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Rencontres au sommet

Evian
Grange au Lac
07/09/2016 -  
Maurice Ravel : Boléro (arrangement de James Barralet pour quatre violoncelles)
Francis Poulenc : Sonate pour deux clarinettes
Johann Sebastian Bach : Suite française n° 5, en sol majeur, BWV 816 (arrangement de Rainer Schottstädt pour deux clarinettes et cor de basset)
Franz Schubert : Octuor, en fa majeur, D. 803 (*)

Dag Jensen (basson), Bruno Schneider (cor), Marc Coppey, François Salque, Sung-Won Yang (violoncelle), Stacey Watton (contrebasse), Trio di Clarone: Sabine Meyer (*), Reiner Wehle (clarinette), Wolfgang Meyer (cor de basset), Quatuor Modigliani: Philippe Bernhard, Loïc Rio (violon), Laurent Marfaing (alto), François Kieffer (*) (violoncelle)


(© Matthieu Joffres)


L’édition 2016 des Rencontres musicales d’Evian, qui s’est déroulée du 2 au 10 juillet, vient de se terminer avec succès. On le sait, le célèbre festival de la rive sud du lac Léman a été créé en 1976 sous l’impulsion d’Antoine Riboud, alors PDG de BSN (l’actuel Danone). Il a connu ses heures de gloire de 1986 à 2000, sous la direction artistique puis la présidence de Mstislav Rostropovitch. Au début du XXIe siècle, les Rencontres musicales laissent la place aux Escales musicales, à la voilure réduite et moins ambitieuses sur le plan artistique. Il faut dire que Franck Riboud, qui a entretemps succédé à son père à la tête de Danone, avait une autre passion, le golf. Ce qui explique pourquoi le petit tournoi féminin d’Evian est devenu l’une des épreuves phares de la discipline. En 2013 cependant, Danone décide de relancer les Rencontres musicales. Depuis 2014, le festival est placé sous la direction musicale du Quatuor Modigliani, qui entend privilégier la musique de chambre sous toutes ses formes. En outre, chaque été un fil conducteur est tissé dans la programmation : Schubert en 2014, le post-romantisme en 2015 et, cette année, la musique française. Sous la houlette du jeune quatuor français, les Rencontres musicales sont en passe de retrouver leurs lettres de noblesse.


Les Rencontres musicales d’Evian sont indissociables de la Grange au Lac, une magnifique salle de concert de 1200 places construite entièrement en bois, cadeau d’Antoine Riboud à son ami Rostropovitch. L’acoustique est excellente et l’atmosphère qui se dégage de cet écrin chaleureux est unique en son genre. La salle est située dans l’immense parc aux arbres centenaires de l’hôtel Royal, centre névralgique de la manifestation. C’est ici que se croisent les musiciens et les spectateurs, dans une ambiance bon chic bon genre décontractée, propice aux échanges et aux discussions. Dans cette vénérable bâtisse entièrement rénovée il y a deux ans règne un véritable esprit de festival. Et dans les longs corridors drapés de tentures aux couleurs pâles, on croit parfois apercevoir le fantôme de Marcel Proust ou de l’un de ses personnages, souvenirs d’une époque où le monde artistique français, dont des musiciens, séjournait à Evian pour s’inspirer des lieux.


Prenant au pied de la lettre le terme de « rencontres », le Quatuor Modigliani a voulu créer une atmosphère de convivialité entre musiciens de tous horizons et de générations différentes. Parmi les artistes invités cette année, on mentionnera Renaud Capuçon, David Kadouch, Arcadi Volodos, Nicolas Chalvin ou encore Karine Deshayes, pour ne citer que les plus connus. Le dernier concert de l’édition 2016 à la Grange au Lac a réuni huit musiciens, dont la clarinettiste Sabine Meyer, qui se sont particulièrement illustrés dans l’Octuor de Schubert. Visiblement ravis de jouer ensemble, les interprètes n’ont en pas moins démontré une grande précision et une écoute attentive des uns et des autres pour livrer une version de l’œuvre douce et délicate, exaltant la sérénité et la paix intérieure. La soirée a débuté par un amuse-bouche surprenant, un arrangement pour quatre violoncelles du célèbre Boléro de Ravel. Un autre arrangement a terminé la première partie, celui de la Cinquième Suite française de J.-S. Bach. Entre les deux œuvres, une autre découverte, la Sonate pour deux clarinettes de Poulenc. La veille, les pianistes Katia et Marielle Labèque ont ravi le public avec Ma mère l’Oye puis la Rapsodie espagnole de Ravel. Rejointes par le Quatuor Modigliani en seconde partie, elles ont ensuite proposé Le Carnaval des animaux de Saint-Saëns. Les différents morceaux de l’œuvre étaient entrecoupés de commentaires déjantés et décalés de l’humoriste Gaspard Proust, qui, s’ils ont faire rire la majorité du public, ont aussi agacé certains, pour qui on ne saurait dénaturer un chef-d’œuvre. Et pourtant, briser certains codes rigides ne peut être que salutaire pour la musique classique. C’est aussi l’un des paris lancés par le Quatuor Modigliani.



Claudio Poloni

 

 

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