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Retrouvailles

Tours
Parçay-Meslay (Grange de Meslay)
05/25/2016 -  et 26* juin 2016
25 juin, 18 heures
Gabriel Fauré : Quatuor avec piano n° 1, en ut mineur, opus 15 – Quintette avec piano nº 1, en ré mineur, opus 89

Jean-Claude Pennetier (piano), Quatuor Girard: Hugues Girard, Agathe Girard (violon), Odon Girard (alto), Lucie Girard (violoncelle)


25 juin, 21 heures
Frédéric Chopin : Nocturne en mi bémol, opus 55 n° 2 – Etudes en la bémol, opus 10 n° 10, et en ut mineur, opus 10 n° 12
Robert Schumann : Kreisleriana, opus 16
Franz Liszt : Sonate en si mineur, S. 178

Nicholas Angelich (piano)


26 juin, 11 heures
Domenico Scarlatti : Sonates en la, K. 208, en la, K. 24, en ut, K. 132, et en ré mineur, K. 141
Wolfgang Amadeus Mozart : Sonate pour piano n° 8 en la mineur, K. 300d [310]
Maurice Ravel : Gaspard de la nuit
Franz Liszt : Mephisto-Walzer n° 1

Lucas Debargue (piano)


26 juin, 16 heures
Joseph Haydn : Quatuor n° 81, en sol majeur, opus 77 n° 1
Leos Janácek : Quatuor n° 2 «Listy důvěrné»
Johannes Brahms : Quintette avec clarinette, en si mineur, opus 115

Raphaël Sévère (clarinette), Quatuor Prazák: Jana Vonásková, Vlastimil Holek (violon), Josef Kluson (alto), Michal Kanka (violoncelle)


J.-C. Pennetier et le Quatuor Girard


On n’était pas allé à la Grange depuis l’époque où Sviatoslav Richter en était l’âme et le mentor. Plus de vingt ans donc, le maître y ayant donné son dernier concert en 1994 avant de disparaître en 1997. Rien n’a changé en apparence, les bâtiments sont toujours aussi imposants, le jardin avec ses oies et ses coqs a toujours un charme fou. La grange du XIIIe siècle, magnifiquement entretenue, a gagné une nouvelle estrade plus vaste ainsi qu’un dispositif acoustique sophistiqué et efficace. Le public, on s’en doute, n’est plus le même. Richter, qui ne jouait pas beaucoup ailleurs, y attirait une clientèle autrement plus exigeante et internationale et y invitait des artistes que l’on n’entendait guère en dehors de l’Union soviétique. Sur ces années mémorables, on peut se rafraîchir la mémoire avec le bel album Mémoires d’un festival publié par les Editions Sutton à l’occasion du cinquantenaire du festival en 2014, en regrettant qu’il ne soit pas plus précis dans sa chronologie. Il offre cependant, grâce à la mémoire de Pierrette Boille, cofondatrice du festival, et aux archives du photographe de La Nouvelle République Gérard Proust, suffisamment de documents pour alimenter la nostalgie.


On n’a pas été transporté par le premier concert de ce second week-end, qui permettait d’entendre pour la première fois à Meslay le Quatuor Girard, jeune formation constituée de quatre frères et sœurs dont la sonorité, l’équilibre et la maturité artistique ne sont pas au niveau d’un festival de cet acabit. Heureusement, le pianiste Jean-Claude Pennetier, qui les accompagnait dans deux œuvres de Fauré, par sa personnalité et son expérience du compositeur et de sa musique de chambre, imprimait un certain relief, notamment au Premier Quintette, dédié à Eugène Ysaÿe, et, dans une moindre mesure, au Premier Quatuor, qui flottait un peu. Le concert s’achevait par une transcription pour piano et quatuor à cordes du Cantique de Jean Racine qui n’était pas sans charme.



N. Angelich


Le concert du soir était beaucoup plus exceptionnel avec Nicholas Angelich. Le pianiste américain vient d’enregistrer pour Warner un programme («Dedication») qui comporte des œuvres que se sont dédié respectivement trois compositeurs: la Sonate en si mineur de Liszt est dédiée à Schumann, dont les Kreisleriana sont dédiés à Chopin, qui a dédié ses Etudes opus 10 à Liszt. Belle idée qui pourrait rester un concept de marketing si l’enregistrement n’était pas aussi réussi. Angelich mène les deux monuments que sont les Kreisleriana et la Sonate de Liszt avec une très belle intelligence musicale et des trésors de sonorité. Les deux Etudes de Chopin sont à la fois virtuoses et délicates. Pour le concert, il avait repris ce programme y ajoutant un Nocturne et comme bis deux Mazurkas de Chopin en apesanteur. Magnifique récital par un artiste singulier qui ne cesse d’étonner au fil des années de sa jeune carrière.


On dit souvent que les artistes n’ont pas les pieds sur terre! Cela se vérifiait pour le concert que Lucas Debargue, qui, encore auréolé de son succès au concours Tchaïkovski de Moscou, donnait, le dimanche matin, un de ses premiers concerts en France après ceux donnés à Paris, précédant quelques apparitions en d’autres lieux, dont le festival de La Roque-d’Anthéron. Ce matin-là, le pianiste avait oublié ses chaussures de scène et, bien heureusement, Mezzo filmait le concert. Il a fallu passer en revue quelques pieds de spectateurs pour trouver la paire de pointure 44 qui a permis au jeune Français d’entrer dignement en scène et de donner un magnifique récital. Incident plutôt sympathique dans un festival dont le public, on l’a dit, s’est un peu momifié et guindé et dans lequel, même à cette heure familiale, on a peine à imaginer ce que sera la relève des concerts de musique classique dans dix ans...


Lucas Debargue avait repris le programme qu’il a joué à Paris et enregistré pour Sony: un choix de Sonates de Scarlatti jouées avec beaucoup d’intelligence et de recherche de sonorité et de théâtralité. Et Gaspard de la nuit, qui a déclenché l’ovation et le succès médiatique que l’on sait l’été dernier à Moscou: le triptyque de Ravel convient magnifiquement à sa virtuosité impeccable et à une tournure d’esprit musical qui semble se dessiner chez ce jeune interprète. La Méphisto-Valse n° 1 de Liszt lui permettait de faire oublier des doigts infaillibles et de montrer, plus encore que dans les œuvres précédentes, qu’il est à la hauteur d’une acoustique difficile à dompter mais dont Richter a prouvé qu’elle est un défi surmontable pour les pianistes «à sonorité». Seule la Huitième Sonate de Mozart était nouvelle dans son programme. Il lui a donné une urgence dramatique dans son Allegro initial, une tendresse sans complaisance dans l’Andante cantabile et une luminosité dans le Presto qui forçaient l’admiration. On a hâte d’écouter Lucas Debargue dans un prochain programme que Sony publiera à la rentrée et qui comportera la sonate de Medtner qu’il a jouée à Moscou ainsi que des œuvres de Bach et Beethoven.


A marquer d’une pierre blanche, le concert de l’après-midi permettait au Quatuor Prazák d’accueillir le jeune clarinettiste français Raphaël Sévère. Ces musiciens tchèques ont dû lors des dernières années renouveler à deux reprises leur premier violon, et c’est la première fois qu’on les entendait avec Jana Vonásková, une ancienne du Trio Smetana. Programme très Europe centrale avec un jubilant Quatuor opus 77 n° 1 de Haydn, qui montrait d’emblée quelle belle mécanique est cet ensemble et l’étendue de ses possibilités musicales. C’était un prélude bien sage à l’inclassable Second Quatuor «Lettres intimes» de Janácek, auquel les quatre musiciens ont insufflé une fougue, un feu, des couleurs désespérées et flamboyantes avec une maîtrise instrumentale exemplaire. Le Quintette avec clarinette de Brahms permettait de revenir dans un monde plus terrien, des sonorités plus suaves et une rigueur qu’imposait par ses phrasés le magnifique clarinettiste Raphaël Sévère.


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Olivier Brunel

 

 

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