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Musique au(x) sommet(s)

Les Arcs
Arc 1600 (La Coupole)
07/25/2016 -  
Franz Schubert : Sonate pour piano n° 20, D. 894 – Im Frühling, D. 882 – Der Hirt auf dem Felsen, D. 965
Ruth Rosique (soprano), Philippe Carrara (clarinette), Michel Dalberto (piano)




Aux Arcs, on vit aussi l’été: Yves Petit de Voize et Roger Godino, l’un des concepteurs de ces sites surplombant Bourg-Saint-Maurice, qui souhaitaient renforcer l’animation des lieux hors de ces moments où les activités hivernales (notamment les plus de 400 kilomètres de pistes) attirent les foules – la station offre 35000 lits – ont remporté leur pari: depuis plus de quarante ans déjà, un festival et une académie, étroitement liés, se sont solidement établis à ces hautes altitudes en plein cœur de la saison chaude. Pour la quarante-troisième édition, le festival, du 18 juillet au 3 août, continue d’offrir un très large éventail de manifestations – concerts, classes de maître, spectacles pour les enfants – dont le point commun, tout à fait remarquable, est qu’elles sont toutes à entrée libre (hormis quatre concerts «hors les murs» en Savoie et Haute-Savoie). En parallèle, du 19 au 29 juillet, l’académie permet aux jeunes artistes de pratiquer leur instrument et la musique de chambre avec des enseignants triés sur le volet.


En différents points de la station, la programmation, sous la direction artistique du violoniste Eric Crambes depuis 2005, s’oriente cette année autour de quatre axes: le Groupe des Six, Dutilleux (auquel une journée complète est consacrée, ainsi qu’une exposition), Jean-Frédéric Neuburger («compositeur invité en résidence», auquel succédera, en 2017, Franck Krawczyk), et Schubert, au fil de sept «schubertiades» données en fin d’après-midi. La quatrième est confiée à Michel Dalberto: celui qui fut codirecteur artistique de 1990 à 2004 est chez lui aux Arcs – et le public le lui rend bien: les 160 places de la Coupole d’Arc 1600 se révèlent très largement insuffisantes et les spectateurs, quand ils ne sont pas debout ou assis par terre, parfois même juste derrière le pianiste, suivent le concert depuis l’extérieur, à travers le vitrage de la la scène.


Schubertien reconnu de longue date, Dalberto invite chacun à «ouvrir son cœur» à cette musique. Dans la Sonate en sol majeur (1826), d’autant plus immense que le pianiste respecte la reprise du Molto moderato e cantabile initial, le chemin vers le cœur semble difficile d’accès, sur un Blüthner dont le clavier paraît un peu rétif. On se situe assez loin d’une «fantaisie», titre sous lequel l’œuvre fut d’abord éditée, mais on n’en apprécie pas moins une lecture ferme et droite, presque sèche, ne s’attendrissant que rarement, refusant les fioritures et la mièvrerie, soulignant les contrastes dynamiques, volontiers puissante.


Pour conclure ce moment schubertien, la soprano espagnole Ruth Rosique accorde toute sa fraîcheur au lied Au printemps (1826), puis dans Le Pâtre sur le rocher (1828), musique tout à fait en situation dans ces montagnes, déjoue, comme son partenaire Philippe Carrara à la clarinette, tous les pièges de sa partie.


Le lendemain en début d’après-midi, Michel Dalberto assure une classe de maître pour trois jeunes pianistes, en présence d’un auditoire attentif et complice d’une petite centaine de personnes. La première à se présenter se dit incapable de répondre à la question que lui pose le maître en guise d’introduction: dans quelle ville Beethoven et Schubert ont-ils vécu? Par charité, on taira donc le nom de cette étudiante, tout en se demandant comment on peut prétendre interpréter une musique – en l’occurrence le Troisième des Impromptus D. 935 (1827) de Schubert (variations sur le thème du troisième Entracte de sa musique de scène pour Rosamonde) – avec une ignorance aussi absolue de son contexte. Plus pince-sans-rire et pédagogue que cassant ou vraiment vachard, Dalberto alterne avec clarté encouragements et recommandations, soulignant la nécessité de bien caractériser chaque variation et de respecter la pulsation alla breve ainsi que les reprises (ou, à défaut, de n’en respecter aucune). Il insiste également sur le caractère primordial de l’élément vocal et sur l’opportunité de valoriser les contrastes, comme il l’avait d’ailleurs fait lui-même la veille dans la Sonate en sol, à rebours de l’image trop souvent véhiculée d’un Schubert «grelottant» ou souffreteux. Et il sait mettre le public dans sa poche avec des anecdotes aussi délicieuses que celle-ci: Richter, après avoir écouté Brendel jouer Schubert, faisant mine de se demander si le pianiste autrichien aime cette musique...


Le site de l’Académie et du festival de musique des Arcs
Le site de Michel Dalberto



Simon Corley

 

 

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