas avoir de conception arrêtée de l’œuvre. Ainsi, le premier mouvement Majestoso (et non Maestoso comme écrit dans le programme dont, profitons-on en pour le signaler, la version «de luxe» présente un nombre de scories orthographiques ou typographiques assez étonnant...) manque de colonne vertébrale: en plus d’une occasion, on perd la pulsation, on ne voit plus la structure et l’ensemble donne l’impression de flotter sans que l’on sache bien où tout cela va nous mener. C’est d’autant plus dommage que la Staatskapelle de Berlin est rutilante (surtout grâce à la soixantaine de cordes, dont huit contrebasses), en dépit de quelques anicroches chez le cor ou la flûte solo. Le deuxième mouvement est assez bien réussi mais le souhait de Barenboim de mettre en lumière tel ou tel trait (par exemple les accents de la clarinette dans la seconde partie de cet Adagio) a surtout pour effet de faire primer le détail sur l’ensemble, quitte à perdre de vue l’essentiel. Moins convaincant, le troisième mouvement (Scherzo) est pris à notre sens trop tranquillement (bien que noté il est vrai par le compositeur Nicht schnell), ce qui lui fait perdre le caractère «effronté» (pour reprendre le surnom que Bruckner lui-même avait conféré à sa symphonie) ou son «espièglerie» (le mot est de Paul-Georges Langevin). En revanche, le mouvement conclusif est excellent, Daniel Barenboim réussissant parfaitement à conduire l’auditeur dans les méandres d’une orchestration touffue jusque vers la «conclusion triomphale» (Langevin) de la symphonie: une prestation saluée donc à juste titre par un public enthousiaste.


Le site de Daniel Barenboim
Le site de l’Orchestre de la Staatskapelle de Berlin



Sébastien Gauthier

 

 

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