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Kitsch scénique et émotions vocales

Lausanne
Arènes romaines d'Avenches
06/30/2016 -  et 2, 7*, 9, 12, 15 juillet 2016
Giacomo Puccini : Madama Butterfly
Sae-Kyung Rim (Cio-Cio-San), Qiulin Zhang (Suzuki), Stéphanie Mahue (Kate Pinkerton), Carlo Ventre (Pinkerton), Davide Damiani (Sharpless), Wei Nan (Goro), Yi-An Chen (Yamadori), Jérémie Brocard (Il bonzo), Jean-Raphaël Lavandier (Il commissario imperiale), Sylvain Kuntz (L’ufficiale del registro)
Chœur de l'Opéra de Lausanne, Pascal Mayer (préparation), Orchestre de Chambre de Lausanne, Nir Kabaretti (direction musicale)
Eric Vigié (mise en scène), Jean-Philippe Guilois (assistant à la mise en scène), Eric Vigié, Sébastien Guenot (décors), Eric Vigié, Amélie Reymond (costumes), Henri Merzeau (lumières), Igor Renzetti, Lorenzo Bruno (images vidéo)


(© Joseph Carlucci)


Dans les arènes romaines d’Avenches, petite bourgade située à une cinquantaine de kilomètres de Lausanne et qui fut la capitale de l’Helvétie romaine (Aventicum), un opéra est présenté chaque été depuis 1995. Cette année, c’est Madama Butterfly qui a les honneurs de l’affiche, pour la première fois à Avenches. Malheureusement, l’ouvrage de Puccini est loin de faire le plein, et la manifestation, qui a connu passablement de soucis financiers ces dernières années en raison notamment d’une baisse de la fréquentation et d’annulations de représentations dues au mauvais temps, pourrait bien ne pas s’en remettre. Ce qui serait une perte pour l’offre artistique dans la région, surtout que depuis l’arrivée d’Eric Vigié – par ailleurs directeur de l’Opéra de Lausanne – aux commandes artistiques, les spectacles ont sensiblement gagné en qualité.


Cette année, la mise en scène est assurée par le directeur en personne, qui n’a pas lésiné sur les moyens pour livrer une vision très kitsch du Japon, avec des choristes vêtues en geishas rose pâle et des projections vidéos accumulant les clichés sur le Pays du Soleil Levant, au nombre desquels les inévitables cerisiers en fleurs. Eric Vigié a semblé plus inspiré par les décors, un immense mur blanc occupant toute la longueur de la scène, avec des portes coulissantes au centre, pour figurer la demeure de Butterfly et de Pinkerton. Ce dispositif offre en outre le grand avantage de renvoyer le son vers les spectateurs. La caractérisation des personnages a, elle aussi, été particulièrement soignée.


Mais la grande force de cette Madama Butterfly, ce sont les voix. Avec sa stature petite et frêle, la soprano coréenne Sae-Kyung Rim n’a aucune peine à se métamorphoser en Butterfly crédible. Voix ample et puissante, homogène sur toute la tessiture, elle campe une héroïne touchante de naïveté et émouvante dans son désir de devenir une citoyenne américaine modèle. Avec son timbre puissant et peu nuancé, Carlo Ventre incarne un Yankee plus vrai que nature, prétentieux et engoncé dans ses certitudes. Davide Damiani est un consul porté sur la bouteille, qui, malgré des aigus un peu étriqués, n’en demeure pas moins très attentif à chaque mot et à chaque nuance de son chant. On relève aussi la Suzuki aux beaux graves sonores de Qiulin Zhang. A la tête de l’Orchestre de Chambre de Lausanne, le chef Nir Kabaretti offre une lecture fine et délicate du chef-d’œuvre de Puccini, mais manquant parfois d’allant. Après ce spectacle réussi, il ne reste plus qu’à espérer que le Festival d’opéra d’Avenches connaîtra une édition 2017.



Claudio Poloni

 

 

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