About us / Contact

The Classical Music Network

Le Mans

Europe : Paris, Londn, Zurich, Geneva, Strasbourg, Bruxelles, Gent
America : New York, San Francisco, Montreal                       WORLD


Newsletter
Your email :

 

Back

La Renaissance aux origines de l’opéra

Le Mans
Sablé-sur-Sarthe (Eglise Notre-Dame)
08/26/2016 -  et 25 août (La Chaise-Dieu), 1er (Asnières-sur-Oise), 13 (Versailles) octobre 2016
«Stravaganza d’amore !»
Primo Intermedio : O fortunato giorno
Girolamo Fantini : La Renuccini: Toccata
Cristoforo Malvezzi : O fortunato giorno a 30
Giulio Caccini : Ineffabile ardore a 6 – O che felice giorno a voce sola
Luca Marenzio:La dispartita e amara a 4 – Donne le celeste lume a 9
Antonio Brunelli : Non havea Febo ancora a voce sola
Alessandro Striggio : O giovenil ardire a 8
Secondo Intermedio : La favola d’Apollo
Cristoforo Malvezzi : Dal vago e bel sereno a 6 – O qual risplende a 6 – Sinfonia a 6
Luca Marenzio : Qui di carne si sfama a 12 – O valoroso Dio a 4 – O mille volte a 8
Marco da Gagliano : Dafne: «Ohimè che vegg’io» a 5, «Pur giacque estinto al fine» a voce sola, «Che tu vedia cercando», «Nud’arcier» a 5, «Ahi dura, ahi ria novella», «Un guardo, un guard’appena» & «Bella ninfa fuggitiva» a 5
Alessandro Orologico : Apollo affronta il serpente: Intrada XXIV a 6
Terzo Intermedio : Le lagrime d’Orfeo
Lorenzo Allegri : La notte d’Amore: Primo Ballo, Gagliarda a 6 – Spirto del Ciel: Sinfonia a 6 – Le ninfe di senna: Quinto Ballo, Canario
Jacopo Peri/Giulio Caccini : Euridice: «Al ballo, al canto» a 5 & «Biond’arcier» a 5, a 3
Jacopo Peri : Euridice: «Lassa, che di spavento», «Non piango e non sospiro», «Cruda morte», «Sospirate aure celesti», «Gioite al canto moi» & «Modi or soavi»
Giulio Caccini : Euridice: «Funeste piagge», «Trionfi oggi pietà» & «O fortunati miei»
Luca Marenzio : Sinfonia a 6 – Udite lagrime spirti d’Averno»
Antonio Brunelli : Num’infernale a voce sola
Giovanni de Bardi : Miseri habitator a 5
Quarto Intermedio : Il ballo dei amanti
Giovanni Battista Buonamente : Ballo del Granduca a 7
Cristoforo Malvezzi : Dolcissime sirene a 6 – A voi reali amanti a 15 – Coppia gentil a 6
Emilio de’ Cavalieri : O che nuovo miracolo a 5, a 3

Renato Dolcini (Apollo, Orfeo), Maïls de Villoutreys (Amore), Luciana Mancini (Venere, Dafne), Magdalene Harer, Zachary Wilder, Davy Cornillot (Pastori), Virgile Ancely (Plutone, Pastori)
Ensemble Pygmalion, Raphaël Pichon (direction)




«Stravaganza d’amore!» Par ces mots emblèmes déclamés en préambule de la Toccata fanfare d’ouverture de Fantini, le nouveau spectacle conçu par Raphaël Pichon invite sans délai l’auditeur à une fête au sein de quelque cour italienne à l’heure de la Renaissance. Plus qu’une simple reconstitution historique, le chef français propose, dans ce nouveau et ambitieux programme, une immersion au cœur des origines de l’opéra, à travers ces intermèdes qui scandaient les somptuaires soirées de mariage. L’intense travail de compilation imagine ainsi quatre unités dramatiques, puisant dans un corpus varié de partitions les relectures de mythes antiques, colonne vertébrale des recherches esthétiques de l’époque comme des débuts de l’art lyrique, en privilégiant l’efficacité théâtrale à la concordance chronologique – brouillant ainsi des notions d’auteur pas encore figées dans l’exclusivité.


La première séquence s’ordonne de manière assez sommaire autour du chœur à six voix Ineffabile ardore de Caccini. O fortunato giorno pourrait ainsi tenir lieu de prologue, où, déjà se juxtaposent une piquante hétérogénéité de sentiments, dans un style essentiellement madrigalesque qui ne se refuse pas les effets scéniques, à l’image de l’irrésistible Non havea Febo ancora de Brunelli, où l’on remarque déjà le savoir-faire de Renato Dolcini. La vitalité du geste de Raphaël Pichon impulse aux pupitres de Pygmalion de savoureuses couleurs qui se pareront d’affects au fil de la soirée.


Le deuxième intermède, «La favola d’Apollo», retrace trois péripéties du dieu, qui trouvent un point d’orgue en ses amours avec Daphné. Si la Dafne de Marco da Gagliano fournit l’essentiel du matériau de cette dernière scène, on en retrouve aussi trace dans les deux précédentes, aux côtés de Criostofo Malvezzi et Luca Marenzio. Plus fluide sans doute, l’enchaînement des morceaux se fait avec un naturel, sinon une homogénéité remarquable, où se distingue l’Apollon de Renato Dolcini, intense dans «Un guardo, un guard’appena», où il cisèle une déclamation chantée émouvante et vibrante de lyrisme, tandis que l’on ne manquera pas non plus l’intelligence de Luciana Mancini en Vénus et Daphné.


Le troisième «acte», «Le lagrime d’Orfeo», avance vers le premier opus consacré par l’histoire opératique, Euridice de Peri et Caccini – certaines pages sont écrites à quatre mains – ici condensé, sans négliger les étapes essentielles du drame, des noces à l’apothéose finale, au milieu de Brunelli, Allegri, Marenzio et Bardi. La mort d’Eurydice, comme l’Enfer, offre à l’Orphée dévolu à Renato Dolcini une tribune à son expressivité – «Non piango e non sospiro» par exemple – quand Virgile Ancely assume noblement les interventions de Pluton. Mentionnons également Maïlys de Villoutreys, en Amour, ou les bergers confiés à Magdalene Harer, Zachary Wilder et Davy Cornillot. On quittera ces deux heures de musique avec la polychromie et les rythmes d’«Il ballo dei amanti», qui confirment les ressources d’un répertoire que Raphaël Pichon et Pygmalion défendent avec un sens aigu de la rhétorique théâtrale idiomatique – lequel fait oublier aisément les contraintes réduisant la spatialisation à sa plus simple expression – à Sablé presqu’en avant-première avant une date versaillaise en octobre, inscrivant une fois de plus la Sarthe sur la cartographie baroque.



Gilles Charlassier

 

 

Copyright ©ConcertoNet.com