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« Il me parle en grec... Je l'aime" (acte II)

Paris
Théâtre du Châtelet
05/16/2001 -  et 19, 22 mai 2001
Ahmed Essyad : Héloïse et Abélard
Jia Lin Zhand (Héloïse), Peter Savidge (Abélard), Anna Burford (Roswita), René Shirrer (Garlande), Johnny Maldonado (Fulbert), Christian Baumgärtel (Roscelin), Maja Pavlovska (interprète des chansons)
Orchestre Philharmonique de Strasbourg, chœurs de l’Opéra du Rhin, Pascal Rophé (direction)
Stanislas Nordey (mise en scène)


Après Die Tote Stadt de Korngold, l’Opéra National du Rhin présente au Théâtre du Châtelet une création mondiale, dont il a assuré la création en octobre 2000, Héloïse et Abélard de Ahmed Essyad.


Né au Maroc et formé en France, le compositeur Ahmed Essyad est l’homme de deux cultures qui, dans sa musique, s’imbriquent étroitement. Son style est très reconnaissable, ce qui constitue déjà en soi une qualité et presque un exploit ! Les cuivres et les bois prédominent, les cordes s’effacent au second plan ou interviennent de façon saccadées, l’orchestre de Essyad est rêche et évoque le dernier Varèse, celui de Déserts. Très déclamatoire, l’écriture vocale vise d’abord une parfaite prononciation. Entre un orchestre âpre et très mobile et des lignes vocales tendues et très hiératiques, il n’y a nulle place pour une quelconque suavité ou sensualité d’apparat. Mais cette austérité est compensée par – et c’est ici qu’intervient la deuxième culture du compositeur – une mélopée d’origine berbère qui apporte ornementations et variations. Par rapport à ses opéras/oratorios L’exercice de l’Amour (1995) et Le Volcan à l’envers, sa musique devient moins hiératique et gagne en liberté, pour notre plus grand plaisir. Les duos (Héloïse/Roswita, Héloïse/Abélard à l’acte II) et les ensembles avec chœurs (acte III) déploient des progressions dramatiques particulièrement bien construites. Le métier est certain, s’affine et s’enrichit.


Exposant, durant tout le premier acte, une joute intellectuelle (la «querelle des universaux») et exprimant un amour pour le moins «intellectualisé», mais sans être platonique – c’est tout le problème ! – le livret n’a pas la tâche facile. Mais l’écrivain Bernard Noël réussit brillamment à conférer un contenu dramatique aux querelles de l’esprit et à donner une dimension spirituelle et philosophique à l’attirance des corps. D’une durée de une heure trente, l’opéra ne souffre d’aucun temps mort et avance avec assurance vers l’inexorable mutilation et la rédemption offerte par l’amour d’Héloïse. L’insertion de «chansons» permet de modifier intelligemment le point de vue sur le drame.


Pour sa deuxième mise en scène au Théâtre du Châtelet (Pierrot lunaire et Rossignol dirigés par Pierre Boulez), on retrouve un Stanislas Nordey nettement plus inspiré, jouant intelligemment sur l’opposition scène/coulisses (les décors sont démontés sous nos yeux) et Moyen-âge/époque contemporaine (pour situer le drame et en montrer la portée universelle). Un travail subtil et imaginatif. La très bonne distribution vocale, au sein de laquelle on distinguera les deux rôles titres pour leur parfaire prononciation française, ainsi qu’un orchestre et un chœur en grande forme défendent brillamment cette partition importante.





Philippe Herlin

 

 

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