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La java et le jazz

Reims
Parc de Champagne
07/23/2016 -  
19 heures
Maurice Jarre : Paris en colère
Jacques Dutronc : Il est cinq heures, Paris s’éveille
Francis Lemarque : A Paris
Vincent Scotto : J’ai deux amours
Serge Gainsbourg : Le Poinçonneur des Lilas
Norbert Glanzberg : Les Grands Boulevards
Jacques Brel : La Valse à mille temps
Hubert Giraud : Sous le ciel de Paris
Carlos Gardel : Adieu Paris
Georges van Parys : La Complainte de la butte
Dany Brillant : Viens à Saint-Germain
Renaud Séchan : Amoureux de Paname
Matthieu Chedid : La Seine
Michel Emer : L’Accordéoniste
Casimir Oberfeld : Paris sera toujours Paris

Ensemble vocal Réminiscence des Voix de la cathédrale, Chœur d’hommes de la Maîtrise, Sandrine Lebec (chef de chœur)


21 heures
Leonard Bernstein : West Side Story: Danses symphoniques, «Maria», «I feel pretty» & «Tonight» – Candide: Ouverture
Frederick Loewe : My Fair Lady: «On the street where you live» & «I could have danced all night»
Franz Lehár : Die lustige Witwe: Vilja-Lied
George Gershwin : Porgy and Bess: «It ain’t necessarily so», «Bess, you is my woman now» & «I loves you, Porgy»
Richard Rodgers : Carousel: Valse et «You’ll never walk alone»

Fabienne Conrad (soprano), Thomas Bettinger (ténor)
Orchestre national de Lorraine, Jacques Mercier (direction)




Pour leur vingt-septième édition, intitulée «Musiques classiques» – la typographie souligne clairement les deux «s» terminaux –, les Flâneries musicales de Reims continuent d’offrir à un large public de belles et nombreuses affiches: cinquante-et-un concerts du 23 juin au 12 juillet, associant vedettes, comme Nelson Freire, et jeunes talents, comme Seong-Jin Cho, vainqueur de la dernière édition du concours Chopin de Varsovie (2015). Natif de la Marne, Jean-Philippe Collard, qui en assure la direction artistique depuis cinq ans, reste donc fidèle à l’esprit d’ouverture de cette manifestation, dont témoigne également une politique tarifaire d’une rare générosité: de nombreux spectacles sont à entrée libre et, pour les autres, le prix des places ne dépasse jamais 30 euros.


Chaque année, c’est quelques jours après le dernier concert à la cathédrale qu’intervient la véritable conclusion du festival, le samedi au parc de Champagne. En France, à la différence de beaucoup d’autres pays européens, les concerts (classiques) en plein air ne font pas partie de la culture populaire: il est d’autant plus remarquable que les Rémois aient réussi à établir une aussi solide tradition. Car malgré une météo assez incertaine et, surtout, le souvenir encore très présent de l’attentat de Nice – les organisateurs ont décidé de faire de cette soirée un hommage aux victimes –, plus de 17000 personnes sont venues cette année, de (beaucoup moins de) sept ans à (beaucoup plus de) soixante-dix-sept ans, solidement équipés de glacières, nappes et chaises pliantes. Si le tout est arrosé, bien sûr, au champagne, le cadre évoque moins l’atmosphère très gentry de Glyndebourne que la Waldbühne berlinoise, avec toutefois un caractère plus improvisé, les auditeurs pique-niqueurs prenant place librement sur les pelouses.


Sous le titre «Paris-Broadway», le programme musical, tous publics, se déroule en deux temps, via Nice pour un moment de recueillement, avec les autorités politiques et administratives aux côtés des représentants du festival, précédé de l’Allegretto de la Septième Symphonie de Beethoven et suivi d’une Marseillaise à laquelle se joignent les spectateurs. La première partie du concert, «Paris en chantant», a également été conçue en lien avec des événements tragiques, puisque l’idée en est venue après les attentats ayant frappé la capitale en novembre dernier. Le répertoire de la chanson française offre une source inépuisable de références au Paris éternel, de telle sorte que la chef de chœur Sandrine Lebec n’a pas eu de peine à choisir quinze titres parmi les plus célèbres, écrits par Georges van Parys, Vincent Scotto, Norbert Glanzberg, Maurice Jarre ou Matthieu Chedid (M), et chantés en leur temps par Berthe Sylva, Maurice Chevalier, Joséphine Baker, Georgette Plana, Edith Piaf, Cora Vaucaire, Yves Montand, Mireille Mathieu ou Vanessa Paradis. Les jeunes filles de l’Ensemble vocal Réminiscence des Voix de la cathédrale et les hommes du Chœur de la Maîtrise – au total une petite trentaine de chanteurs – sortent tour à tour des rangs, en solo ou en duo, soutenus par leurs camarades (que la sonorisation place un peu trop en retrait) et par neuf musiciens et munis de divers accessoires (chapeaux, boas, éventails...), pour donner avec entrain et naturel ces quinze succès, complétés en bis par un medley Joséphine Baker.


En seconde partie («Les comédies musicales américaines»), comme dans la chanson de Nougaro, le jazz chasse la java. Venu en voisin de la nouvelle région Grand Est, l’Orchestre national de Lorraine souffre d’une amplification qui dénature ses timbres: les cordes, notamment, baignent dans le gras et le flou, comme si l’on avait eu peur qu’elles ne fussent écrasées par les autres pupitres, et le son sature plus qu’il ne le faudrait, le phénomène étant encore plus marqué lorsqu’interviennent les voix solistes. Cela étant, le brouhaha général est tel qu’il suffit de faire contre mauvaise fortune bon cœur et se dire que le travail de Jacques Mercier, directeur musical depuis 2002, aurait gagné à être entendu dans une salle traditionnelle. De ce qu’on parvient à en entendre, le chef aborde ces musiques avec lenteur et de façon très tenue, sans doute trop tenue maintenant qu’on s’est habitué à la manière dont Gustavo Dudamel sait y mettre le feu: les Danses symphoniques de West Side Story et l’Ouverture de Candide, de même que la Valse de Carousel de Rodgers, sont interprétées avec sérieux mais manquent vraiment de peps. Les extraits chantés de ces deux comédies musicales ainsi que de My Fair Lady et de La Veuve Joyeuse (opérette viennoise, au demeurant, qui, même chantée en anglais, n’est pas une «comédie musicale américaine») bénéficient de l’implication et des qualités vocales de la soprano Fabienne Conrad et du ténor Thomas Bettinger, qui ont beaucoup de mérite à se produire dans de telles conditions.


La nuit est tombée, et vient le moment que petits et grands attendaient: un feu d’artifice aussi bref que dense apporte une conclusion spectaculaire à cette édition des Flâneries.


Le site des Flâneries musicales de Reims
Le site de la Maîtrise de Reims
Le site de Fabienne Conrad
Le site de Thomas Bettinger
Le site de l’Orchestre national de Lorraine



Simon Corley

 

 

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