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La politesse des rois

Berlin
Philharmonie
09/06/2016 -  
Galina Oustvolskaïa : Symphonie n° 3 «Isése Messija, Spasi nas!»
Dimitri Chostakovitch : Symphonie n° 4, opus 43

Alexei Petrenko (récitant)
Münchner Philharmoniker, Valery Gergiev (direction)


V. Gergiev (© Kai Bienert)


La Musikfest de Berlin, fidèle à une programmation originale et toujours renouvelée, a ouvert son édition 2016 avec Tutuguri, une œuvre de Wolfgang Rihm d’après Antonin Artaud. Ouverture au grand public aussi avec le très populaire outre-Manche John Wilson Orchestra, qui y faisait ses débuts en Allemagne avec un concert consacré à la célébration des musiques des films musicaux de la MGM, à l’issue duquel on a vu Simon Rattle, qui avait chaudement recommandé cette formation sur le site internet de ses Berliner Philharmoniker, prendre ses baguettes de timbalier pour participer à une valse endiablée.


Comme partout ailleurs en Europe, les orchestres américains se font rares et à trois exceptions près (avec, outre le John Wilson Orchestra, l’Ensemble intercontemporain et l’Orquesta Sinfónica Simón Bolivar de Venezuela), c’est un panorama des orchestres germaniques qui se produit en cette fin d’été à la Philharmonie de Berlin. Rien moins que les trois phalanges bavaroises mais on était surpris pour ce qui semblait le premier concert «vedette», celui des Münchner Philharmoniker dirigés par leur nouveau chef permanent Valery Gergiev, que la salle soit aussi clairsemée. Mais que l’on se rassure, le traditionnel «retard gergevien» était bien au rendez-vous! Quinze minutes tout de même, ce qui en Allemagne rend le public très nerveux: le chef ossète a été accueilli par de copieuses huées. L’orchestre a eu beau par voie de communiqué de presse prétexter le lendemain de prétendus problèmes techniques, une annonce aurait certainement été plus diplomatique...


Le programme du concert avait pourtant de quoi attirer le public averti avec deux œuvres emblématiques du répertoire recherché du maestro pétersbourgeois, données telles qu’elles l’avaient été en 1995 au Concertgebouw d’Amsterdam à l’occasion de la création occidentale de la Troisième Symphonie de Galina Oustvolskaïa (1919-2006), précédant la Quatrième Symphonie de son maître en composition, Dimitri Chostakovitch. Juxtaposition de deux œuvres aux antipodes dans leur écriture, celle de Chostakovitch allant dans le sens du fantasme de la formation symphonique de très grande envergure des compositeurs de la fin du XIXe siècle, celle d’Oustvolskaïa pour vingt-trois instruments et récitant et ne durant qu’une quinzaine de minutes, allant plutôt dans celui de l’économie des compositeurs de la Seconde Ecole viennoise.


Mais quelle force dans cette économie et cela dès le début avec les versets du bénédictin Hermann von Reichenau (dit Hermannus Contractus) écrits au XIe siècle et déclamés avec un sens tragique exemplaire par le célèbre comédien russe Alexei Petrenko! Œuvre magnifique d’une grande tension dramatique, à laquelle Gergiev restitue son austérité et l’absence de tout effet extérieur à sa richesse plus rythmique qu’harmonique.


Bien qu’un ajustement de la scène ait été nécessaire pour installer l’énorme effectif de la Quatrième Symphonie de Chostakovitch, il était tout à fait opportun, l’œuvre n’étant pas parmi ses plus longues et écrite quasiment d’un seul trait, de ne pas les séparer par un entracte. Gergiev a parfaitement réussi à donner la meilleure unité possible à cette symphonie dont la construction n’est pas évidente et à communiquer ses grandes vivacité et énergie à cet orchestre de tout premier ordre. Peu rancunier, le public leur a réservé un triomphe bien mérité.



Olivier Brunel

 

 

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